Mon Idéo va, court, vole et tombe sur...
Le Président-Je-Suis-Partout
Quand je vois la monomanie qui gouverne le choix de l’objet d’intérêt des média, je me pose bien des questions sur la relativité des types de sociétés. Entre autres questions, je me demande quelle est la différence – tout au moins sous ce rapport– entre les sociétés libérales démocratiques et les sociétés totalitaires et communistes.
Tenez, même très décidé à me protéger du phénomène, chaque fois que de loin en loin, je tombe au hasard sur un numéro d’un de ces journaux gratuits qui depuis quelques années envahissent l’espace urbain des villes, grandes et moins grandes, j’y vois à la une le portrait plus ou moins flamboyant de Nicolas Sarkozy, le nouveau « Monsieur je-suis-partout » de la politique française. Cela me rappelle la présence comme figée de l’image du Lider Maximo, toujours fidèle sur la première page de Granma, célèbre magazine cubain auquel, pour des raisons professionnelles, mon père était abonné, et qui mensuellement atterrissait sur le guéridon de notre salon. On y voyait alors la tronche barbue de Fidel Castro, le point en l’air et l’air farouchement pointé, et on devinait qu’il était en train de marteler un de ces slogans poétiques et ravageurs qui finissait toujours par « Vincéremos ! »
De même, dans les lycées et collèges d’un pays comme la France où le culte de la liberté a rendu obsolète l’usage des uniformes, et où les élèves sont formellement libres de s’habiller comme bon leur semble, il suffit de jeter un coup d’œil dans une cour de récréation pour être sidéré par le spectacle d’uniformité vestimentaire qui s’y déploie : les jeunes sont en pantalon jean et leurs blousons ou chemises rivalisent d’identité sous les mêmes marques éculées. On aurait dit qu’ils n’ont refusé l’uniforme que pour mieux s’y laisser prendre par le savoir-faire manipulateur des marchands de mode, les stylistes de tout poil !
Et oui, quand on y regarde de près, la différence entre le système totalitaire et le système libéral n’est bien souvent que d’ordre stylistique. Comme le montre l’exemple chinois, le totalitarisme peut conduire au libéralisme ; de même, la France, avec Nicolas Sarkozy, prouve si besoin en est que le libéralisme peut devenir totalitaire voire même autocratique…
Eloi Goutchili
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