Mon Idéo va, court, vole et tombe sur … :
Le TIT à guichet fermé
La France a été un acteur capital en amont et en aval du génocide du Rwanda, et pourtant aucune organisation internationale, aucun Georges Bush, justicier du monde, pourfendeur des génocides et autres crimes contre l’humanité, aucun Tribunal international ne lui demande des comptes. Et la question de la situation claire de la responsabilité française dans ces crimes est laissée au bon vouloir des aboyeurs intransigeants
dont les voix sont marginalisées, assourdies ou méprisées. Elle est laissée à la libre appréciation de la France elle-même, en sa qualité de «Grand Pays de Civilisation et des Droits de l’Homme», ose-t-on dire à sa conscience ! Et selon l’audace momentanée de tel ou tel de ses dirigeants, selon les utilités de la politique interne, on s’ébroue, de part et d’autre, on joue à se faire peur, on promet la lumière sur une zone d’ombre massive et massue grosse comme le nez au milieu de la figure. Mais puisqu’il s’agit de génocide de Noirs, nul besoin de se presser. Ce type de crime n’est pas encore révolu (pour autant qu'il en eût jamais eu de révolu ) : pourquoi instaurer une jurisprudence là où l’intention et le programme criminel occidental sur ce continent et cette race ne sont pas clos ? Pourquoi rengainer les armes lorsque la chasse aux Noirs reste ouverte ?
Oui, en effet la responsabilité des crimes du Rwanda n’est pas que française en l’occurrence. Tout l’occident chrétien, et son TIT (Théâtre International de Tartufferie) sont concernés. Ce qui est sidérant dans ces affaires c’est le deux-poids-deux-mesures avec lequel elles sont traitées dans un cynisme qui sonne comme un défi à la conscience universelle et une insulte à l’intelligence. Qu’une Corée du Nord, ou un pays arabo-musulman, au passage résolument anti-israélien, eussent été impliqués dans ces crimes à un degré dix fois moindre que la France, et le haro blanc eût franchi le mur du son ! On nous aurait parlé de peuple malheureux qu’il faut libérer de la coupe d’un dictateur assoiffé de sang, on nous aurait bassiné avec la nécessité de faire respecter les droits de l’homme, ces crimes auraient été qualifiés de manifestation diabolique et l’œuvre du Mal, et traités comme tels. Au-delà des manieurs locaux de machettes, de certains dirigeants racistes du crû on aurait mieux situé les enjeux néocoloniaux de ce génocide. On aurait porté la guerre dans son âme occidentale : la France de Mitterrand !
Au lieu de quoi, nul ne lève le petit doigt ; une présomption de culpabilité, lorsqu’elle touche un pays occidental, un pays phare du discours de la Civilisation des Droits de l’Homme et de la Démocratie, glisse comme de l’eau sur le dos du canard. Circulez, il n’y a rien à voir. Le TIT crée par l’occident pour distraire la galerie sur ses crimes monstrueux passés, présents et futurs tourne à guichet fermé. Tout au plus, aurons-nous droit à la malicieuse condescendance du coupable qui, au gré de son humeur et par bribes, lâcherait des preuves éparses d’une culpabilité qu’il est plus astucieux de dissoudre dans l’océan du temps que d’affronter hic et nunc ! Coups de théâtre...
Quelle est cette justice à deux vitesses qui du Moyen-Orient en Afrique Noire étouffe le monde ! Qui peut encore croire aux slogans publicitaires d’une Civilisation occidentale incube ? En ce moment où Kwame Nkrumah renaît et où l’on parle de Gouvernement d’Afrique, nous autres Africains, nous avons le devoir de dire non à cette injustice qui nous frappe, non à la sombre complaisance des tenants du monde !
Eloi Gouchlili
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