Mon Idéo va court, vole et tombe sur...
La double dénégation
Dans le gouvernement Fillon/Sarkozy très ouvert à ce qu'il paraît, – aussi ouvert qu'une belle paire de fesse – côté immigré on compte trois femmes qui de par leur origine ou l'origine de leurs origines sont censées rappeler que les immigrés font partie intégrante de la société française, de son histoire, de sa richesse et de son
avenir. Si ce genre de nomination à une telle fonction, on ne peut pas cracher dessus, vu que le système politique en général, tous camps confondus, a tendance à dénier cette vérité qui saute aux yeux. Mais là où le bât blesse, si on suit cette logique de la nomination/représentation, sans préjudice des compétences des intéressés, on se rend compte que la sphère politique n'est pas prête à accepter l'existence en tant que telle des immigrés de sexe masculin. Dans la rhétorique du racisme, la nomination des femmes fonctionne comme l'euphémisme d'une idée qui a la vie dure. Avec les femmes, l'autre passe mieux ; l'approche de l'altérité est plus douce, l'épée appelle le fourreau, le charme se substitue à la peur, l'érotique à la panique. Avec la femme éclate tout le charme de l'altérité, avec l'homme, l'épée se dresse devant l'épée, c'est le choc des différences. Le constat est effroyable et cruel. Dans l'imaginaire la haine de l'autre est d'abord virile. Tout se passe comme si il n'y avait que des femmes dans le monde, il n'y aurait ni haine ni guerre, mais il y a hélas aussi des hommes alors la haine et les guerres continuent, les ruses de guerre et de haine aussi. Alors que le système politique français peine à réaliser la parité homme/femme, la ruse de haine le pousse à féminiser plus que de raison la représentation politique de l'immigré. La preuve éclatante en est donnée par le ratio de cette représentation dans le gouvernement de Fillon/Sarkozy où figurent trois femmes pour zéro homme d'«origine immigré.» La femme est un homme tout le monde le sait, mais l'homme même immigré n'est pas une femme. On ne naît pas immigré, on le devient. Est-ce que le destin de l'immigré est d'être femme ? Le droit de l'immigré à participer à la vie politique serait-il indexé sur sa seule faculté à faire bander le chef blanc ? Si tel est le cas, l'avenir politique de l'immigré en France est bien bouché. D'une manière générale, il est à déplorer que les nominations de Sarkozy soient a priori aveuglément indexées sur la télégénie ou le capital médiatique des intéressés ; mais la nomination des femmes d'origine immigrée, ces « immigrettes » est une formule qui consacre une double dénégation : elle réalise une disparité sexuelle spécifique à l'heure de la parité, et elle renvoie aux calendes grecques la problématique cruciale de l'acceptation de l'autre, le Noir, l'Arabe tel qu'il est, sans leurre ni frayeur...
Eloi Goutchili
Copyright, Blaise Aplogan, 2007
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