5/5. Racisme anti-noir
Par Paula AGBEMAVO
De mon point de vue, les Blancs sont dans leur grande majorité racistes anti-Noir. Il faut juste le savoir et s’en accommoder sans toutefois jamais perdre une occasion de le décrier et rester "digne", debout, la tête haute devant le mépris avec toujours plein d'humanité et de générosité dans le cœur. Les plus habiles essaient de le cacher sous des dehors humanistes, tolérants. Ils jettent le masque à la première occasion. Dans la compilation : "le temps des colonies", l'emblématique Charles TRENET,
connu aussi pour ses propos racistes et ses pairs faisaient l'apologie de la hiérarchie des races, suintant la négrophobie, évoquant la grosse "bite" des Noirs lesquels sont selon lui d’éternels enfants.... Tout récemment, c'est Georges FRECHE, le socialiste français qui décriait le nombre trop élevé de Noirs dans l'équipe nationale française de football. Ces athlètes noirs, qui lorsqu'ils brillent sont "Français", quand ils 'brillent' moins bien, ils sont "franco-"camerounais, Ivoiriens, Béninois…" Pour Marc-Olivier FOGIEL, les "Noirs sentent mauvais". Dans son dernier livre, "le privilège des Jonquilles", Pascal SEVRAN écrivait des propos racistes sur la sexualité des Noirs dixit : "la bite des Noirs est responsable de la famine en Afrique". Vous pensez que ces insanités racistes de la part de personnages publics ont soulevé un tollé manifeste dans la société française ! Non ! "C'est navrant mais pas grave". C'est à peine qu'ils ont reçu une tape sur les doigts. Pascal SEVRAN n’a reçu qu’un avertissement de la part des dirigeants de France2. Il continue de travailler sur le service public français et comble d’indécence, il se fait inviter sur toutes les émissions françaises où ils s’affichent en victimes. Rien à voir avec la fois où l'humoriste franco-camerounais, Dieudonné, au pic de la provocation a mis les pieds dans le plat en faisant un sketch sur la "Shoah". Il n’a dit que le tiers de ce que l’autre a osé écrire et confirmer devant des milliers de téléspectateurs. Oh là ! Sacrilège, toute la société française «blanche» s'en était offusquée. Les chaînes de télévision, de radio, la presse en ont fait leurs choux gras et Dieudonné est désormais labellisé antisémite et mis au ban de la société française, boycotté par toutes les chaînes de télévisions de l’Hexagone. Il lui a même été refusé d’exercer son métier puisque personne ne veut plus de lui dans son théâtre. Il a dû acheter son théâtre et même là, il n’y arrive toujours pas.
Grande instigatrice du crime, la France a fini, à l'usure, par reconnaître la traite négrière comme "crime contre l'humanité". Une reconnaissance, symboliquement théorique car les 4 siècles d'esclavage, de tentative d'extinction des Noirs ne figurent nulle part dans les livres d'histoire française. Dans le même temps, des milliers d'ouvrages, des fictions, des musées et expositions de par le monde relatent les 12 années de tentatives d'extermination des juifs par les Nazis. Dès qu'un symbole juif est égratigné, toutes les caméras du monde sont braquées là-dessus et des condamnations fusent de partout. Ceux qui tenteraient de nier la Shoah encourent des peines de prison de 10 ans et plus pour négationnisme. Le malaise est si immense, la méprise est tellement flagrante qu'on en vient à comparer deux grandissimes douleurs toujours vivaces dont l'une requiert toute l'attention du monde et l'autre reléguée aux oubliettes comme si elle n'avait jamais existé.
En août 2005, le cyclone Catherina, a dévasté la Nouvelle Orléans en mettant sur la paille des milliers de personnes dont en majorité des afro-américains et pour une fois, on se serait cru encore dans une des poches de misère en Afrique. Des milliers de populations fragiles ont été abandonnées dans leur désespoir des jours durant. Et lorsqu’il s’est agit enfin d’évacuer les sinistrés, les documents d’archives, les témoins et les journalistes étrangers sur place ont témoigné de la honteuse et flagrante sélection raciale opérée par les secouristes. Les blancs, même les moins affectés étaient pris en charge en priorité et les visages noirs, même les plus vulnérables venaient en dernière position. Je revois encore l’énorme détresse d’une septuagénaire, les larmes aux yeux demandant avec stupeur « mais où est le Président ? Nous sommes tout de même des américains ! » Mais vous êtes noirs et ça, ça change tout. Peu importe que ce soit la nouvelle Orléans, le Darfour, la Somalie... dès qu’il s’agit de visages noirs, l’ONU, les Etats-Unis qui s'érigent en gendarmes du monde, l’Union Européenne, le G8 etc... plongent dans un immobilisme délibéré. Ils bouchent leurs oreilles et ferment les yeux sur des situations pourtant dramatiques. La vie humaine, celle des Noirs, perd du coup toute sa sacralité. Après tout, ce ne sont que des nègres!
Le racisme est partout, en Afrique, en occident et partout ailleurs. Il y a bien des noirs qui sont racistes anti-Blanc ; ceux-là qui s’accrochent à l’histoire. Ceux qui ont été malmenés, humiliés, blessés, qui ont vécu le racisme à l’état pur ne portent pas leurs frères blancs dans leur cœur. La dimension spirituelle devrait prévaloir sur toutes les autres considérations. Ils devraient chercher à être mieux, à se placer à un niveau supérieur à ceux qui, un jour ont bafoué leur dignité d’Etre humain. Que nous soyons Noir, Blanc, Jaune ou Rouge, nous sommes des créatures de Dieu devant lequel nous sommes tous égaux. Fort heureusement, l’Afrique ne pilule point de racistes, 1 sur 1000. Le mythe du "Yovo cadeau", du "Yovo qui est parfait, important" et mieux encore, « plus intelligents que nous » résiste toujours dans les mémoires de bon nombre d’Africains qui ne se possèdent plus dès qu'ils sont en face d'un Blanc, c’est à peine qu'ils arrivent à se mouvoir, à parler, à oser, de peur d’indisposer "l'être parfait" et cette fois, le coupable c'est le Noir lui-même. Un important homme d'affaires anglais d'origine africaine, propriétaire d'hôtels de marque, de compagnies aériennes et j'en passe, bref, un multi- millionnaires en Livre Sterling vint au Bénin Sheraton Hôtel à Cotonou avec son chauffeur qui lui est Blanc. Le portier l’ignora délibérément pour aller accueillir le chauffeur à l'entrée avec un sourire large comme ça. Embarrassé, confus, le chauffeur le renvoya s'occuper de la valise de son patron, plus interloqué que révolté devant la méprise. De telles situations se vivent dans quasiment toutes les sociétés africaines. On s’efface, on se met à l'état de serpillière devant le Blanc qui n'en demande pas mieux. On ne peut exiger du respect des autres si on ne s'en accorde pas soi-même. Quand ils viennent sur la terre de Béhanzin, de Menelik II, de Samory Toure, de Soundiata Keita, d'El Hadj Omar, de Sony Ali Ber, de la reine RANAVALONA III, nous devons relever la tête non pas dans un pauvre esprit de discrimination ou pire de vengeance mais les accueillir à bras ouverts avec beaucoup de dignité car depuis la nuit des temps, l’Afrique, berceau de l’humanité, a toujours appliqué les préceptes de la globalisation, de la mondialisation, ouverte aux autres cultures sans discrimination aucune. Chez eux, nous sommes considérés comme des pestiférés, ils nous crachent, nous pissent dessus, ils nous traitent de singes, enfin, la plupart d’entre eux, et une fois chez nous, ils nous traitent quasiment pareil ; ils nous regardent de haut : le «Noir qui mange trop, le Noir qui est sale, inconscient, corrompu», tout simplement parce que nous le permettons.
Les guerres, il y en a eu et il y en a encore. L'Afrique n'a pas le monopole de la corruption, de la mauvaise gouvernance. La situation peu reluisante de l'Afrique et le parallèle Noir = miséreux = esclave = délinquant, racaille, ne doit pas constituer un opprobre, une honte dans notre mémoire au point de nous effacer devant les autres. Aucun peuple n’est moins important que l’autre. Chacun de nous doit trouver sa place dans ce monde. Nous devons être fiers de notre identité, de notre couleur de peau, fière de notre culture, de notre héritage car l'Afrique aussi à tant à apporter au monde.
Dans un article professionnel, un éminent professeur tentait d’expliquer l’infortune des Afro-Américains par rapport aux autres immigrés Irlandais, Italiens, Espagnol, Chinois et Japonais qui eux ont prospéré en Amérique. Sa théorie est que malheureusement "on ne mérite le respect des autres que lorsqu'on a apporté quelque chose de positif à l’humanité" et les Noirs n’y ont rien apporté. Foutaise, Blasphème ! Que fait-il des quatre siècles de traumatisme subis par les afro-américains ! On ne peut s’attendre à ce qu’ils deviennent subitement "brillantissimes", parce qu’on a enfin daigné leur laisser une petite parcelle de liberté teintée de toutes sortes de discriminations raciales, de barrières, d'entraves ! Déjà qu’ils n’ont jamais demandé à se trouver là. Quelle chance de réussite donne-t-on aux millions de jeunes Afro-Américains entassés dans les ghettos ? Les a-t-on mis dans des conditions de réussites sociales ou conditionnés pour devenir des assistés, des délinquants, des camés. Ils n’ont pas dix ans qu’ils manipulent déjà des flingues, de la drogue. Les seules portes qui leur sont ouvertes sont celles de la musique et des sports.
Je suis lasse de tant d'atermoiements, de désordre, de cette société de non-droit, sans normes où le banditisme règne dans les hautes sphères de l'Etat, où la corruption est érigée en sport national. Ces sociétés qui produisent continuellement des milliards de pauvres qui croupissent pourtant sur de l'or, du diamant, du gaz, du pétrole, de l'uranium, du bauxite…. de millions d'hectares cultivables, riches en minéraux, mais qui meurent pourtant de faim. Des richesses dont seule une petite poignée de charognards profitent et la grande masse végète dans le désarroi. Les médecins béninois ont beau être plus nombreux en France qu'au Bénin, ceux qui sont restés ne cherchent qu'une occasion bien propice pour prendre le large eux-aussi, à la recherche d'une vie meilleure et l'on peut aisément les comprendre eu égard à la pauvreté éternelle qui leur est promise chez eux. Un médecin spécialiste gagne environ 150.000 F CFA par mois. Rien que la location d'un appartement moyennement décent lui coûte entre 35 et 45.000 FCFA minimum par mois. Comment voulez-vous qu'il puisse vivre avec un salaire aussi modique ! Un professeur assistant de l'Université au Bénin gagne environ 200.000 FCFA et à sa retraite, il gagnerait au plus un salaire de 300.000 FCFA. C'est la porte ouverte à la débrouillardise, traduction : corruption, abus de biens sociaux, surfacturation, détournement de deniers publics ; de matériels et médicaments essentiels urgents qui sont détournés par les médecins et les patients qui meurent parce qu'on a pu trouver dans un hôpital de référence, le seul recours possible au Bénin, un cathéter pour prendre les abords veineux d’un enfant qui décède dans ce désastre. Des patients qui meurent faute de bouteille d'oxygène, de catgut...etc... J'en ai marre de vivre dans une société où tout fonctionne mal, à l'envers mais je veux rester chez moi car si nous désertons tous nos terres, qui portera tout haut la voix de l'Afrique dans ce concert assourdissant de mondialisation. On peut vivre en Afrique et s'en sortir. Comme partout ailleurs, les milliards d’hommes et de femmes se battent chaque jour, du lever du soleil jusque tard dans la nuit pour s’en sortir et ils y arrivent. Peu lettré, Isidore est agent d'entretien et accessoirement gardien de jour dans une structure non gouvernementale de la place depuis 1992. Le salaire le plus élevé qu'il ait perçu jusqu'à présent est de 66.000 F CFA par mois. Les soirs et week-end, il devient taxi-moto pour arrondir ses fins de mois difficiles. Depuis cinq ans, il est propriétaire de sa maison construite en matériau dur à quelque 20 km de Cotonou et il est en passe de remplacer le logisticien appelé à la retraite. Isidore, sa femme et ses quatre (04) enfants- tous scolarisés - ne mangent certainement pas du fromage en entrée au déjeuner, ni de la glace au dessert mais ils mangent à leur fin, ils ont un toit sur la tête, ce qui n'est pas le cas de nombre d’occidentaux qui sont SDF chez eux. Ceci est bien un exemple de persévérance et s'intègre dans les "petites réussites », les petites éclaircies sur ce tableau qu'on ne cesse de noircir. Les africains rechignent à balayer leurs rues en Afrique mais ils sont prêts à tout abandonner chez eux, à mettre leur vie en péril pour aller le faire en Occident, parce que là-bas, au pays des blancs, ils gagneraient plus que ce qu’un médecin béninois gagnerait comme salaire chez lui au Bénin. En 2006, la France a effectué plus de 26.000 reconductions à la frontière, c'est-à-dire, attachés tels de vulgaires paquets, courbés en avant, pieds et mains liés, adhésif ou muselière sur la bouche pour des vols de 6 à 9 heures de temps, même un animal ne supporterait pas ça ! En 2006, 03 étudiants d’origine africaine ont été lâchement assassinés par les racistes russes sous le slogan : "la Russie aux Russes". Les grandes cours des grandes concessions familiales maliennes, sénégalaises… seraient une aubaine pour des Russes qui vivent par dizaine dans une maison de 300m2, partageant tous la même cuisine et douche. Que ce soit, l'Australie, l'Angleterre, la Suisse qui a adopté par référendum, le 24 septembre 2006, deux lois très restrictives sur l'immigration, la France, bref, c'est toute l'Union Européenne, c'est tout l'Occident qui érige chaque jour de nouveaux barreaux sur ses frontières. Le message est clair, limpide, d'une simplicité élémentaire : "Vous n'êtes pas les bienvenus chez nous!" La terre promise est partout, en Afrique comme ailleurs. Il ne tient qu'à nous de nous faire notre petite place en espérant que les gouvernants africains daignent se pencher sur le bien-être de leurs populations à travers une rétribution juste et réaliste de la population salariale, la création de climat favorable à l'emploi et à l'auto-emploi, un accès facile aux soins pour tous…etc… Ce ne serait pas trop leur demander!
Paula AGBEMAVO
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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