Depuis quelque temps, me dis-tu, le Matinal online connaît de sérieuses difficultés d’accessibilité. Celles-ci se manifestent aussi bien par la page blanche immobile comme par des réapparitions inopinées et l’affichage en première page d’articles vieux de plusieurs jours. Ce type d’anomalies, ajoutes tu, ne touche que ce seul journal parmi ceux qui ont une version online au Bénin. Etant donné que tu es plus connaisseur de ces
sites que moi qui y vais rarement, je ne peux rien dire de plus sur cette précision. Tu es sûrement mieux placé que moi pour en juger. Mais dans la mesure où actuellement de tous les journaux du Bénin le Matinal est l’un des rares à rester droit dans ses bottes et qui publie des articles sérieux et pose à travers ses éditoriaux des questions de fond sur l’action du gouvernement, ses intentions, ses projets, et ses résultats, on peut s’inquiéter à juste titre de cette anomalie. En effet, comme tu le soulignes, s’il s’agissait d’une simple perturbation technique, un Groupe de presse sérieux y aurait mis fin dans son propre intérêt et celui de ses nombreux lecteurs. Certes les techniques de censure de la presse online sont diverses et de plus en plus sophistiquées, certaines jouant avec subtilité d’artefacts qui peuvent laisser croire au diffuseur à une apparente accessibilité à son site là où les internautes dans leurs tentatives d’accès sont confrontés à des fortunes diverses qui varient en fonction de leur localisation, du type d’appareil ou d’interface utilisé.
Ce fonctionnement chaotique est intrigant, je te l’accorde ; mais compte tenu de la négligence dont font preuve volontiers les gens chez nous on peut supposer qu’il n’y a pas forcément d’anguille sous roche ; c’est-à-dire que les anomalies constatées en dépit de leur durée et de leur récurrence ne sont peut-être pas le résultats d’une main invisible des tenants du Pouvoir.
Ta crainte n’est toutefois pas du pur délire et ce pour 2 raisons.
1/ il y a le parti pris propagandiste du nouveau pouvoir qui au lieu de jeter les bases idéologiques et intellectuelles du concept du changement croit devoir imposer sa vérité exclusive par matraquage médiatique, en s’accaparant au besoin de tout l’espace et en s’inféodant les moyens médiatiques existants – publics comme privés.
2/ le fait que la subtilité retorse de ceux qui veillent à l’application des décrets propagandistes s’y connaît en l’art de ne laisser circuler dans l’espace public de prise de connaissance sur les faits publics que les mêmes ronrons éculés à la gloire du pouvoir : éditoriaux et autres chroniques à la solde, articles complaisants ou dithyrambiques, à l’exclusion de tout ce qui peut un tant soit peu égratigner le pouvoir dans l’intérêt bien compris de la nation tout entière.
Donc mon cher Pancrace, tu as raison de le dire, le mot d’ordre est vigilance et wait and see…
Binason Avèkes,
Copyright, Blaise APLOGAN , 2007
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