Mon Idéo va, court, vole et tombe sur... :
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La pêche au con
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Il y a donc des Français issus de l’immigration prêts à voter Le Pen ! D’une certaine manière, la chose n’a rien d’étonnant : le Front national est gorgé de sympathisants ou de membres fondateurs relevant de ce type de parcours, ou d’ascendance. Fameuse théorie du bus plein, chère aux psychosociologues. Mais la nouveauté de ce penchant politique est que la désignation « Français issus de l’immigration » se veut historiquement située et culturellement stigmatisée. Par ce vocable en effet, on ne se réfère pas aux Italiens, aux Espagnols, aux Polonais ou aux Hongrois…, tous de culture chrétienne et dont l’immigration remonte au milieu du siècle passé, sinon bien avant. On pense expressément aux Beurs et aux Blacks, nouveaux euphémismes pour nouveaux immigrants du sud, musulmans, Noirs et Arabes.
Dès lors la chose peut se comprendre autrement : les gens qui sont visés par la politique xénophobe du leader du Front national, parce que se sentant à l’abri de l’armure que leur confère la nationalité française, veulent se montrer aussi royalistes que le roi et, comme on aime bien le faire en France, exaspérer le pouvoir de leur liberté : celle de voter pour qui bon leur semble. Chiche !
Mais dans cette affaire, chacune des parties utilise l’autre. Sous prétexte de « faire péter les verrous », comme ils le disent, les Beurs ou les Blacks tentés par cette posture utilisent le vote le Pen pour se la jouer Peau noire masque blanc, « faire genre » comme ils disent aussi. Griserie illusoire et lourde de conséquence ! Et on a envie de leur répondre : « Tu vas faire péter les verrous et tu te verras où après ? Ce vote peut te faire perdre ton droit de cité que tu crois inaliénable : la chose a été possible par le passé. »
Ce vote coup de tête, façon de tenter le diable à peu de frais en se faisant plus royaliste que le roi, ne servira qu’à verrouiller les chances des immigrés.
Pour Jean Marie le Pen qui brouille à dessein son image et sait mieux que quiconque distinguer entre son fils et son cousin, il s’agit de faire flèche de tout bois. Fidèle à sa volonté de jouer les voitures-balais dans toutes les couches de la société, c’est sous le discours nihiliste de la révolte et de la confusion des genres que le vieux tribun en fin de parcours entend utiliser le vote possible du Français d’origine immigrée. Belle manière de faire tresser par celui-ci la corde pour le pendre. Une xénophobie tout en panache mais qui ne renie rien à sa hideur méphitique et à sa finalité méphistophélique.
Il s’agit au choix d’un marché de dupe ou d’une pêche en eau trouble. Dans la première hypothèse, la question est de savoir qui bénéficie d’un tel marché et qui en est la dupe. Dans la seconde hypothèse, Jean Marie le Pen, en dépit ou même à cause de sa haine tenace pour l’immigré s’abaisserait sans états d’âme à utiliser le vote de celui-ci pour le harponner. Issu d’une famille de pêcheurs, le leader du Front national s’y connaît sans doute à la pêche au thon.
Avec le vote Black-Beurs, ce sera la pêche au con !
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Eloi Goutchili
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Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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