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Un chef-d’oeuvre de discours total !
Publié par l’AFP, et repris par le Monde en ligne et quelques autres portails Internet, cet article intitulé : Sarkozy aux femmes battues de Coeur de femmes: "On vous protégera", est dans le langage de la sociologie de la réception ce qu’on peut appeler un discours total. Total en ce qu’il s’adresse, même de manière cryptée, à tout l’échiquier de la sensibilité politique : de l’extrême gauche protestataire et soi-disant humaniste à l’extrême droite revancharde, haineuse, brutale, passionnément antinégrite et antisémite, en passant par les formes intermédiaires du socialisme larmoyant et la subtilité haineuse des névrosés de l’autre qui sans l’avouer publiquement ne ressentent pas moins au quotidien comme une angoisse l’égalité des hommes, de tous les hommes : ceux qui pensent d’une manière spontanée que « les Noirs n’ont pas leur place parmi nous » et qui font tout ce qui est en leur petit pouvoir pour contrecarrer leur existence au quotidien.
Au-delà de l’article qui, comme maint autre que pond au quotidien cette fameuse agence dont les agents doubles confondant profession et profession de foi nationaliste, trahissent, lorsque ces types de questions sont en jeu, un certain zèle et une facture de commande misérable, c’est surtout l’image ici qui présente le caractère de totalité.
En fait de quoi s’agit-il ? On nous parle en titre de femmes battues en France. Voilà une question de société qui mérite qu’on s’y penche. Et là-dessus tous ceux qui ont une fibre sociale doivent se sentir concernés. Mais en image, et dans le sujet, de qui nous parle-t-on ? Qui nous montre-t-on ? Des femmes noires et arabes. Jusque-là les passionnés des autres – passion souvent ambiguë dans un pays où depuis des décennies ces combats n’ont rien changé sur le fond – vont se sentir concernés. Normal, l’immigration est dure, mais elle l’est encore pour ces pauvres femmes qui ont – comme leurs hommes du reste – donné dans le panneau de la « France Terre d’Asile » et qui découvrent dans leur intimité qu'elle est aussi une terre de baston. Mais comme c’est aussi un pays de liberté, contrairement à ce qui se passe dans leurs pays, elles ont le droit de le dire. Et « c'est déjà ça»... Il faut les aider à porter leur voix loin, aussi loin que possible. Alors, la main sur le cœur, certaines femmes en vue, apparemment au-dessus de tout soupçon, jouent les porte-voix. Certaines associations aussi. Or donc dans une dissertation, c’est ce qu’on peut appeler un vrai hors sujet ! S’il s’agit véritablement de femmes battues en France, il faudrait que l’image et le sujet reflètent la réalité démographique du pays. Mais la France n’aime pas le reflet démographique : elle se plaît seulement à l’utiliser. Si le taux des naissances en France au rebours de celui des pays voisins connaît une vigueur inattendue, l’image pour l’illustrer est celle d’une jolie blonde consacrée pondeuse nationale. Soit, après tout nous sommes tous des hommes, des Français, et peu importe si les vraies pondeuses sont cachées par de moins vraies. Ce qui est triste mais logique dans le principe d’utilisation du reflet démographique en France c’est que, lorsqu’on arrive à un sujet comme celui-ci, on bascule volontiers vers la surreprésentation de l’autre dont l’égalité avec tout le monde lui permet de représenter tout le monde, comme précédemment son égalité avec la femme blonde lui a permis de s’effacer lorsqu’il fallait illustrer la prolifération des femmes : les femmes battues deviennent noires ou arabes ; il faut bien qu’elles servent à quelque chose !
Evidemment ce n’est pas cette subtilité retorse qui fait ici le caractère total de l’image. En fait, nous avons vu que d’une certaine manière l’image de Sarkozy entouré de femmes noires ou arabes battues peut en parler aux associations de défenses de droits de la femme, de l’homme, aux « bons Noirs et Arables » etc., bref aux gens de bon cœur de droite comme de gauche. Mais à l’instar du sujet tarabiscoté et subtilement ficelé, où des liens renvoient en permanence aux site du Ministre candidat, elle peut, s’adresser aussi à des sensibilités de droite, de ceux qui haïssent les Noirs et les Arabes et trouvent qu’ils « n’ont pas leur place parmi nous » et doivent « rentrer chez eux », parce « qu’ils n’ont pas les mêmes valeurs que nous », gens tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui, en dépit qu’il en aie, ne se recrutent pas uniquement dans l’électorat de l’extrême droite, mais sont parmi nous au quotidien. L’idée c’est donc de bien montrer que décidément ces cogneurs de femmes l’ont dans le sang ; c’est une valeur atavique qui leur est propre ; et ces cogneurs de femmes méritent une sorte de double peine préventive. Car quoi, qu’est-ce construire le préjugé du Noir ou de l’Arabe naturellement cogneur de femmes, sinon prévenir que c’est là une justification, entre mille autres, d’une présomption de différence axiologique incompatible avec l’immigration, ou la vie en France ?
Une image qui sous les couleurs d’aimer les autres cultive de manière à peine cryptée la haine de l’autre ; une image et un discours qui, sous couleur de réunir les hommes cultive sournoisement leur division, leur mépris ; une image qui parle à la droite et à la gauche en même temps dans ce qu’elles ont de meilleur et de pire, voilà ce qu’on appelle une image totale. L’auteur s’appelle Nadège Pulpak, de l’AFP, un nom dans lequel, – c’est le cas de le dire – il y a autant de K que dans celui de ce Zorro-protecteur des femmes noires et arabes, battues.
Gageons que ces méthodes loufoques éviteront au héros de la fable d'être battu...par une femme…
Blaise APLOGAN
Copyright, Babilown, 2007
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De toute façon, à cette venimeuse engeance de spoliateurs, il ne reste que ça : l'hypocrisie et la duperie en permanence ; et comme objets de leurs manipulations ignobles les peuples colonisés, mentalement arraisonnés, à l'intégrité limitée, qui ne savent pas se défendre, se déprendre de ces scénarios barbares et cyniques, au travers desquels ces ressuscités de l’évolution, il y a peu squatteurs de grottes froides abandonnées par nos ancêtres, passent leur temps à s'enivrer du sentiment qu'ils sont les maîtres, les plus intelligents, les vrais hommes supérieurs, qui en imposent aux autres, aux Noirs, aux Arabes... Et, en effet, dans ce petit jeu-là, ils savent bien choisir leurs objets idéaux, géopolitiquement corrects : combien de Noirs, d'Arabes ne se donnent-ils pas tout cuits comme des fruits mûrs ? Coincés que nous sommes entre des plaintes opportunistes de racisme que nous ne voyons que lorsque cela nous touche directement, et une collaboration servile pour des intérêts personnels...
Bodéa
Rédigé par : Bodéa | 11 février 2007 à 16:51
Une manipulation d'un cynisme et d'un infantilisme qui montre la terrible régression de la classe politique Française qui dans sa panne désespérante en est réduite à extérioriser sans vergogne les instincts innommables. Pouah! a- t-on envie de dire lorsque l'on voit à quoi sont réduites les élites du pays des lumières!
L'image elle-même. On prend même garde que la dame musulmane soit voilée, il ne faut surtout pas courir le risque qu'on la confonde avec une espagnole, une portugaise, une roumaine, une russe. La blonde au bout assise n'est manifestement pas à compter au nombre de la horde des battues. Son âge et son accolade à la jeune noire battue attestent qu'elle est plutôt une sage et vénérable protectrice. La blonde en haut de l'image debout le visage à peine identifiable n'est manifestement pas une battue. Elle n'a point besoin de l'accolade protectrice d'un Douste-Blazy hilare (c'est ainsi qu'il se nomme je crois). Les noires "battues" affichent aussi des sourires rayonnants qu'on ne sait comment interpréter.
Point de blonde battue ne serait-ce que dans les salons huppés sado-maso pour riches hommes d'affaires en mal de sensations. L'aspirant président Sarkosy, protecteur des femmes battues "affligées" affichant lui même un sourire dont il devrait nous dire la signification dans de telles supposées circonstances ! Pouah!
La limite continentale des femmes battues est bien circonscrite! Point de chinoise! Qui oserait égratigner une Chine qui se dresse avec une puissance incontenable! Il ne reste que l'Afrique noire, l'éternel exutoire de l'angoisse existentielle d'un monde en panne de sens!
Rédigé par : Theophile Nouatin | 11 février 2007 à 14:06