La manie des réunions -- qu'on les appelle symposium, colloque, congrès ou séminaire -- est déjà en soi une maladie. Si on y ajoute l'obsession prétentieuse de la recherche d'une caution internationale, cette sorte de chantage moral des ressortissants du Sud aux organisations internationales pour donner corps à leurs mesquines fantasmagories diplomatiques, de la réunionite aigüe on dérive vers une maladie qu'on pourrait appeler l'internationalite. Cette internationalite est chez Monsieur Albert Tévoédjrè une manie existentielle. Défaut professionnel d'un homme qui a vécu plus d'un demi-siècle aux crochets de l'État, dans des postes politiques et/ou de fonctionnaire international et qui en est ressorti, complètement aveuglé par l'obsession des grandeurs pseudo- internationales. Chez Albert Tévoédjrè, cette manie passe par deux étapes conjointes et solidaires. D'une part, il y a la manie des grandes réunions politiques censées décider du destin de la collectivité nationale. Nous avons failli subir une de ces réunions au lendemain du holdup de mars 2011, n'eût été la virevolte préventive de M. Yayi. Et d'autre part, comme si la vérité et la qualité sont d'essence exogène, ces réunions n'hésitent pas à se hisser au niveau international dont elles préemptent le rayonnement de manière abusive et prétentieuse. La citoyenneté universelle, concept fumeux et concave dont se prévaut M. Albert Tévoédjrè en est un exemple éloquent. Mais la dernière illustration en date est la caricature même de ce délire de grandeur internationale qui, dans un grand écart entre le spirituel et le politique, prétend résoudre en un symposium la question pluriséculaire des conflits religieux et culturels. Vaste programme pour un esprit retors, en quête d'immortalité, comme si face à la mort, le caveau villageois était en dessous du sépulcre international. Comment rendre raison de la frénésie de l'internationalite chez M. Albert Tévoédjrè sinon par l'échec cuisant de son palmarès d'homme public ? En dehors du fait d'avoir vécu toute sa vie aux crochets de l'État, le plus grand exploit de ce Monsieur est de faire partie de la tourbe impénitente des ameneurs, adoubeurs et souteneurs de cette calamité nationale en laquelle s'est révélé M. Yayi Boni. Rechercher d'autres repères et d'autres lettres de noblesse frauduleuse avant qu'il ne soit trop tard et auxquels la postérité pût l'identifier est devenu pour M. Albert Tévoédjrè une question urgente de vie ou de mort.
Venance Atinkpahoun
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