Depuis plusieurs mois, une guerre ouverte fait rage entre Obasanjo et Jonathan. Cette guerre se manifeste par des attaques répétées de la part de l'ancien président du Nigéria auxquelles l'actuel répond soit directement ou soit-- ce qui est souvent le cas-- par l'intermédiaire de ses communicants officiels en des termes foudroyants, caustiques voire même injurieux. Au fur et à mesure qu'approche l'échéance des élections présidentielles de février 2015, la critique d’Obasanjo à l'endroit de son ancien protégé se fait virulente. Eh bien ceux qui sont attentifs à la vie politique du Nigéria ces derniers mois peuvent avoir compris que la pomme de discorde est l'élection présidentielle prochaine. Mais l’élection n’est que la raison immédiate qui cache une raison plus lointaine, d’ordre national et psychologique. Dans une lettre ouverte en date du 2 décembre 2013 adressée par Obasanjo à Jonathan, intitulée : « Avant qu'il ne soit trop tard », l’ancien président rappelait à son successeur une hypothétique promesse de ne pas se représenter après son élection de 2011 qui faisait suite à deux ans d'intérim après le décès du président élu, M. Yar’adua. Outre ce rappel et des suggestions politiques, Obasanjo formulait de graves accusations contre Jonathan à propos d'une liste noire d'hommes politiques dans le viseur de Jonathan et qui seraient assassinés avant les élections ; de même, la lettre fait état de la mise sur pied par le régime d'une milice de violence postélectorale.
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Pour mieux se blanchir des accusations portées à son encontre, Jonathan, au lieu de les démentir preuves à l'appui, choisit de discréditer son accusateur. Ainsi, toute une noria de détracteurs ont été stimulés ou ressuscités pour aller à l'assaut de l'ancien président, portant contre lui des attaques ad hominem de caractère politique, moral ou personnel. Même la propre fille d'Obasanjo, Iyabo Obasanjo, a fait partie de ces snippers en service commandé. Dans une lettre ouverte à son père, écrite quelques jours seulement après la publication de celle d'Obasanjo à Jonathan, l'ancienne sénatrice du Nigéria, depuis sa résidence des États-Unis, déversa sur son père un tombereau d'accusations, et de critiques, fustigeant notamment son irresponsabilité et « son hypocrisie d'homme à deux faces ». Mais face à ces attaques personnelles blessantes visant à le discréditer et, à travers lui, l'objet de sa lettre ouverte à Jonathan, Obasanjo est resté de marbre. Car l'essentiel pour lui résidait dans l’effet que sa lettre pourrait avoir sur l'attitude et le choix de Jonathan dans la perspective des élections présidentielles. Dans cet ordre d'idées, Obasanjo n'eut d'yeux que pour la décision du PDP quant au choix de son candidat à l'élection présidentielle de 2015. Était-il assez naïf pour croire un seul instant que ce candidat pourrait être une autre personne que Jonathan ? Certes pour un homme qui a de la foi--et Obasanjo prétend en avoir--une part de naïveté nourrit toujours l'espérance. C’est pour cela que durant plusieurs mois après sa lettre ouverte à Jonathan, Obasanjo garda un silence de mort, en observant les faits et gestes de son successeur sans rien dire. Et, ce n'est qu'après que Jonathan se fut officiellement déclaré candidat à sa propre succession que le vieux général se réarma et, de tous les créneaux de sa tour d'observation politique, se mit à tirer à boulets rouges sur son ancien protégé. Ainsi, dans ses mémoires dont la justice essaye actuellement de contrecarrer la sortie, Obasanjo dit ses quatre vérités à Jonathan. Entre autres gracieusetés, l’ancien président juge Jonathan incapable de gouverner ; il affirme que le Nigéria n'a pas un président mais cinq, dont les quatre premiers sont Mme Jonathan et trois autres ministres femmes de son gouvernement. Obasanjo fustige aussi la corruption et l'impunité qui prospèrent sous Jonathan comme jamais elles ne le firent par le passé. Adenifuja Bolaji |
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