Les Nigérians vivent sur une fierté dont les mamelles sont exogènes ou ne dépendent pas d’eux. Il y a le pétrole dont ils sont le premier producteur en Afrique. Mais le pétrole appartient au sous-sol, le pétrole n'est pas le fruit du travail des hommes ; et pour finir, le pétrole finira par finir un jour. Donc il n'y a pas de quoi être fier d'être un pays producteur de pétrole, même si et parce que toute l'économie du pays est portée par cette manne souterraine. La deuxième mamelle de la fausse fierté des Nigérians est la taille géographique et démographique de leur pays. Comme l'Union indienne au sortir de la colonisation anglaise, la taille relativement grande du Nigéria n'est pas le fruit de la volonté ni du labeur des Nigérians, mais l'œuvre méthodique, arbitrale et arbitraire du colonisateur qui a agrégé des territoires et des peuples très divers dans un ensemble territorial dont la nécessité est plus externe qu’interne, plus d’utilité que de raison.
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Cet héritage fait de bric et de broc a tiré sa raison d’être apparente de l’existence d’un fleuve, comme si on pouvait faire une seule nation de tous les peuples traversés par le Rhin ou la route de la soie. Et dans la même veine fantaisiste, il a hérité d’un nom qui lui vient du romantisme colonial anglais. Donc, dans sa configuration territoriale et démographique actuelle, le Nigéria, en tant que l'un des territoires les plus vastes et le plus peuplé d'Afrique n'est pas l'œuvre de ceux qui peuvent s’en réclamer aujourd’hui avec fierté. Le drame du Nigéria c’est que, privé de ces deux atouts, on se demande ce qui fait la vraie fierté des Nigérians.
Banjo Akintola
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