Quelque chose d’assez révélateur dans la virulence conformiste, la compulsion consumériste de la classe dirigeante africaine, qui veut vivre pleinement son époque dans tout ce qu’elle procure de jouissif, tenu pour acquis, sans considérer l’idée de sacrifice, du mérite, du travail et de la nécessaire privation qui conditionne et justifie la jouissance. Celui qui ne participe pas à la construction matérielle du monde devrait en toute éthique, et en toute logique faire profil bas en matière de consumérisme. A l’époque moderne, les Chinois ont observé longtemps cette réserve éthique du mérite et de la privation de ceux qui n’avaient pas encore produit par eux-mêmes ce dont ils allaient jouir, avant d’entrer en force dans l’ère actuelle de jouissance. C’est tout le contraire que font les classes dirigeantes africaines, avec l’alibi ou le masque de plus en plus douteux de leur humanité commune qui ouvre droit à toute jouissance matérielle dans le monde. En effet, si nous étions des singes ou des éléphants, cela ne serait pas tombé sous le sens que nous roulions en Mercedes, prenions des avions ou utilisions un Blackberry dernier cri, mais nous ne sommes ni des singes ni des éléphants, nous sommes des hommes et notre statut d’homme nous ouvre droit à toute jouissance matérielle du monde. Et là-dessus, nous ne nous gênons pas, au contraire nous nous y vautrons à fond, puisque, à travers la corruption, les vols et le pillage des maigres ressources de nos États, c’est cela que se garantit avec frénésie chaque membre de nos classes dirigeantes.
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Pouvoir claquer des sous, dépenser des mille et des cent, acquérir biens, propriétés et maîtresses aux quatre coins du monde, rouler carrosse, se gorger de plaisir et assurer la transmission du flambeau du vol à sa descendance si possible ; tout cela dans une frénésie égoïste tout à fait logique. Normal, puisque le contraire de l’égoïsme c’est le partage, la justice, le respect du bien public, et qu’avec ces valeurs, il n’y a pas d’opulence quand on ne travaille pas. Oui, hélas notre frénésie de jouissance matérielle et d’opulence en Afrique est inversement proportionnelle à notre participation à la constitution matérielle du monde en tant qu’elle découle de nos mains. Car dans cette production matérielle du monde dont nous raffolons, inexistante est la part qui porte la signature africaine ; mais cela, à allez l’expliquer à nos cadres et dirigeants : peu leur chaut !
Prof. Bojirènu Anicet
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