Dès lors, le mimétisme de nos Chefs d’État peut encore se comprendre si chacun des membres d'une impressionnante délégation comme celle conduite par Yayi Boni, avait des alter ego dans leur domaine respectif de compétence entrepreneuriale susceptible d'engendrer des marchés potentiels au bénéfice du Bénin. Jean-Baptiste Satchivi, Président de la CCIB (chambre du commerce et d'industries du Bénin) et Samuel Batcho, DG du PAC (port autonome de Cotonou) par exemple n'auront pas à s'ennuyer s'ils ont bien intégré leur mission de lobbying et de recherche de marchés quand on a le privilège d'être dans une délégation présidentielle. Il me souvient avoir été dans une délégation de Guy Langagne, ancien Ministre de la Mer, alors Président de la CAB (communauté d'agglomérations de Boulogne sur Mer) à Sopov près de Gdansk en Pologne ou dans celle de Michel Delebarre, ancien Ministre de la Ville, alors Président de la CUD (communauté urbaine de Dunkerque) à Vitoria au Brésil où pendant que les représentants de la CUD et de la CCID (chambre de commerce et d'industries de Dunkerque) par exemple négociaient des conventions d'urbanisme et autres relations industrielles avec leurs homologues Brésiliens, je négociais des conventions de collaboration avec l'Université la plus importante de la ville avec à la fin des signatures bilatérales communes au même endroit en présence des différents chefs de délégation et de leurs homologues. Aussi, rester quinze jours à Washington si la majorité de la délégation n'a pas de rendez-vous d'affaires au profit de l'économie béninoise en dehors de ce sommet politique plutôt stratégique qui dure au plus trois jours, serait une gabegie d'une rare inconscience collective compte tenu des frais de séjour exorbitants que le trésor public béninois aura déboursés (au moins 300000 $US sans les frais d'avion). Il est bien regrettable que suite à cet article de notre compatriote Benoît Illassa, la communication du cabinet du Chef de l’État Béninois n'ait pas cru nécessaire d'apporter quelques éléments d'éclaircissement sur cette délégation titanesque, justifiant pour le moins auprès des contribuables Béninois l'utilité de sa présence massive sur le territoire américain. Cela n'avait pas été le cas lors de la dernière « table ronde » de Paris que certains ont qualifiée « d'ovale », où nous avions été abreuvés de communications notamment au Bénin, malheureusement pas sur ce qui aurait pu mieux nous informer. Par exemple, emprunter plus 6 Milliards de $US à un taux de remboursement de 9 voire 11 % selon certaines sources, n'était pas la meilleure opération à faire dans une capitale française où les banques empruntent à moins de 1% à la BCE (banque centrale européenne) avant de prêter aux États européens à 2,5 ou 3 % que ces derniers trouvent déjà trop cher. Une campagne est d'ailleurs ouverte pour que les Etats européens empruntent directement à la BCE à 1% sans intermédiaire. De plus, s'endetter pour qu'un Bolloré puisse trouver une voie ferroviaire d'évacuation de son uranium radioactif du Niger, il faut le faire surtout que la réalisation de l'ouvrage a été retirée à un autochtone Béninois concepteur du projet « Epine dorsale » pour confier la majorité des capitaux (51 %) à un étranger ! Quand est – ce nos Chefs d'Etat comprendront que ce sont leurs compatriotes investisseurs locaux qui développeront le mieux leur pays sans expatrier les dividendes gagnées tout en faisant travailler la main d'oeuvre locale ? N'avons – nous pas encore compris après plus de 54 ans d'indépendance que les « Blancs » sont et seront toujours la cause de notre mal développement et de notre arriération ? Ce comportement dénote sans doute toute la considération que les Chefs d’État africains et leurs griots ont pour leurs concitoyens car dans un autre registre, avec le dégât que cause actuellement le virus Ebola sur une partie de l'Afrique de l'Ouest, peut-être demain sur l’ensemble du continent, on a vu que certains Chefs d’État comme Alpha Condé de la Guinée ou Goodluk du Nigeria préfèrent aller s'asseoir au sommet de Washington au lieu d'être aux côtés de leur peuple dans la souffrance et la peur d'une pathologie contagieuse où il n'existe pas encore de remède connu. Pauvre Afrique et pauvres Africains ! Espérons toujours un lendemain meilleur ! Faustin AÏSSI Professeur émérite de l'Université du Littoral Côte d'Opale (ULCO) Communauté d'universités et d'établissements de Lille – Nord de France (COMUE – LNF) BP 70008 59651 Villeneuve d'Ascq Cedex [email protected] |
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