Faut-il en rire, faut-il en pleurer : le président Jonathan Goodluck exhibant avec fierté le nouveau passeport nigérian de couleur rouge. On ne sait d’où est venue cette idée farfelue, qui suinte de naïveté, est-ce sa modeste contribution à la fameuse campagne “ Rebrand Nigeria” ? Et, comme il le dit lui-même lors de la cérémonie de présentation, « c’en est fini avec le moment où l’on associait le vert de notre passeport à la suspicion et aux mauvaises intentions supposés de son détenteur. » Quelle naïveté de zoologiste ! Comme si le changement de couleur du passeport impliquait ipso facto le changement de caractère des Nigérians ou le changement de la perception qu’en a le monde extérieur. A quoi bon, pouvait se gausser à juste titre la journaliste Fayehun Adeola, laver l’extérieur d’un verre dont l’intérieur reste puant et crasseux ? Et à la bêtise s’ajoute une erreur psychologique qu’on n’a pas besoin d’être un penseur holiste pour détecter. C’est que jusqu’ici le vert du passeport nigérian, par les qualités intrinsèques et les représentations associées à cette couleur, atténuait tout l’impact de la perception négative du Nigeria comme pays de corruption, de violence, de désordre, d’injustice, de brutalité, rempli de voleurs et d’arnaqueurs. Cette couleur protégeait tous ces travers et ces vices, comme le vert du feuillage d’un arbre protège ses fruits vénéneux. Qu’en serait-il, une fois passé le premier émerveillement du changement de couleur du vert au rouge ? Eh bien, très vite, le rouge par l’image associée de danger, de malheur et de violence ne ferait qu’amplifier les travers et les vices associés au Nigeria qu’il faudrait sans doute beaucoup plus qu’un changement cosmétique pour voir s’évanouir par enchantement ! Agnidé Badaru |
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