Reconnaissance sans détour de culpabilité inhabituelle chez un condamné de luxe ; dans un communiqué publié suite à sa condamnation pour fraude fiscale prononcée par le tribunal de Munich le 11 mars, Uli Hoeness le Président du FC Bayern de Munich , affirme: « Après discussions avec ma famille, j'ai décidé d'accepter la décision du tribunal de Munich. J'ai demandé à mes avocats de ne pas former de pourvoi en cassation (…)Cela correspond à ma conception de la décence, de la responsabilité personnelle. Cette évasion fiscale, c'est l'erreur de ma vie. Je tire les conséquences de cette erreur En outre, je démissionne, avec effet immédiat, de mes fonctions de président du FC Bayern Munich et du conseil de surveillance. Je veux préserver mon club de tout préjudice (…). Le FC Bayern Munich est l'œuvre de ma vie et le restera toujours. Je resterai lié à ce club fantastique et à ses membres d'une autre manière, aussi longtemps que je serai en vie » La componction du Président de FC Bayern force le respect et la sympathie, elle respire la dignité et la décence. D’habitude, les gros contrevenants à la loi s’enfoncent tête baissée dans la dénégation et, bardés d’avocats rusés, ils ne sont pas à court d’arguments pour freiner le cours de la justice, nier l’évidence. En France, que ce soit dans le milieu politique comme dans celui des affaires, le mensonge est érigé en éthique intellectuelle de la défense des criminels. Le leitmotiv est : « pas vu pas pris » ou « n’avouez jamais ! » Ce qui donne souvent lieu à des arguments de défense, des alibis ou des justification spécieux selon une habitude cynique devenue banale et admise par tous. Il faut croire que le sens de la responsabilité est un marqueur du caractère national ou ethnique. Certaines nations la valorisent et l’inscrivent dans leur personnalité de base, d’autres au contraire le foulent au pied, s’ils ne l’ont tout simplement pas expurgé de leur dictionnaire éthique. Les Allemands sont perçus comme un peuple discipliné, à la limite de la lourdeur ou de la rigidité. Ce caractère, parmi les grandes nations du monde, les Allemands semblent le partager avec les Japonais. Alors que probablement à quelques semaines de la coupe du monde, un tribunal français n’aurait certainement pas mis en difficulté le premier club français à travers la personne de son président ; ou que même si celui-ci était condamné, il n’aurait jamais avoué sa culpabilité, préférant continuer dans des actions dilatoires, des appels et des dénégations à n’en plus finir, voici que l’Allemand ramène calmement la balle à terre, avoue sa culpabilité, refuse de faire appel, et accepte pieds et points liés de purger sa peine. Bel exemple d’éthique de responsabilité devenue rare dans le cercle fermé des puissants. Certes, ce n’est pas pour dire que l’attitude de Uli Hoeness est purement éthique et désintéressée.Comme l’écrit le Journal Le Monde, « Nul sursaut civique n'est à l'origine » de ce profil bas. Il y va de la réputation du Bayern de Munich. En reconnaissant sa faute, en acceptant de la purger, le Président du Bayern permet à son club d’avoir une vie après lui. Et il n’est pas exclu que sa décision et son attitude, loin d’être spontanées et personnelles ne soient le fruit d’une élucubration de professionnels de la communication. Pour autant, on ne peut pas ne pas y voir la marque d’une éthique à la fois personnelle et propre à une nation, par opposition ou différence à d’autres. Cette résignation toute en humilité et en dignité n’aurait pas été possible en France, dans les mêmes conditions ; au Japon elle le serait, et peut-être y aurait-il une signature plus personnelle et plus tragique, qui est le suicide, la marque de la plus grande sincérité. Quoi qu’il en soit le geste du Président du Bayern club de Munich prouve si besoin est les différences d'attitudes éthiques entre les nations et les cultures… Binason Avèkes |
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.