En France, le sujet de la pollution défraie la chronique ; il n’a jamais été aussi présent, dans les média, et les instances sociales. Non qu’il soit nouveau en soi, puisqu’il est l’un des thèmes favoris de la nouvelle conscience écologique, avec les discussions à n’en plus finir sur les questions récurrentes des gaz à effet de serre, du diesel, des carburants biologiques par opposition aux sources d’énergie fossiles traditionnelles, etc. Mais jusque-là, rien de très méchant, et tout restait confiné dans le cadre des normes civilisées régies par le concept de pic de pollution considéré comme un accident, éphémère, qui n’empêche pas les uns et les autres de vaquer à leur vie ordinaire.Puis tout à coup, voilà le sujet de la pollution qui envahit les espaces : atmosphérique, social, médiatique et politique. L’enfer de la pollution ce n’est plus les autres, la pollution n’est plus ailleurs, elle n’est plus à Pékin ou à Mexico, mais elle est en France, à Paris où elle a élu domicile, et s’est mise, comme qui dirait dans son climat. La presse, les journaux, les médias en parlent sur tous les tons. Les pouvoirs publics aussi. Les médias mettent l’accent sur et construisent l’internationalité du phénomène, comme si cela était un record dont la France pouvait être fière. Dans le monde, on peut lire par exemple « La photo de la Tour Eiffel prise au piège d'une nappe de brouillard, en raison d'une vague de pollution aux particules fines particulièrement importante, était visible, vendredi 14 mars, à la Une de nombreux médias étrangers. » On y cite le New York Times, Russia Today, Reuters, sur fond d’images comparatives de la Tour Eiffel avec et sans brouillard, tout cela agrémenté d’une vue de midinettes, exhibant aussi bien leur masque anti-pollution que leur attributs sexuels finement aguichants, comme de bon ton dans la capitale légendaire de l’amour. Le sujet de la pollution, se constitue donc de l’intérieur et de l’extérieur. Il est vrai que le narcissisme collectif français n’est pas à court d’idées pour attirer l’attention sur la France qui puise volontiers ses raisons d’exister dans le meilleur comme dans le pire. Mais au-delà de ce voyeurisme bon enfant, l’opportunisme du thème de la pollution, et son subtil brandissement par les pouvoirs publics sous prétexte de penser au bien être des citoyens saute aux yeux et à la gorge. Du pain et des jeux disaient les Romains de jadis. De nos jours, l’exigence s’est déplacée : le pain et les jeux ne suffisent plus ; il faut aussi du soporifique, endormir le peuple directement, en surfant sur la vague de ses préoccupations. Si la pollution est née de ce qu’on n’a pas eu le courage politique de refuser au peuple – le consumérisme mortifère du capitalisme triomphant – eh bien ses nuisances et l’inquiétude qu’elle inspire peuvent être exploitées à des fins politiques. À quelques jours d’une élection municipale où la majorité de gauche au pouvoir a des raisons de se faire ses soucis, jouer sur l’angoisse écologique du peuple, est de bonne guerre. Paris et sa région majoritairement à gauche ont donné le ton en prenant une mesure populiste contre la pollution : la gratuité des transports publics. Mais comme le demande à juste titre un internaute français « est-ce parce que le coût des transports urbains est trop élevé que les citoyens utilisent leur voiture? » Dans cette affaire de pollution, l’hypocrisie et l’inaction des pouvoirs publics sont les choses les mieux partagées. Le reste n’est qu’une affaire de pollution médiatique, en surfant sur la vague de l’angoisse populaire. Après la pollution à l’humoriste Dieudonné pendant plusieurs semaines, nous voici dans l’atmosphère de la pollution municipale. Ahandeci Berlioz |
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