Le président Goodluck Jonathan a nommé Godwin Emefiele, le directeur général de Zenith Bank, comme nouveau gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN). Il y a dans cette vague de nominations des signes et des consignes. La nomination du nouveau Gouverneur n’est pas la suite de la suspension de M Sanusi, elle était légalement dans les tuyaux, vu que le mandat du Gouverneur suspendu venait à expiration en juin 2014. Mais cette nomination prend sens dans le contexte de la suspension de M Sanusi. Dans nos pays africains, et surtout dans un pays multiethnique et ethniquement cloisonné comme la Fédération du Nigeria toute nomination traine toujours derrière elle sinon devant un fumet de considérations ethniques ; aussi scandaleuses soient celles-ci dans le contexte du choix du Gouverneur d’une banque centrale, une institution dont la direction requiert compétence et rationalité gestionnaire. Si l’identité nordique de M Sanusi semblait avoir été une caution politique de sa nomination, les enquêtes en cours, diligentées contre sa gestion prouveront si oui ou non cette identité a été plus une fin en soi qu’un facteur subsidiaire. En revanche, les nominations coup sur coup de la Gouverneur par intérim, du Futur Gouverneur et d’un nouveau Vice-gouverneur ne manquent pas de sens ethniquement et régionalement parlant. Tous ces trois dirigeants sont Yoruba ou Ibo. Ce qui veut dire que l’option régionaliste choisie, sans forcément contredire les compétences universelles des intéressés est orientée sud. L’heure de la présentation de sa candidature à l’élection présidentielle de 2015 approche et M Jonathan prépare le terrain et les esprits. Il lui faut une base ethnique et régionale équilibrée et la plus large possible, dans un contexte où le parti challenger, l’APC ne fait pas mystère de son double enracinement dans le nord musulman et dans l’espace musulman du sud-ouest yoruba. Pour réussir cette consolidation géopolitique, qui n’est certes pas gage de succès mais qui, comme toujours dans les élections africaines, pose et expose les apparences justificatives d’éventuelles fraudes, M Jonathan doit ménager la chèvre et le chou du sud. Cette précaution justifie les hésitations que M Jonathan à trahies dans la prise de la douloureuse décision de limogeage de Mme Oduah, sa ministre de l’Aviation, d'origine Ibo. Mme Oduah était engluée dans une série d’affaires de corruption et de malversation, ce qui ne l'a pas empêchée de continuer à siéger au gouvernement pendant plusieurs mois, comme si de rien n'était. Pour ménager les susceptibilités ethniques des Ibo dans l'affaire Oduah, M. Jonathan a dû noyer son renvoi dans un cocktail de limogeages visant à en atténuer l'impact ethnique. Eu égard à toutes ces consignes, le choix du nouveau Gouverneur de la banque d’origine Ibo comme Mme Oduah, comme l’équipe yoruba de ses adjoints, n’est pas dénuée de signes politiques. Binason Avèkes |
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