8 novembre 2013 – Une experte indépendante de l'ONU a exhorté vendredi les autorités béninoises à inscrire la protection des enfants parmi les priorités politiques nationales en vue de les protéger de la discrimination, de toute forme de violence, d'abus et d'exploitation, et de sanctionner lourdement les coupables. La Rapporteuse spéciale sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, Najat Maalla M'jid, qui vient de conclure une mission de dix jours au Bénin, exprimé en outre sa profonde préoccupation devant la « relative tolérance sociale » envers la violence et l'exploitation des enfants et l'impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes. « Il est inadmissible que sous le prétexte de la tradition, des coutumes ou encore de la pauvreté, des enfants béninois soient violentés, abusés ou exploités », souligne Mme Maalla M'jid dans un communiqué de presse. « Le phénomène des enfants vidomégons, par exemple, traditionnellement une pratique de placement solidaire au sein de la famille a complètement été détourné à des fins lucratives. De nombreux enfants sont aujourd'hui victimes de vente ou de traite, d'exploitation économique ou sexuelle, principalement sur les marchés, dans les carrières ou les champs », a-t-elle dénoncé. Au cours de sa mission, Mme M'jid a rencontré de nombreux représentants de l'État, des autorités locales, du système des Nations Unies, de la communauté diplomatique et des associations à Cotonou, Abomey-Calavi, Porto Novo, Parakou, Comè, Lokossa et Applahoué. Elle s'est également entretenue avec des enfants victimes et des organisations de jeunes. La Rapporteuse spéciale s'est alarmée du nombre d'enfants victimes de multiples formes de violences et abus: les infanticides des enfants considérés comme « sorciers », les mutilations génitales féminines, les enlèvements à des fins de placement dans les couvents vaudous, les mariages forcés, les châtiments corporels et les viols. « Bien que l'ampleur réelle de ces phénomènes reste difficile à évaluer du fait de l'insuffisance des signalements et des règlements à l'amiable, tous les acteurs rencontrés déplorent le nombre alarmant de violences et d'exploitation économique et/ou sexuelle dont les filles sont particulièrement victimes », souligne Mme Maalla M'jid. La Rapporteuse spéciale exprimé aussi sa vive préoccupation devant les violences sexuelles subies par les filles dans les écoles et la multiplication des grossesses précoces. « Il est impensable qu'à l'école, censée être un environnement éducatif et protecteur, des filles puissent être abusées impunément », s'est indignée l'experte. Si le Bénin dispose de nombreuses lois relatives à la protection de l'enfance, leur mise en œuvre laisse à désirer, en raison notamment des difficultés rencontrées par les enfants pour accéder à des mécanismes de recours garantissant leur protection et leur sécurité, mais aussi à cause de la corruption et de l'impunité. Les arrangements à l'amiable qui ont souvent lieu à l'échelle communautaire se font au détriment de l'intérêt de l'enfant, dont la voix reste négligée. De nombreux mécanismes de protection et actions ont été mis en place aux niveaux central et local, mais la plupart sont dysfonctionnels ou insuffisants, notamment en raison du manque de ressources. En dépit de l'engagement pris par certains acteurs, les actions lancées dans le domaine de la protection de l'enfance restent éparses, non coordonnées et non pérennes, car leur efficacité est suspendue au soutien des partenaires. La Rapporteuse spéciale souligne donc la nécessité de concevoir une réelle stratégie intégrée de protection de l'enfance, déclinée en dispositifs locaux aisément accessibles par tous les enfants et dotée de ressources humaines et financières adéquates. Elle encourage enfin la communauté internationale à …. |
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