A l’occasion de l’Université de vacance du Prd de cette année 2013, attendu au tournant sur les questions qui agitent l’opinion et alimentent une tension politique et sociale sans précédent, le président Hungbéji ne s’est pas dérobé. Le thème de cette réunion se prêtait bien à la circonstance. Le Président a délivré un discours d’une franchise remarquable, avec des mots forts et fort bien choisis. Il n’a pas usé de la langue de bois et s’est expliqué sur la vision de son parti, sa conception de la vie politique ancrée dans ses valeurs que sont la liberté, la paix et la défense de la Démocratie. Me Adrien Hungbéji s’est fait l’avocat de la raison, et alors que le pouvoir et ses sbires dont certains avaient fait le déplacement attendaient qu’il apportât son petit coup de pouce à l’aventurisme forcené du pouvoir, Me Adrien a suivi le droit chemin de ses convictions et du bon sens. Sur tout un ensemble de sujets comme le régionalisme, la gouvernance, la lutte contre le payo et surtout la révision de la constitution, il a fait une critique sans concession de l’action du gouvernement et de sa méthode. Ce qui a permis au Président du Prd, dans une mise en scène bien réussie au sens propre comme au sens figuré d’adresser un carton rouge au gouvernement. Il y a un aspect séduisant voire rafraichissant dans cette communication, c’est le rapport à la langue. Le discours de Monsieur Hungbéji a d’abord été délivré en français. Occasion pour ce vieux maître des tribunaux, ce tribun pétri de l’art de la parole juste et claire d’énoncer avec rigueur et justesse sa pensée. Et puis le discours en français terminé, l’homme du terroir, le hogbonuto a pris la parole en gun pour résumer à grands trait ce qu’il venait de dire si paisiblement en français. Et ce fut un moment électrique et intense de fusion et de ferveur avec la masse des participants, soudain interpelés au plus profond d’eux-mêmes. Ce moment d’effusion authentique fut d’autant plus court qu’il était intense. Et en tant que natif de Hogbonu, bien que ne visionnant qu’une brève séquence de l’événement, je devinais ce que cette effusion et ce petit moment avaient d’intense. Du point de vue de notre liberté, on sentait combien le parler d’une langue étrangère a beau être facile, il n’est au mieux qu’une camisole de force. Dans le fond, colonisation ou pas, langue officielle ou pas, dans d’autres contextes historiques comme celui des anglophones – et notre voisin le Nigeria en est un exemple direct—c’est l'approche inverse qui aurait été normale. C’est-à-dire que le Président d’un parti qui s’adresse immédiatement en grande partie à ses militants dans sa région parle naturellement et essentiellement dans sa langue. Et nul n’a d’ailleurs l’idée encore moins le souci de traduire en anglais. Il est vrai qu’en vertu de l’autonomie de chaque État, la ou les langues parlées dans un État ont priorité sur la langue anglaise qui seule est prééminente à l’échelle fédérale… Ah quel rêve un jour de voir un homme politique de la trempe de Me Hungbéji dans l’Ouémé ne parler que gun ou yoruba, quitte ensuite a résumer sa pensée en français, ou à distribuer le texte en français de son discours à ceux qui le souhaitent, qu’ils soient locuteurs des langues régionales ou pas… ! En attendant que ce jour hypothétique arrive, je vous invite à écouter de vive voix ce discours, à l’entendre, et à vivre ses moments forts, dont le résumé en gun n’est pas le moindre… |
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