Au Bénin, il y a un procureur original qui, entre deux affaires d'empoisonnement au sommet de l'État, trouve le temps d'ouvrir des comptes avec des montants faramineux sans aucune commune mesure avec son salaire. Quand un homme dont la profession est à mille lieues des milieux d'affaires, où l'on brasse des milliards, peut recéler à son tour tant de milliards, qu'en serait-il des ministres, des directeurs de sociétés et de tous ces gens dont la fonctions ou la profession les met directement au contact de l'argent ? Au Nigéria d'à côté, entre deux accidents aériens qui rythment la vie du transport aérien dans ce géant malgré lui, la ministre de tutelle, au lieu de s'occuper de mettre de l'ordre dans le ciel du pays afin d'épargner des vies humaines, trouve le temps de s'offrir aux frais de l'État deux voitures BMW blindées d'une valeur totale de 760 millions de nos francs ! Corruption, bon plaisir, luxe et volupté… Or quand on sait que les affaires qui sont incidemment portées par la presse à la connaissance du public ne sont pas souvent les plus monstrueuses, et que leur nombre n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des détournements, pillages, et vols qui se commettent au fil du temps réel par les hommes de pouvoir à tous les niveaux de la société, on mesure l'horreur de la corruption et sa nature criminelle. L’une des causes d'incitation de ce crime étant le sentiment, la croyance ou la certitude que les actes criminels sont suffisamment placés sous le sceau du secret ou de la dissimulation pour ne pas être mis à nu. La chose dépasse ce qu'on peut imaginer. Elle est en tout cas érigée en seconde nature des gens de pouvoir, qui ne peuvent s'empêcher de détourner tant ils ont la certitude que cela est la sève de leur pouvoir, la rétribution méritée, la pomme défendue de leur Eden politique. Le vol a toujours existé, mais la particularité du vol que constitue la corruption est qu'il s'agit d'un vol tout entier dévolu au gâchis. Un vol socialement endogène commis par une minorité au détriment des plus pauvres, la majorité. Si le colonialisme était un vol, il n’était pas endo- |
gène et a au moins profité aux peuples et aux classes aisées et/ou dirigeantes des pays colonisateurs. On ne peut en dire pareil de l'océan de la corruption qui appauvrit nos pays et nos peuples tandis que quelques îlots d’individus s'empiffrent, détournent de l'argent public dont ils finissent par ne pas savoir quoi faire sauf le gaspiller. Indécence criminelle ! L’indécencese se mesure à la pauvreté des victimes, le peuple, à sa misère grandissante ; elle se mesure aussi à l'absurdité de la conception de la vie sociale inhérente à la corruption : l'émergence d'îlots de gaspillage, d’égoïsme, et d'insolence dans un océan de misère et de drames humains. Les lois seules ne guériront pas la plaie de la corruption. La volonté politique seule y suffira d’autant moins que la corruption est une seconde nature des politiques, qui trouvent mille excuses d’y succomber. L'éducation a son rôle à jouer car le virus de la corruption est avant tout mental et culturel. Un virus qui se transmet de génération en génération et qui empoisonne l'atmosphère de toute une société au point de la menacer dans son existence. Binason Avèkes |
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