En homme d’État digne de ce nom ou même en bon père de famille, si Yayi Boni n'a rien à cacher, il devrait vite identifier le point d'achoppement de sa proposition de révision de la constitution et le résoudre au plus tôt. Et les solutions ne manquent pas si l’intention était honnête. Bien sûr, Yayi Boni n’est pas seul à blâmer dans cette affaire. Le peuple Béninois y est aussi pour quelque chose et tant pis un peu pour lui. Tant pis pour le peuple d'avoir enfanté une venimeuse engeance d'opportunistes blanchis sous le harnais de l’intrigue, qui a permis à Yayi Boni de l'entourlouper en 2011. Tant pis pour la classe politique et son fantasme intellectuel de l'oiseau rare, d'amener à la tête du pays en 2006 quelqu'un que le peuple ne connaissait ni d’Adam ni d’Ève, et qui a pu s'y hisser à coups de promesses illusoires, de fausse modestie, et d’images d’Épinal de cauris et tutti quanti, de docteur, de banquier et d'enrichissement sans lendemain. Tant pis un peu pour le peuple béninois de se croire en démocratie plus original sinon plus malin que les peuples de vieille tradition démocratique où un élu se choisit au sein d'un parti politique ancré de longue date et non en aventurier solitaire, à la sauvette, ou par deus ex machina. Pourquoi Yayi Boni s'entête-t-il à mettre les nerfs de tout un pays à rude épreuve ? Faut-il le répéter, ce n'est pas la révision de la constitution qui fait problème en soi ; ce qui fait problème c'est le risque qu'il fait encourir au pays que cette modification serve de prétexte pour son maintien au pouvoir alors que le pays ne veut plus de lui, et n’aspire qu’à refermer l’horrible parenthèse de désillusion, de honte et de régression totale qu’a constitué son avènement absurde et halluciné. Le peuple redoute un troisième mandat de Yayi Boni dont il suspecte l'addiction à la jouissance présidentielle idiote, à la présidence pour la présidence, au bon plaisir de faire partie de la race « élue par Dieu » de ceux qu’on appelle Président de la République, fût-ce du dernier des États de la planète…. À l'idée qu'on est fait pour être président à vie et que cette chose qu'on appelle président est trop bonne pour être laissée, quittée ; qu'on doit se battre avec la dernière énergie pour s'en assurer la pérennité ; et que cette victoire diabolique est à portée de main dès lors que le peuple a pu déjà se laisser faire : qui a violé violera ! Telle est la devise du mal que Yayi Boni entend appliquer en politique et cela en dehors de toute idée de bien-être du pays qui s'enfonce chaque jour dans la misère à la marge du bonheur illicite d'une génération spontanée d’arrivistes. Aminou Balogun |
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