Le Président de la Coordination
Philippe NOUDJENOUME
ADRESSE
Aux Travailleurs, Jeunes, Peuples de mon Pays.
POURSUIVEZ VOS COMBATS POUR LA CONSECRATION DEFINITIVE
DES NOUVEAUX DROITS EN ŒUVRE !
1°- Notre pays traverse une période particulièrement agitée de son histoire. La raison de cette situation se trouve d’une part dans la volonté entêtée du Président de la République, YAYI Boni de réviser notre Constitution pour de toute évidence prolonger son mandat au-delà de 2016, et, d’autre part le rejet quasi général de cette décision par le peuple. Des Partis politiques et Alliances de Partis politiques aux organisations syndicales, de la société civile, en passant par des Confessions religieuses, le débat fait rage. Au regard des positions exprimées des différentes forces en présence et de la large majorité du peuple qu’elles représentent, je puis d’ores et déjà dire que le Président YAYI Boni a perdu la bataille et qu’il ne lui reste qu’une chose à faire : le retrait du Parlement de son projet scélérat de révision opportuniste de la Constitution. C’est ce que la population de Cotonou, de Porto-Novo, à l’appel de la Convention Patriotique des Forces de Gauche et de l’Union fait la Nation (UN) a voulu signifier (et a signifié) par une marche pacifique le 24 août dernier. C’est ce que nous ne cesserons de dire et d’exprimer de mille manières jusqu’au retrait effectif du projet du Parlement.
Travailleurs, Jeunes, Peuples de mon Pays, Mes chers Compatriotes,
2°- L’enjeu est grave pour notre pays. Et tout homme politique quelque peu attaché aux intérêts fondamentaux de notre Patrie commune se doit d’observer la situation objective, les exigences de bien-être et d’émancipation patriotique portées par les différents mouvements et expressions populaires en cours pour en découvrir ce qui fait Volonté du Peuple et contribuer à l’ériger en Loi.
3°- Pour connaître ce qui fait la Volonté du Peuple aujourd’hui et qui fait progresser notre Patrie au-delà de la situation vécue jusque-là, il suffit de se référer aux griefs qui sont portés actuellement à la politique du gouvernement du Président YAYI Boni et qui font l’objet de toutes les contestations et mouvements sociaux et politiques présents.
4° Quels sont les griefs qui fusent de toutes parts contre la politique de Boni YAYI ?
Tous les citoyens sérieux conviennent que le premier grief est sans conteste la gestion chaotique et patrimoniale des biens publics, une politique de destruction systématique du tissu économique national avec les conséquences que sont :
- le pillage des ressources de ce pays avec la dilapidation des finances publiques,
- le bradage effréné de notre patrimoine national au profit des monopoles étrangers, notamment des Bolloré, Castels-BGI-Lafarge, etc.
- la mise en quarantaine des opérateurs économiques nationaux,
- la ruine de l’économie nationale basée sur la monoculture -coton-
- la faillite de l’école avec pour corolaires, les échecs massifs aux examens, l’analphabétisme, la faim devenue endémique, le chômage qui frappe l’ensemble de la jeunesse, etc.
- les scandales politico-financiers de toutes sortes : ICC-Services, CEN-SAD, Machines agricoles, Avion Présidentiel ….
Sans mettre fin à cette mal-gouvernance, sans enrayer le pillage de nos ressources, aucun développement n’est possible.
Et pour cette cause, tous les jours, Travailleurs, Jeunes, Peuples de mon Pays, vous vous élevez à travers de multiples manifestations pour dire « Nous voulons la transparence dans la gestion de nos biens ; nous voulons le suivi et le contrôle des concours de recrutement d’Etat, nous voulons contrôler la gestion de nos administrations et entreprises publiques aux mains de directeurs corrompus nommés à des fins de pillage ».
Je vous ai entendus. J’ai entendu les plaintes des victimes de l’arnaque d’Etat que constitue le scandale ICC-Services. J’ai entendu les plaintes de nos opérateurs économiques harcelés par une administration apatride ; j’ai entendu les cris des milliers de chômeurs et de jeunes sans emploi et je vous dis : Vos combats ainsi que les expériences positives en cours telles des propositions claires et sensées des travailleurs du Ministère de l’Economie et des Finances sous la direction de la FESYNTRA-Finances, les expériences d’interpellation des directeurs dans différents établissements secondaires du pays, celles du Comité de Développement de Natitingou ainsi que des travailleurs de la SONACOP, les propositions des opérateurs économiques nationaux pour le décollage de notre pays, etc. indiquent la voie à suivre.
Pour enrayer ce fléau que constitue la mal-gouvernance économique qui tue notre pays, il faut, certes l’imprescriptibilité des crimes économiques, mais encore et surtout :
- le droit inscrit dans nos textes fondamentaux, du contrôle de la gestion des biens publics par les travailleurs et les peuples avec l’élection et la révocabilité des Directeurs de nos entreprises et administrations publiques ;
- le droit à une préférence nationale dans l’attribution des marchés publics, le droit à la protection des opérateurs économiques nationaux et à la production des biens pour les besoins des Béninois et pour l’exportation.
Mes chers compatriotes,
Le deuxième grand grief formulé à l’encontre de la politique de la « Refondation », c’est le recours à des méthodes de répression barbares jusque-là jamais vues depuis le PRPB, avec l’instauration rampante et à peine déguisée d’un Parti-Etat FCBE, seul autorisé à occuper les rues (avec les marches payées), les radios et télévisions tant publiques que privées. Pour cela aucun crime politique n’est exclu : interdictions d’expression et répression des protestations de tous ceux qui contestent la politique du pouvoir, arrestations et détentions arbitraires, tirs à balles réelles sur la population, assassinats, etc.
Ce qu’il faut savoir, chers compatriotes, c’est qu’il y a une étroite liaison entre crimes économiques et crimes politiques. En effet généralement, c’est pour perpétuer ses crimes économiques, sociaux et culturels, pour voler en toute tranquillité et pour empêcher que l’on dénonce ses actes de forfaiture en matière économique, qu’un pouvoir recourt à la restriction des libertés, à la répression politique.
Sans mettre fin aux crimes politiques, sans la liberté pour les hommes de dire ce qu’ils pensent de la gestion de la chose publique, pas d’émancipation pour notre pays.
Mais qu’est-ce qui entretient la permanence des crimes politiques ? C’est l’impunité. A quoi assiste-t-on ? Louis Philippe Houndégnon alors Commissaire Central de Cotonou, s’est permis de « gazer » des députés marchant à Cotonou contre les élections présidentielles truquées de 2011 et de s’en vanter publiquement. Il a « gazé » le Président SOGLO manifestant devant les locaux de la Cour Constitutionnelle en 2011 ; il a réprimé sans ménagement les manifestations des jeunes chômeurs le mardi 26 février 2013, les manifestations des travailleurs, etc. En récompense de ses « hauts faits », qui constituent autant de violations flagrantes des libertés constitutionnelles, il fut promu Général et Directeur Général de la Police Nationale. Le commissaire central de Natitingou, Baguidi KOTO YERIMA qui a fait tirer sur le jeune Kouabi Fawaz et l’a donc fait abattre en 2011 (fait qu’il a reconnu lui-même par lettre adressée à la hiérarchie policière) fut promu par la suite Directeur Départemental de Police Atacora-Donga. C’est cette impunité qui encourage l’actuel Commissaire Central de Cotonou, Pierre AGOSSADOU, à faire investir le domicile de Gaston Zossou le 1er Août 2013 et à procéder aux perquisitions de Maître SAMBAOU et DJOGBENOU. En remontant plus haut, c’est parce que KEREKOU (qui a pu assassiner AÏKPE, AKPOKPO GLELE Rémy, Luc TOGBADJA etc.) a joui d’immunité générale et SOGLO (qui a fait assassiner Sègla KPOMASSI) n’a pas été puni, que YAYI Boni s’autorise ses dérives autocratiques actuelles avec ses préfet et ministre AZANDE Placide et François HOUESSOU.
Notre peuple réprouve l’impunité des crimes politiques et les diverses manifestations des organisations notamment de défense des droits de l’homme l’attestent.
Pour sauver ce pays de la descente aux enfers, il faut enrayer les crimes politiques, principalement les violations des libertés, les atteintes à l’intégrité physique des citoyens pour raison politique. Pour cela il faut inscrire dans notre droit positif, la poursuite et la condamnation de tout violateur des libertés publiques ; il faut l’imprescriptibilité des crimes politiques.
Travailleurs, Jeunes, Peuples de mon Pays, Mes chers Compatriotes,
Aucun peuple ne se développe en s’appuyant sur la langue d’autrui. Ceci vous l’avez compris depuis longtemps et l’exprimez à travers les multiples mouvements et protestations qui ont émaillé la vie politique de notre pays depuis un certain temps. Vous exigez que vos langues soient des instruments de l’instruction, de l’administration et de la justice. C’est cela qui a contraint le pouvoir actuel à vouloir réaliser « l’introduction de langues nationales dans le système formel ». Mais il ne s’agit pas d’introduction de langues nationales dans le système formel avec comme on le voit, le français comme base de l’instruction dans notre pays ; ce qui ne changerait rien à la situation actuelle ; il s’agit d’instruire et de former nos enfants à travers leurs langues maternelles respectives.
Travailleurs, Jeunes, Peuples de mon Pays, Mes chers Compatriotes,
Vous vous battez contre une révision opportuniste de la Constitution par le Président YAYI Boni pour se prolonger son mandat du reste usurpé en mars 2011. Et vous avez raison. Poursuivez vos combats jusqu’au retrait du projet scélérat du Parlement.
Mais sachez aussi qu’on ne peut se battre aujourd’hui de façon conséquente contre le pouvoir corrompu, pilleur et liberticide de YAYI Boni, sans la mise en avant des exigences ci-dessous et qui constituent l’expression de la Volonté du Peuple. Elles se synthétisent ainsi qu’il suit :
1°- Le contrôle populaire de la gestion des biens publics avec l’élection et la révocabilité des DG et directeurs techniques des administrations et entreprises publiques par les travailleurs avec l’imprescriptibilité des crimes économiques.
2°- Le jugement et le châtiment des violateurs des libertés constitutionnelles et l’imprescriptibilité des crimes politiques.
3°- La promotion de la production nationale et la protection du patrimoine national ainsi que des producteurs nationaux (agriculteurs, industriels, artisans, commerçants et artistes).
4°- L’instruction de tous dans les langues maternelles.
C’est seulement en nous battant pour ces nouveaux droits déjà en œuvre et arrivés à maturité que tous nous aurons vaincu la fatalité en œuvrant à l’instauration d’un nouvel Etat qui ne permette pas qu’en chassant YAYI Boni, un autre YAYI Boni ne soit hissé à sa place.
Au combat donc pour ces objectifs émancipateurs !
Philippe NOUDJENOUME
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.