D'une certaine manière, et sur le plan social et mental on peut dire qu'il y a changement au Bénin, en ce qui concerne la place des religions dans la société, dans les préoccupations socialement organisées des gens. Toutefois, le changement ne concerne pas la comparaison de ce qui a précédé 2006 et de ce qui a suivi depuis lors, et qu'on place sous l'appellation trompeuse de changement. Non, sur le plan des mentalités et de la place qu'occupent les religions, la tolérance sinon l’intérêt et le soutien politique actif dont elles jouissent de la part du pouvoir établi, le changement par rapport à la période actuelle concerne non le quinquennat démocratique précédent, mais la période dite révolutionnaire. En effet entre cette période et maintenant c'est la nuit et le jour en matière de la prépondérance du religieux dans l'espace politique. Jadis en effet le débordement religieux était hors jeu. Les acteurs forcés à la clandestinité menaient une vie marginale et discrète. Les religions du livre et leurs acteurs principaux n'avaient pas le vent en poupe avec le régime qui voyait la vie dans le prisme sévère du matérialisme dialectique. Il n'y avait pas de bizness évangéliste de cette classe de religieux parvenus, qui ont la mainmise sur le pouvoir politique et en profitent pour s'enrichir en confondant leur égoïsme arriviste avec l'ordre de la volonté divine. Aucun média ne se faisait le relais de leurs délires obscurantistes et autosuffisants, de leurs discours manipulateurs qui trafiquent les émotions et les attentes séculaires de la multitude travesties en justification de la volonté divine ou en espérance d'une meilleure vie. Or maintenant, c'est tout le contraire. Pour pouvoir réussir les mises en scène frauduleuses d'une vie démocratique dont la substance se confond à sa forme truquée, le pouvoir organise le déferlement et l'agitation d'une noria de composantes sociopolitiques et impose de façon exclusive des thèmes obscurantistes qui ont tous pour fonction et effet de s'imposer à la multitude, de l'étourdir, de l'anesthésier de sorte que les choix et décisions politiques auxquels il aboutit--élection présidentielle, révision de la constitution aujourd'hui--sont tenus pour les reflets de sa volonté librement exprimée. Parmi ces composantes sociopolitiques et ces thèmes, la religion--acteurs et discours--est en bonne place. Avec le pouvoir en place qui n'a plus rien à donner au peuple, la religion est devenue la drogue libre, idoine pour l'endormir, l’abrutir afin de continuer son exploitation concertée entre une petite classe opportuniste vecteur et suppôt de l'aliénation symbolique et économique de la nation et le système pluriséculaire de domination que les Blancs depuis leur victoire sur BEHANZIN, KABA et BIO GUERRA, n'ont cessé d'imposer à notre race au nom de leur supériorité et de la prépondérance léonine de leurs vils intérêts. Ainsi aujourd'hui, j’entre par pur hasard dans un maquis où la télévision était allumée sur la chaîne de référence, l’ORTB qui diffusait des informations. Et pendant tout le temps que j'étais là, entre les éloges répétées et récurrentes du Dr Yayi Boni pour ceci ou pour cela, il n'y avait place que pour les sujets religieux : les musulmans qui allaient à la Mecque, comment préparer le trousseau du parfait HADJ ; ensuite tel colloque des évangélistes qui promettaient à coups de psaumes de la Bible d'écraser le scorpion qui empêche le régime d'avancer, etc. et ce à n'en plus finir. La religion est aussi devenue l'horizon intellectuellement indépassable de la pensée : celle de l'élite au pouvoir et de ses nombreuses hypnotiseurs en costume trois pièces, heureux de leur fortune inénarrable, mais aussi celle d'un peuple parfaitement abruti, appauvri et qui remplace l'exigence de justice et de réalité par le rêve inaccessible et soporifique d'une vie meilleure parce que promise par Dieu ! Quelques heures plus tard, à 20:00, j'essaie de faire une comparaison avec la GBC, l'équivalent ghanéen de l’ORTB. Le bulletin d'information ghanéen déroula successivement : 1. Un sujet sur l'agriculture dans une réunion d'experts nationaux et internationaux placée sous l'égide du vice président. 2. Un autre sujet sur l'agriculture en rapport avec une association pour le développement agricole. 3. Un sujet sur l'organisation d'une campagne contre la corruption. 4. Un sujet sur une journaliste du GBC lauréate du Prix du meilleur journaliste africain octroyé par un institut ou une ONG américaine. 5. Un sujet sur l'octroi de bourses américaines et anglaises à 10 jeunes Ghanéens. 6. Un sujet sur l'intoxication alimentaire et les moyens de la prévenir ou de la soigner. 7. Un sujet sur l'anniversaire du décès du président MILLS traité sous l'angle des tissus qui lui sont consacrés. À aucun moment il n'y eut ni l'image du président, ni de sa femme, et on ne parla point de religions etc. Un jour plus ou moins proche, lorsqu’un pays comme le Ghana aura réussi par ses efforts, son travail et son sérieux l’adhésion aux voies et moyens qui accroissent l'intelligence collective, au lieu de l'arriérer passionnément comme c’est le cas au Bénin, ce jour-là, des expériences lamentables comme celles qu'imposent à la société béninoise M. Yayi Boni et la tourbe infecte de ses acolytes seront bonnes à jeter à la poubelle de l'histoire. Et le Bénin n'aura pas le choix de suivre le bon exemple. Un Président soi-disant Docteur en économie, dans le but d’endormir le peuple sur sa propre médiocrité, en exploitant honteusement les croyances et les émotions religieuse de la multitude maintenue volontairement dans les ténèbres de l’analphabétisme, ne lui demandera plus de prier Dieu pour que la pluie tombe alors que tout le monde sait que la pluviométrie et la climatologie ne sont pas une fonction de la foi, mais des phénomènes atmosphériques scientifiquement déterminés. Ce qui n’empêche pas de dire comme Nelson Mandela le disait de l’Afrique : Dieu sauve le Bénin !
Binason Avèkes
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