Récemment, le Sommet économique des Etats du Nord du Nigeria (NES) a annoncé que le gouvernement fédéral a débloqué la somme de 100 millions de dollars en 2013 pour l'exploration d'hydrocarbures dans le bassin du lac Tchad et dans d'autres bassins éventuels d'hydrocarbures du Nord. Le groupe, qui comprend tous les 19 États du Nord ainsi que le Territoire de la capitale fédérale, Abuja, a également déclaré que le gouvernement avait versé une somme totale de 140 millions de dollars pour 2011 et 2012, dans le même but. Le groupe a également déclaré que, en 2011, la Compagnie Nationale Nigériane du Pétrole (NNPC) avait, grâce à ses conseillers techniques, mené à terme la recherche, l'évaluation et l'identification des entreprises capables d’effectuer des observations géophysiques aériennes pour l'exploration des hydrocarbures du bassin intérieur du pays. Nous sommes encouragés par cette évolution. La mise à disposition des fonds substantiels pour faciliter les activités d'exploration pétrolière et gazière dans le bassin du Tchad, le fossé de la Bénoué, les bassins du Bida et de Sokoto-Rima, entre autres, une fois terminée, donnera un coup de fouet à l'économie du pays. Les éventuels nouveaux États producteurs de pétrole pourront également profiter de la ristourne fédérale de 13 pour cent en vigueur actuellement. Les chefs de la NES doivent faire preuve d’abnégation dans cette lourde tâche que le groupe s’est assigné. Ils inscriront leur nom en lettres d’or s'ils atteignaient cet objectif important pour le Nord. Cependant, qu’il nous soit permis de lancer un avertissement sur le fait que leur position de timoniers ne leur confère pas le droit de créer des sociétés écrans en vue de s’accaparer de contrats qu’ils ne seraient pas en mesure d'exécuter. Ils devraient plutôt insister sur le suivi des fonds et s'assurer que les entrepreneurs respectent les délais. Nous implorons la NES pour qu’elle donne l'alerte lorsque surgiront des défaillances dans l'exécution des projets. L'économie du Nord du Nigeria est dans une situation désespérée et les bouleversements socio-économiques actuels en témoignent.
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L'exploration de pétrole au Nord va certainement ouvrir une écluse de possibilités pour les millions de chômeurs dans la région. Bien entendu, elle contribuerait à réduire l'inégalité entre le Nord et le Sud. Bien que le projet de recherche de pétrole soit en cours, la NES est également mis au défi de garder un œil sur la mise en œuvre rapide des projets d'énergie hydro-électrique de Zungeru et de Mambilla. Une fois terminés, ces deux projets non seulement stimuleront l'économie de la région, mais serviront de catalyseur aux retombées éventuelles du pétrole.
Le défi de l'élite du Nord, toutes tendances politiques confondues, est d'éviter les erreurs qui ont été commises dans les communautés productrices de pétrole du Sud. Tout d'abord, il doit y avoir un cahier de charge pour les futures sociétés pétrolières. Deuxièmement, le mode de compensation des communautés d’accueil , y compris les quota d'embauche, doit être bien pensé. Il s'agit de s'assurer que les gens qui sont les véritables propriétaires des ressources ne soient pas délibérément flouées par les compagnies pétrolières.
Amené et Trad. par Binason Avèkes |
Faut-il nécessairement que le Nord ait du pétrole ? Ne pourrait-il pas utiliser ces centaines de millions de dollars pour développer l'agriculture et l’élevage et créer des industries agroalimentaires, ou développer des services autour des nouvelles technologies ? Ah, que c'est pathétique cette fixation sur le pétrole ! Le nord n'aura donc de repos de l'âme que lorsqu'il aura le pétrole comme le sud. Ce n'est pas seulement de la fixation sur un produit unique, une sorte de monomanie pétrolière, mais aussi de la jalousie, comme dans les contes africains ; où un personnage revient à la maison comblé d'or et de richesses par un génie aussi malin que bienfaisant, et la marâtre envoie son propre enfant au même endroit pour obtenir les mêmes richesses magiques. Et dans ce type de conte, ça ne finit jamais bien !
A moins que préparant sa réélection Jonathan -- qui vient d'ailleurs de mettre la pédale douce quant à sa position de refus d’amnistier les Boko Haram -- soit en train d'une manière détournée d'acheter la faveur des décideurs et acteurs clefs du Nord. Car, il ne serait pas étonnant que tous ces centaines de millions de dollars partent en fumée sans la moindre goutte de pétrole pour les brûler...
Rédigé par : B.A. | 07 avril 2013 à 20:20