LETTRE OUVERTE A YAYI BONI A PROPOS DE LA PLAINTE CONTRE LE JOURNAL « LA NOUVELLE TRIBUNE DU BENIN »
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Par le Collectif Emile ZOLACIAJI
LETTRE OUVERTE A YAYI BONI A PROPOS DE LA PLAINTE CONTRE LE JOURNAL « LA NOUVELLE TRIBUNE DU BENIN »
Monsieur le Président, Nous avons appris avec consternation le dépôt de plainte en votre nom auprès de la HAAC contre le journal « La Nouvelle Tribune du Bénin ». Datée du 11mars 2013, et signée du Secrétaire Général de la Présidence de la République, la plainte vise « La Nouvelle Tribune » pour avoir fait état d’une information publiée par un journal étranger sur les pratiques de votre gouvernement. Cette plainte appelle plusieurs remarques. Dans un pays normal, où la liberté de la presse existe et est respectée, au lieu de porter plainte pour reprise d’une information, il aurait été plus judicieux de demander un droit de réponse au journal source ou à La Nouvelle Tribune pour éclairer l’opinion et le cas échéant réfuter preuve à l’appui leurs allégations. C’est du reste ce que vient de faire Monsieur Nicolas Gomez, Président de MTN-Bénin dans un droit de réponse que La Lettre du Continent vient de publier dans son N°657 du 17 avril 2013. Dans un pays normal, tout citoyen qui s’estime victime de diffamation, devrait s’adresser à la justice, même si celle du Bénin est entravée, qui seule est habilitée à diligenter des enquêtes pour établir la vérité dans des affaires de violation du droit au respect de l'intimité ou de mise sur écoute de personnalités politiques. La HAAC qui est une institution administrative de régulation n’a aucune compétence pour connaitre ni enquêter sur de telles affaires. Dans le cas précis, votre plainte aurait dû être dirigée contre le journal français « La lettre du Continent » qui est l’auteur des informations incriminées ; or vous savez que vous ne pouvez le faire sans en ajouter à votre discrédit, vu que vous avez déjà déposé devant la justice française deux demandes d’extradition à l’issue incertaine sur des affaires scabreuses qui font du Bénin la risée internationale. Dans un pays normal, la HAAC aurait dû se déclarer incompétente face à votre plainte et vous rediriger vers l’institution idoine, la justice ; au lieu de quoi, avec une atterrante alacrité, elle a adressé votre plainte à la Nouvelle Tribune en enjoignant à ce Journal de lui communiquer des éléments de preuve sur un article publié par un autre journal. Mélange d’absurdité et de servilité pour le moins affligeant ; moyennant quoi, cette HAAC, dirigée par un admirateur de l’autocrate KEREKOU, continue dans la voie que vous lui avez tracée et qu’elle suit méticuleusement, à savoir, celle de la domestication de tous les organes et moyens d’information du pays. Monsieur le Président, Depuis votre arrivée au pouvoir, vous avez réussi à mettre au pas presque tous les organes d’information du Bénin ; pas plus tard que l’année dernière, vous avez normalisé la seule télévision qui permettait encore quelques espaces de libertés, en menaçant de faire rembourser les 8 milliards francs CFA que son propriétaire devait à l’état ; depuis que ce dernier a rejoint la majorité présidentielle, ces 8 milliards sont passés par pertes et profits. Votre offensive actuelle contre le journal La Nouvelle Tribune suit la même logique. Le peuple béninois étouffe depuis votre arrivée au pouvoir, et surtout depuis votre hold-up électoral d’avril 2011. Petit à petit, vous lui arrachez toutes les libertés conquises de haute lutte lors du renversement de l’autocrate KEREKOU, dans les pas duquel vous marchez allègrement, sans vergogne ni scrupule. A l’extérieur, l’image que renvoie la télévision béninoise de notre pays est des plus exécrables et honteuses. Impossible pour nous autres de la diaspora béninoise de regarder avec nos amis, ce qui se passe dans notre pays à travers l’ORTB, si ce ne sont vos audiences interminables, les marches de soutien à votre personne, et maintenant des prières collectives en soutien à vos actions. Cette conception monolithique surannée de l’information, basée sur le culte de la personnalité, confine à l’infantilisation du peuple béninois ; elle est tout simplement incompréhensible au 21ème siècle et inacceptable. Monsieur le Président, En réalité, de la façon dont vous narguez le peuple béninois, tout doit vous sembler facile. Vous êtes devenu Président de la République alors que vous n’y aviez jamais rêvé ; à la fin de votre premier mandat, vous avez organisé un hold-up électoral qui est passé comme une lettre à la poste ; des gens que vous n’avez jamais rêvé de rencontrer sont à vos pieds ; toutes les institutions du pays sont domestiquées ; vous jetez en prison qui vous voulez et organisez la mobilité carcérale de vos victimes à votre guise au mépris du code de procédure d’une justice dont vous vous êtes imposé le maître absolu. Et fort de vos succès scabreux vous en arrivez à perdre de vue que le peuple béninois est un peuple qui a de l’expérience et des ressources ; un peuple qui a combattu et renversé une autocratie autrement plus équipée que celle que vous essayez d’instaurer aujourd’hui. A votre décharge, force est de rappeler qu’après le renversement du PRPB de Mathieu KEREKOU, ni lui ni ses sbires n’ont rendu des comptes de leurs actions répréhensibles. Cette impunité vicieuse a permis aux pontes de l’ancien régime de refaire surface et de prendre leur revanche aujourd’hui sur le peuple. La leçon est maintenant comprise par le peuple et, à votre attention, nous voudrions souligner sa détermination à faire dorénavant de l’impunité, l’exemple même de ce qu’il ne peut plus accepter, son tout premier « plus jamais ça ! » : au Bénin, désormais, chacun rendra compte de ses agissements. Monsieur le Président, Comme tous les peuples épris de paix, le peuple béninois a besoin de respirer ; comme dans toute démocratie normale, les libertés démocratiques conquises de haute lutte ont besoin de se développer dans le strict respect de la souveraineté du peuple. Comme toute société normale, la société béninoise a besoin de cohésion et de justice. Tous ces besoins sont la condition d’un progrès hélas devenu sous votre règne un cruel mirage. Aussi, pour l’amour de ces besoins vitaux nous vous demandons de laisser tranquille le journal « La Nouvelle Tribune du Bénin » qui est l’un des derniers espaces de liberté de la presse béninoise. En espérant que notre requête sera prise en considération, veuillez croire Monsieur le Président en nos sentiments patriotiques. Paris le 21 Avril 2013 |
J’ai lu avec plaisir et fierté votre lettre ouverte au Président Béninois Yayi Boni. Plaisir et fierté de savoir qu’il y a encore des Béninois y compris dans la Diaspora, prompts à réagir contre les atteintes aux libertés, notamment celle de la presse au Bénin. Votre capacité à vous indigner, à dénoncer et interpeler les violateurs des droits de l’Homme vous honore et je vous en félicite. Mon plaisir est d’autant plus grand que la classe politique béninoise à l’exception notable du Parti Communiste du Bénin (PCB) garde un silence coupable face aux dérives dictatoriales du pouvoir de Yayi Boni . J’apprécie particulièrement l’accent que vous avez mis sur l’objectif visé par Yayi Boni, à savoir réduire au silence toute voix discordante, tout journal qui ne se contente pas de chanter des louanges à son pouvoir. Je veux espérer que cela aidera de nombreux Béninois à prendre conscience, à se lever pour contribuer à arrêter le fossoyeur de libertés démocratiques chèrement conquises au Bénin.
Je suis en train de lire votre opuscule intitulé « Y EN A MARRE, NOUS ACCUSONS » et ne manquerai pas de vous faire connaître mon commentaire. Du courage !!! Alo minton dié.
Kanto Zoti
Rédigé par : Kanto Zoti | 23 avril 2013 à 18:23