DOSSOU ROBERT ET BATOKO OUSMANE, DEUX COMPERES DE KEREKOU VEULENT IMMORTALISER LEUR MENTOR Le jeudi 7 mars 2013, s’est tenue à Cotonou, une conférence de presse sous la direction des Présidents des deux plus hautes institutions arbitrales du Bénin, Ousmane BATOKO pour la Cour suprême et DOSSOU ROBERT pour la Cour Constitutionnelle. Cette Conférence de presse avait pour objet : « l’immortalisation de Mathieu KEREKOU ». Au dernier trimestre de l’année 2012, les anciennes victimes de KEREKOUont fait une campagne très importante pour montrer ce qu’a été le vrai visage de son pouvoir, comment il a détruit la vie de milliers de Béninois ; des plaintes ont même été déposées contre lui, plaintes restées sans suite jusque-là. C’est dire que dans le cours normal des choses, ces deux institutions peuvent être amenées à trancher des litiges entre KEREKOU et les victimes de son régime, ce monsieur étant encore vivant. Or, voilà que Les Présidents de ces institutions, viennent demander d’immortaliser KEREKOU. La tendance générale aujourd’hui dans le monde, c’est de demander des comptes aux anciens dictateurs et à leurs complices. En Argentine, les généraux de la dictature et leurs complices sont jugés, condamnés pour leurs méfaits. Au Chili, on a déterré dernièrement le corps de Salvador Allende pour être sûr des conditions de sa mort. De même, il est question de déterrer le corps du grand poète Pablo NERUDA pour savoir s’il a été empoisonné par les militaires ou non. Au Brésil les victimes de la dictature ont été réhabilitées et dédommagées. Au Bénin au contraire, on a accordé l’immunité à KEREKOU, alors que les victimes de son pouvoir et ceux qui ont contribué à sa chute ont été piétinés et jetés aux oubliettes. Dans la réalité, l’immunité de KEREKOU est un bouclier qui protège tous ses collaborateurs et complices. Or la dernière campagne des victimes de leurs forfaits les a fragilisés. Voilà pourquoi il faut renforcer le verrou de l’immunité en immortalisant KEREKOU. En cherchant à immortaliser KEREKOU, c’est d’abord à eux-mêmes que les DOSSOU Robert et BATOKO Ousmane pensent ; voilà des gens qui savent très bien le rôle qu’ils ont joué aux côtés de KEREKOU sous le PRPB et qui ont peur qu’un jour, le peuple ne leur demande des comptes. Lorsque les luttes ont commencé en janvier 1989 contre le pouvoir de KEREKOU, BATOKO en tant que porte-parole du gouvernement, s’est illustré dans l’intimidation et la répression. En effet, tandis que depuis le 9 janvier 1989 tous les travailleurs béninois de l’enseignement sont en grève générale, le 2 février 1989, le correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à Cotonou rapporte : « Cotonou, 2 février, AFP : le gouvernement béninois a décidé de révoquer purement et simplement tous les fonctionnaires en grève depuis le 9 janvier dernier et qui n’ont pas cru devoir reprendre le service à la date du 31 janvier 1989, a annoncé le ministre béninois de l’information, Monsieur Ousmane BATOKO. En annonçant tard dans la nuit de mercredi à jeudi cette décision, Monsieur BATOKO, porte-parole du Gouvernement, a précisé que des instructions fermes avaient été données aux ministres du Travail, des Enseignements moyens et supérieurs ainsi qu’au ministre de l’Enseignement de Base « pour recenser les jeunes diplômés sans emploi susceptibles de remplacer les agents licenciés ». Ainsi parlait en 1989, notre président « démocrate » de la Cour Suprême. Quant à DOSSOU Robert, Député et ministre sous le PRPB, il a menacé de faire intervenir l’armée si la Conférence Nationale se déclarait souveraine. Il suffit de se référer aux bandes sonores de l’année de lutte 1989 pour retrouver tout ça. Or nos deux compères savent que tout cela existe et que personne ne peut l’effacer.Comme l’œil de Caïn leurs méfaits les poursuivent tous les jours. L’immunité accordée à KEREKOU, cette digue qui protège aussi tous ses collaborateurs et complices, devient de plus en plus fragile et anachronique. Tout le monde voit aujourd’hui que c’est l’une des causes majeures des maux dont souffre le pays avec la généralisation de l’impunité. Pour ses complices, il faut donc renforcer cette digue par quelque chose de plus solide, l’immortalisation. Elle renforcerait la protection de KEREKOU et en même temps celle de nos deux compères. Dans les pays qui ont connu des dictatures, lorsque celles-ci ont été renversées, on a demandé et on continue de demander des comptes aux dictateurs et à leurs complices. On a indemnisé les victimes, rétabli beaucoup dans leurs droits. Au Bénin, non seulement rien de tout cela n’a été fait, pire, on a confié la direction des deux plus grandes institutions arbitrales protectrices des lois et des citoyens du pays à deux anciens complices du dictateur ; comment s’étonner dans ce cas qu’ils viennent demander l’immortalisation de leur patron ? Au Bénin, on marche sur la tête. Paris le 26/03/2013
Gilbert Kouessi
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