Avec un homme comme Yayi Boni, alliance du banquier et du despote, le Bénin ne peut pas avancer. Ni aujourd’hui ni demain ! Parce que Yayi Boni utilise de manière despotique les méthodes et la culture de banquier pour diriger le pays. Pas de ces banquiers manuels, ancêtres de l’idée de la banque, dont c’est l’argent même qui constitue le capital de leurs affaires. Mais des directeurs de banque modernes, PDG qui font des prêts à l’emporte-pièce, dépensent sans compter un argent abstrait, dont ils ne savent rien et n’entendent rien savoir de l’origine. Cette banque des conseils d’Administration feutrés et des actionnaires institutionnels, qui brasse des milliards sans se soucier de leur provenance. Cette culture a conduit à la bancarisation de la vie publique au Bénin. Depuis 2006, Yayi Boni a certainement pu réaliser le projet consistant par exemple, entre autres actes financiers occultes, à extraire la bagatelle de 20 à 30 milliards de francs dans le seul but d’instrumentaliser des institutions, d’acheter consciences et silences de maintes catégories d’acteurs sociaux, politiques et diplomatiques. Ainsi est-il parvenu à les neutraliser, à les vassaliser, annihilant par-là même la rationalité démocratique dans son essence. L’autre aspect de sa méthode consiste à donner une apparence rationnelle ( pseudo-comptable ou budgétaire) à des actes et des pratiques qui de par les excès et la démesure auxquels ils donnent lieu, in fine, relèvent de (ou aboutissent à) la corruption objective. Par exemple, on imagine que des comptes sont tenus de ses dépenses de voyage internationaux, entre l’affrètement des avions, les hôtels, les réceptions, en dehors des invitations expresses, le nombre plus ou moins grand de sa délégation, etc. Mais dans la mesure où la cadence de ces voyages est anormalement élevée, que les délégations sont fantaisistes et/ou pléthoriques, pour ce qui est espéré d’un petit pays comme le Bénin, ce n’est pas parce qu’on en aurait tenu la comptabilité ( y compris dans le budget national) que cette entreprise touristique sous couvert de diplomatie ne friserait pas de la corruption objective. Car la corruption est dans l’arbitraire, l’autoritarisme et le fait du prince auxquels les budgétisations et les comptabilité prêtent une apparence rationnelle. Avec Yayi Boni, toutes sortes de dépenses sont faites, à tort et à travers et de façon arbitraire, générant systématiquement, comme dans le cas des Machines Agricoles, de la corruption fatale. Mais leur seule excuse est que ces dépenses seraient exécutées selon une rationalité comptable, juridique, voire légale. Or, à y voir de prêt, comme dans tous les actes de Yayi Boni, il s’agit d’une mise en scène de formes vides. Car tout se passe comme si les projets qui justifient ces dépenses perverses ne sont que des prétextes pour la corruption, qui est en réalité le but même de ces mises en jeu de l’argent public. Nous assistons à une débauche de gesticulations rationalistes visant à masquer des pratiques profondément irrationnelles, d’un point de vue moral, éthique, politique, social, et surtout économique. Par ailleurs -- et c’est sur ce point que bute notre misère rationnelle -- à quoi servent toutes ces gesticulations formelles lorsque l’argent public est géré de façon patrimoniale ? A quoi servent-elles lorsque le bilan gestionnaire du Chef de l’Etat n’entre pas en ligne de compte dans sa réélection ? A quoi servent-elles lorsqu’à la fin de son mandat, s’il s’en va sans créer de zizanie politique, il ne sera pas inquiété pour son bilan désastreux, sa gabegie et sa corruption mais considéré comme un héros de la démocratie ? Et puis, il y a un autre aspect du vice de la culture de banquier, qui consiste à ne pas se donner de limite à l’incrémentation continue des dépenses, à se laisser porter par le mouvement abstrait de ces flux et sommations, sans aucun égard pour leurs conséquences réelles ; à créer des trous béants dans les caisses de l’état et à projeter tout cela dans un espace artificiel d’amortissement hypothétique, indexé sur des châteaux en Espagne, et des manques à gagner imaginaires. Cette culture et cette méthode de banquier ne peuvent que conduire à la ruine d’un pays. Comment saurait-il en être autrement lorsqu’un pays tout entier se voit confié à un homme qui n’a jamais fait de politique et dont le seul métier est d’avoir été banquier dans une institution financière sous-régionale ? Quelle évaluation a-t-on porté sur le banquier de la BOAD avant de l’accueillir en héros à la tête du Bénin ? A-t-on jamais publié l’audit de sa Présidence dix ans durant de la BOAD ? Qu’est-ce qu’on sait des qualités du banquier Yayi Boni ? Rien : il est PDG de la BOAD, et cela a suffi à lui donner le Bon Dieu sans confession ! Quand on ajoute à ce défaut conceptuel capital tous les travers idiosyncrasiques de l’homme que sont l’antidémocratisme viscéral de Yayi Boni, son culte de soi, son naturel complexé et son culturel régionaliste, on comprend que le Bénin, tombé par inadvertance dans les mains d’un tel homme, soit devenu un albatros aux ailes lestées de plomb, incapable de voler, et supplanté par presque touts les pays de la zone UMOA ! Parce que, avec Yayi Boni, le Bénin cumule tous les défauts de ses voisins, sans tirer partie d’aucun de leurs avantages respectifs. Même son désir diabolique, évident de rester au pouvoir après 2016, qui justifie la tourmente politique dans laquelle il installe le Bénin sans états d‘âme ( comme si tout lui était dû, y compris de salir l’image du pays à la face du monde) est à mettre au compte d’une conception du temps bancaire ou financier, incommensurable avec la conception du temps politique. Si le banquier Yayi Boni a dépensé 10 milliards de l’État pour réussir son holdup électoral de mars 2011, s’il a cédé au capital étranger le quart des sociétés nationales vitales pour notre pays, il est tout à fait prêt à dépenser 100 milliards et céder la totalité des sociétés nationales aux étrangers pour s’incruster au pouvoir après 2016, et ce par toutes sortes de tours de passe-passe que des institutions instrumentalisées, des ONG soudoyées, des PEF chloroformés à coup de génuflexions et de corruption, sont prêts à bénir avec plus ou moins de cynisme ou de zèle. Et, de s’être cru original ou futé en opérant ce double mélange des genres qui consiste à parachuter dans l’arène politique non seulement un homme qui n’y avait pas sa place ni l’expérience requise, mais un homme dont le défaut professionnel et le caractère personnel en font un plaie pour son économie et sa paix politique, le Bénin n’aura que ses yeux pour pleurer. A moins que le peuple en un sursaut salutaire ne se lève pour dire non ! Non à la gouvernance bancaire et bancale de Yayi Boni ! Non à la bancarisation de la vie politique ! Non à la ruine de l’économie nationale ! Non à l’impunité ! Non à la tyrannie et à la paranoïa au sommet de l’État ! Adenifuja Bolaji |
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