Notre Héros défiguré
ISBN : 2868695779
Pour comprendre comment un homme comme Yayi Boni né au Bénin peut être en train de faire ce qu’il est en train de faire maintenant ; pour comprendre la genèse et la psychologie de la Dictature, ses motivations personnelles, et ce besoin d’humilier, d’imposer une pensée unique, et par-là même la réalité collective, qui est à l’œuvre au Bénin depuis 2006 ; pour comprendre pourquoi des gens comme Soglo, Houngbédji, Amoussou et bien d’autres se taisent, entre peur et promesses, égoïsmes et fantasmes de profit personnels, la littérature pourrait y aider. Un roman simple et très court écrit par un Coréen, Yi Munyol, répond à ce besoin. Son titre est : NOTRE HÉROS DEFIGURÉ
Ce roman publié en 1987, soit 7 ans après le massacre de Kwangju, évoque l’absence de démocratie dans la Corée des années 1980. Dans une parabole, l'auteur dénonce le règne des petits chefs et les vices de la tyrannie politique. « L'élève brutal qui, avec la complicité d'un maître, impose sa loi à ses condisciples et les contraint longtemps à la servilité avant d'être démasqué, ne serait qu'un mauvais souvenir d'enfance si, plus tard, dans la vie adulte, le même oppresseur ne refaisait surface. Il arrive de temps à autre que, de manière inattendue, un livre bref - petit roman ou grand récit - s'impose soudain, au-delà de ses qualités littéraires, avec une force symbolique irrésistible. Notre héros défiguré, du Coréen Yi Munyol, devrait être de ceux-là. Car, dans cette parabole de portée universelle, les souvenirs du narrateur dénoncent avec une impitoyable simplicité les vices de la tyrannie politique. Ce livre qui, en Corée du Sud, valut à son auteur la célébrité se lit d'un trait. Dans le plaisir et l'inquiétude. » « Avec Notre Héros défiguré, Yi Munyol démonte, à travers l'histoire de gamins, la structure de la dictature et pose le problème de la lâcheté : avant de se rebeller, le narrateur trouvera une certaine paix dans la soumission à la terreur de l'un de ses condisciples à l'école. Anti-héros, l'élève révolté puis l'adulte indigné continueront cependant à ne pas vraiment choisir. "La question à laquelle Yi Munyol nous convie est simple : pourquoi la dictature a-t-elle duré si longtemps en Corée ?" commente Ch'oe Yun. Plutôt que de sombrer dans un engagement qui réduit l'ambiguïté de la vie et la complexité des situations, plutôt que de sermonner, Yi Munyol, l'autodidacte, exclu des carrières publiques en raison de l'ostracisme dont il fut victime à cause du passé communiste de son père, croit à la force du réalisme. Comme le notent ses traducteurs, Yi Munyol préfère "ne pas se laisser aller aux larmes mais plutôt montrer ces larmes afin de mettre à jour le renoncement auquel elle conduisent". » (extrait d’un article de Philippe Pons, Le Monde, 16 Novembre 1990) Préface et traduction de Ch'oe Yun et Patrick Maurus. Ce livre est paru en édition de poche dans un volume regroupant aussi L'oiseau aux ailes d'or et L’Hiver cette année là (6,86 euros) avec une préface de Michel Polac.
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