Sans crier gare, le Bénin -- pays de la Conférence Nationale -- a fait son entrée dans le club des régimes à parti unique. Comme on peut le voir, pour des raisons biologiques et/ou de rivalité fratricide, des partis censés former l'ossature de l'opposition ont rejoint en seconde noce le parti au pouvoir ainsi que son leader. Entente illicite réalisée sur le dos du peuple par une bande de soldats néocoloniaux. Alors que naguère, le PRD et la RB, en union, voulaient faire la nation contre la médiocrité, la corruption et la tyrannie incarnées par M. Yayi, au tournant de la confiscation du pouvoir par celui-ci en 2011, les leaders de ces deux partis, dans une dualité farouche, sont passés avec armes et bagages du côté du pouvoir. Quand on pense à la philosophie du pouvoir en Afrique où la volonté d'exploitation des peuples, enracinée dans une histoire pluriséculaire de domination, régit les acteurs et influence les mentalités de par en par, on ne peut que conclure à un complot de récupération des acquis du peuple. Au Bénin, le système d'exploitation de nos peuples, au lieu qu'ils s'opposent dans une lutte fratricide qui en fin de compte ruinerait leurs intérêts, a essayé d'unir ses serviteurs zélés dans une entente illicite contre le peuple. Entente antidémocratique fondée sur le pillage concerté des ressources nationales, la corruption économique et morale. Les partis qui naguère constituaient le noyau de l’opposition démocratique se sont tous agglutinés aujourd'hui autour du pouvoir : que ce soit au niveau de l’exécutif comme du parlement, la réalité du pouvoir unique nouvelle manière est là sous nos yeux. Ainsi, l’UNION FAIT LA NATION qui était partie, pour être le grand parti national d'opposition à vocation majoritaire, allégé de ses poids lourds que sont la RB et le PRD, véritables bernards l’hermite de la politique, happés par l'attraction alimentaire du pouvoir et les intrigues bassement politiciens, n'est qu'une coquille vide. Et son existence même en l'état ne semble là que pour servir de trompe-l’œil à la sensiblerie pseudo démocratique d'un régime qui a cyniquement aspiré son opposition. Le Bénin est décidément un laboratoire politique pour le meilleur et pour le pire. Jusque-là on parlait de démocratie théâtrale en tant qu'elle était mise en scène par un pouvoir qui fait violence à l'opposition représentant d’une partie du peuple et aspirant à accéder au pouvoir, la brime et la frustre de ses droits ; mais lorsque c'est la totalité des partis qui s'entend de façon illicite pour frustrer le peuple de son droit et s’engraisser par-dessus sa tête, on évolue de fait vers un système de parti unique. Et c'est ce qui s'est produit en l'espace des quelques mois qui ont suivi la dernière confiscation électorale du pouvoir par M. Yayi en 2011. Confiscation bénie par la Françafrique éternelle, les partenaires financiers et les organisations comme la PNUD et bien d’autres qui ne défendaient que leurs intérêts contre
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celui du peuple Béninois. Nous assistons à une recomposition sibylline du paysage politique dans laquelle les anciens adversaires démocratiques, l'ensemble des leaders des partis qui naguère s'opposaient de façon passablement démocratique se sont trouvés réunis dans la même nacelle politique ou plus exactement politicienne. On imagine aisément leur maître Françafricains, réunissant les frères ennemis dans ses officines métropolitaines et leur enjoignant de réaliser une entente illicite vitales pour leurs intérêts à tous mais ruineuse pour le peuple Béninois et son avenir. En l’occurrence et pour ce faire, on a seulement pris le soin de laisser la coquille vide qui fait figure d'opposition, une opposition fantomatique et pelliculaire. Un exemple de cette collusion sibylline ne se trouve-il pas dans le sort réservé à la LEPI--liste Électorale Préemptée et Instrumentalisée --désormais décrétée intouchable avant 2017 par le pouvoir et ses alliés ? Pour quelle raison ? Le PNUD, la Françafrique ou le Grand Parti Unique au Pouvoir seuls peuvent le savoir… Face à cette démission d'une démocratie qui a ouvertement viré au système du parti unique, toutes les forces vives de la nation, les travailleurs, les femmes des marchés et des campagnes, les paysans, les artisans, les jeunes, les organisations démocratiques, les étudiants et élèves, les syndicats intègres, la société civile tout entière doivent se lever comme un seul homme et exiger le retour à une vraie démocratie, celle qui a été conquise de haute lutte et dans le sacrifice ; c'est-à-dire le retour d'un gouvernement du peuple dans le seul intérêt du peuple.
Boniface Adisoda
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