L'espace yoruba, qui déborde sur le Bénin voisin actuel, n'a jamais connu d'unité politique. Les cités-royaumes yorubas ont coexisté ; certaines sont restées modestes non sans rayonner artistiquement (Owo), d'autres ont connu un destin politique plus glorieux, voire impérial. L'apogée d'Ife précède de quelques siècles celle d'Oyo, alors que le royaume edo-yoruba de Bénin, qui émerge au même moment qu'Ife, ne connaît pas la même éclipse. Sans disparaître, les cités-royaumes yorubas se replient, ouvrant la voie à l'émergence de leurs rivales. S'il existe une communauté culturelle yoruba (une origine mythique partagée, un centre religieux commun à Ile-Ife, un panthéon commun mais qui valorise |
différentes divinités selon l'endroit, un continuum dialectal marqué parfois par de fortes différences) caractérisée par la proximité de ses systèmes politiques (les institutions de gouvernement, le roi [oba], les conseils de chefs), il n'y a jamais eu d'unité politique de l'espace yoruba, ni de « pays yoruba », ou Yorubaland. Les productions artistiques à Ife ou à Bénin attestent autant d'un registre partagé que de fortes spécificités locales et ce, à plusieurs siècles d'intervalle. Ces cités-royaumes apparaissent vers le IXe s.-XIIe s. Le site d'Ile-Ife est occupé dès le VIIIe-Xe s. Le royaume se développe et atteint son apogée au XIVe s., alors même que les artisans de la cité-royaume produisent les terracottas et les bronzes qui ont fait la célébrité de la ville depuis les années 1930. L'apogée de la sculpture à Ile-Ife et l'introduction de la technique du bronze au Bénin datent probablement des XIIIe-XIVe s. Au XVe s., Ile-Ife décline alors qu'Oyo commence à étendre son emprise territoriale sur ses voisins yorubas et en direction du Niger. Le royaume est né à la fin du XIVe s. d'une migration yoruba qui colonise le site d'Old Oyo au cœur d'une zone fertile et au carrefour des routes de commerce de la savane et de la forêt. Grâce à sa cavalerie, il soumet les cités yorubas de la savane. Le royaume est à son apogée à la fin du XVIIIe s., quand il subit l'invasion peule-haoussa d'Ousmane dan Fodio qui provoque la destruction d'Old Oyo et la fuite de l'oba, contraint de refonder sa ville plus au sud au début du XIXe s. Ces migrations forcées et ces refondations urbaines sont le lot commun de nombreuses communautés : Ibadan, Ogbomosho, Abeokuta, Ijaye sont aussi des fondations nouvelles. L'appétit de puissance des chefs de guerre d'Ibadan plongea l'espace yoruba dans les guerres entre cités pendant toute la seconde moitié du XIXe s. Ibadan y gagna de reconstituer un empire qui céda à la fin du XIXe s. devant les Britanniques et la coalition de ses ennemies, Abeokuta et Ijebu. |
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