Yayi Boni n’est que la forme politique que prend notre bêtise collective du moment. En politique comme dans la vie, toute chose vient à point nommé. Et l’adage n’est pas faux qui considère que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent ; surtout qu’en l’occurrence l’homme sort pour ainsi dire de la cuisse de Jupiter, adoubé par un quarteron d’intrigants ; et bien que ceux-ci passassent pour des demi-dieux de la science politique, à force de s’être engraissés aux frais de la nation pendant des décennies pour des services rétrospectivement douteux, un peuple d’un autre lieu et d’un autre temps, l’eût rejeté sans coup férir. Du moins ne lui eût-il pas donné le bon dieu sans confession ; il se fût au contraire posé des questions sur la probité et les capacités de cet inconnu qui demandait à le servir. Mais non, tel n’est pas la tournure d’esprit du peuple béninois, notamment de ceux du sud qui, d’avoir été historiquement les premiers à se frotter à la culture du Blanc en ont gobé les tares et les travers qu’ils n’ont de cesse d’exhiber en une frénésie mimétique pour le
|
|
moins déconcertante – ce qui leur vaut d’ailleurs le mépris du Blanc, qui préfère volontiers les descendants des peuples qui naguère lui manifestaient défiance et distance. Mais ainsi est fait le peuple de ce pays que sa grandeur et sa médiocrité s’enlacent et s’enlisent dans une prodigieuse naïveté. A l’instar de ses élites du sud, il n’est jamais imbécile que lorsqu’il se croit au sommet de son intelligence.
Aussi point n’est besoin de se lamenter de la honte et la déception dont Yayi Boni est le nom. Quand le peuple aura pris conscience des formes de la bêtise de ses élites, quand il sera mûr pour se donner un dirigeant de qualité et de vision, celui-ci émergera… En attendant le cirque de la bêtise continue
Aminou Balogun
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.