Déçu par le score serré de la victoire de François Hollande dans l'élection du 6 mai 2012, j'étais un peu méditatif, car le rejet de Nicolas Sarkozy auquel je m'attendais ne me paraissait pas bien traduit dans ce léger écart de voix qui séparait le vainqueur du vaincu. J’aurais voulu une victoire de 60/40, nette et sans bavure. Même si je suis conscient que, paradoxalement, si la « crise » a joué dans l'espoir du changement qui a eu raison de Sarkozy, la même « crise » a joué aussi dans le sens d'une prudence conservatrice des Français : on ne change pas le capitaine dans la tempête ; sauf si on a de bonnes raisons pour cela. J’en étais à mes supputations rageuses, bien que j’eusse de bonnes raisons de voir, comme la multitude de gens qui en avaient assez de cette présidence désaxée de Sarkozy, la vie en rose, lorsque tombèrent sur les écrans les chiffres du vote à Paris : 55,60 % pour François Hollande et 44,40 % pour Nicolas Sarkozy. Et je me dis : « voilà le score qu’il aurait fallu à l'échelle nationale ! » ; « Voilà le score qui était à la mesure de ce que je considérais comme le rejet bien mérité de Nicolas Sarkozy ». Et à la réflexion, je compris que la capacité de prendre conscience de la médiocrité du style et de l'irrationalité de la gouvernance de Nicolas Sarkozy était sociologiquement déterminée. Paris avait su refléter le rejet bien mérité de Nicolas Sarkozy parce que ce n'était pas n'importe quel coin de France, ce n'était pas un recoin de France mais une grande ville. La plus grande ville de France. C'est une ville lumière, une ville d’information, une ville de culture, une ville qui avait le plus grand nombre d'universités, le plus grand nombre de grandes écoles, le plus grand nombre de bibliothèques, de théâtre etc. C'est aussi une ville ouverte sur le monde où se rencontrent toutes sortes de cultures différentes et de gens venus d'horizons divers. C'est donc la première ville de France en termes de chance d'y éclairer, à défaut de son intelligence, sa conscience sur les réalités politiques. Et comme la conscience de la réalité politique était fonction du niveau d'éducation et du capital culturel, par opposition à l'étroitesse de vue et d’esprit des recoins et des lieux moins exposés aux lumières de l'éducation, de l'information, il était tout naturel que le rejet de Sarkozy, fondé sur la conscience claire de la calamité éthique et sociale qu'il a représentée fût, à Paris, le plus fort et le plus cinglant, le plus proche de ce qu'il méritait.
Et, à partir de cette déduction, allant plus loin, ma réflexion m'amena à poser la question des conditions sociologiques minimales de la validité de la démocratie, de sa pertinence en
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termes de conscience individuelle du citoyen, de la capacité individuelle de réfléchir et d'assumer clairement sa citoyenneté sur la base d'une conscience autonome et libre des injonctions manipulatrices et de la prévalence émotionnelle. Cela me fit prendre conscience de la grande distance qui, en Afrique, nous sépare de la vraie pratique et de l'éthique même de la démocratie pourtant nécessaire au progrès et à la prospérité qui nous manquent tant. Comment pouvons-nous démocratiquement élire nos représentants politiques en Afrique dans la transparence et la justice, dans le respect du citoyen et de la chose publique si la grande masse des citoyens ou supposés tels ne sont pas instruits, non seulement dans leur langue mais dans aucune autre langue disponible ? Et comment au-delà du zéro analphabétisme qui est requis pour que l'information soit reçue par la grande majorité des citoyens, s'ajoute aussi toutes les aptitudes citoyennes en rapport avec la rationalité légale, la connaissance des droits, mais aussi des devoirs du citoyen, la capacité de prendre du recul, d'analyser, de se poser des questions, la conscience aiguë des enjeux du monde actuel enracinée dans une connaissance éclairante de l'histoire : la nationale, mais aussi l'histoire des autres nations africaines dans la recherche nécessaire de leur unité. Ces tares et lacunes structurelles qui grèvent l'ambition démocratique sont aggravées par le manque de volonté des élites et la tentation égoïste d'user de la politique comme tremplin de l'accomplissement sinon de l'enrichissement personnel. Ce n'est donc pas pour rien que dans un pays comme le Bénin, la démocratie est essentiellement théâtrale, farce tragi-comique dans laquelle on engloutit des milliards, en tournant le peuple en bourrique, au lieu d'édifier un théâtre national digne de ce nom ; théâtre qui lui au moins aurait l’avantage d’apporter la lumière aux citoyens.
Binason Avèkes
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Ces tares et lacunes structurelles qui grèvent l'ambition démocratique sont aggravées par le manque de volonté des élites et la tentation égoïste d'user de la politique comme tremplin de l'accomplissement sinon de l'enrichissement personnel.
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Bonjour Cher compatriote,
Je lis souvent vos articles qui sont bien travaillés, bien documentés. Ce n'est pas facile gagner une élection Présidentielle surtout dans un contexte de crise financière internationale. Nous les militants Socialistes de base, et dans les sections, nous n'avons pas été contactés pour voter sur le choix des grands thèmes surtout sensibles qui intéressent la majorité des électeurs français : par exemple l'euthanasie, l'adoption des enfants par les homosexuels, le mariage des homosexuels, le vote des étrangers aux élections locales , les Municipales; la France chrétienne du Président -Candidat.; l'augmentation des impôts sur les revenus des riches, les niches fiscales.etc..
Les français veulent entendre comment François Hollande, une fois élu Président de la République, pourras trouver des solutions pour l'emploi, pour le logement, pour la vie chère, comment aider les chômeurs de longues durées, les jeunes, les chômeurs de 50 ans et plus,; les retraités qui gagnent 500 euros par mois et qui ne sont pas propriétaires de leurs logements; la précarité etc... Comment limiter l'immigration des africains du Maghreb et certains de l'Afrique de l'Ouest qui ne parlent pas un seul mot français ? l'immigration des européens de l'est qui ne parlent pas non plus le français. L'UMP et le Front National parlent d'une seule et même voix pour interdire l'immigration économique. Je me rappelle quand Michel Rocard, ancien Premier Ministre de François Mitterrand qui disait qe la France n'a plus les moyens d'accueillir toutes les misères du monde... Les Présidents Français préfèrent accueillir les étrangers médecins, infirmières, les informaticiens, les ingénieurs ou biens les cadres scientifiques et rien d'autres.
Voilà ce que je peux apporter en réponse au score 51,62 contre 48,38 . L'essentiel est de faire partir Nicolas Sarkosy à tout prix.
Je ne sais pas si vous suivez de temps en temps ce qui se passe chez nous au Bénin, surtout l'année dernière pendant l'élection présidentielle où pour la première fois dans notre histoire les Béninois du Sud ont été privés de 1 million
400.000 cartes d'électeurs afin de faire élire Yayi Thomas Boni pour un 2ème et dernier mandat au détriment de Maître Adrien Houngbédji ! Donc l'alternance ne fonctionne pas chez nous en Afrique. Regardez chez le pays voisin, le Togo. C'est la famille Eyadema qui gouverne depuis près de 50 ans ! Il n'y a pas d'alternance; pas de démocratie; les droits de l'homme sont toujours bafoués.; les journalistes sont chassés ou torturés en prison.
Voilà le mal de l'Afrique !
Merci pour vos messages que je lis tous les jours et ceux de Brother Benoît Illassa.
A bientôt et du courage dans ce métier difficile de Conseiller en Communication.
Brother Marcel.
Rédigé par : BROTHER MARCEL | 09 mai 2012 à 16:11