Drôle de conception de l'exemplarité du président de la République sous nos tropiques : les gens saisissent le pouvoir par la force ou la fraude et, malgré cela, ils espèrent quand même apparaître comme et même être un exemple pour leurs concitoyens, un modèle pour la jeunesse et une référence pour le peuple. Comment frauder pour accéder au pouvoir ou s’y maintenir et ne pas se douter que cela ferait appel d'air à toute la structure subordonnée et à toute la société, appel d’air à se livrer à qui mieux mieux à la fraude, à la corruption, voire au crime ? Cette question, comme on peut le deviner, est inspirée par le scandaleux holdup électoral perpétré au Bénin en mars 2011, ce galimatias de fraude et de trucage par lequel M. Yayi et sa clique de sodomites politiques tournèrent en bourrique le peuple béninois pour se cramponner au pouvoir. Que pensent-ils ce faisant de toute l'orientation éthique de la société qui découlerait de leurs actes ? Que la corruption, la fraude et les vols mais aussi les violences et crimes de toute nature s'en amélioreraient ? Évidemment non ! Au contraire, revigorées par l'appel d'air du viol au sommet, ces mœurs s'amplifieront et se systématiseront hypothéquant l’espoir de progrès dans notre pays. Voilà comment le sous-développement et la misère ont, dans nos contrées, pour premiers alliés et vecteurs ceux-là mêmes qui sont censés les combattre, ceux-là mêmes qui sont censés diriger le peuple vers le cap de Bonne-Espérance. Mais le Bénin n'est pas le seul dans son cas en Afrique, loin de là. La réflexion soulevée ici, du Bénin peut traverser nos frontières en direction de l'est pour s'adresser au Nigéria et ce sans solution de continuité. Ce grand voisin a connu aussi en 2011 une élection présidentielle. Et, bien que cela donnât lieu à une violence protestataire lourdement coûteuse en vies humaines, il s'agissait pourtant dans l'histoire politique du Nigéria des élections les plus justes jamais organisées. C'est qu'au Nigéria, outre la violence politique chronique, règne une défiance du milieu politique et une incrédulité populaire quant à la sincérité des hommes politiques. Mais malgré cette réaction violente ethniquement et religieusement déterminée, la source de violence la plus préoccupante et à terme anomique du Nigéria demeure les crimes de droit commun, les actes de barbarie des bandits armés, les pirates de tous genres, les fraudeurs, etc. Cette source de violence est d'autant plus inquiétante qu'elle rend le Nigéria dangereux et la vie humaine au quotidien incertaine, placée sous la menace permanente de bandes armées impitoyables et cruelles envers leurs victimes. Mis à part les violences régionalistes et religieuses, les violences relevant du crime de droit commun sont celles qui ternissent le plus l’image du Nigeria, et freinent son développement. Elles sont d’autant plus préoccupantes que d'une façon indistincte elles mettent la vie de tous en danger. Elles rendent aléatoire la sécurité des personnes et des biens.
Cette violence nécessite une action énergique des pouvoirs publics aussi bien en amont au niveau de l'éducation de masse qu’en aval avec la prévention et la répression et l’administration de la justice et de la sécurité au quotidien. Seulement voilà, c’est là que surgit le paradoxe, et avec lui la réflexion initiale de ce propos : comment peut-on espérer qu’une société assure si peu que ce soit la sécurité des personnes et des biens lorsqu'à son sommet les gens accèdent au pouvoir par la fraude et règnent par la corruption et l’impunité ? Pour que le Nigéria devienne un pays sain et normal, un pays où séjourner ne serait pas un acte héroïque ou suicidaire comme c'est le cas actuellement, il faudrait que l'État assume sa responsabilité politique d'éradication de la violence et des crimes, de lutte contre les fraudes et corruptions qui sont endémiques et d’une prégnance antisociale. Mais dans l'état actuel des choses comment un tel objectif peut-il être atteint si ceux qui doivent le prendre à bras-le-corps sont encore plus corrompues que les criminels de droit commun ? Au Bénin comme au Nigéria tel est le cercle vicieux de l'exemplarité de nos soi-disant dirigeants. Un cercle vicieux qui n’émeut pas grand monde, qui ne choque personne
Banjo Adepeju
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Comment peut-on espérer qu’une société assure si peu que ce soit la sécurité des personnes et des biens lorsqu'à son sommet les gens accèdent au pouvoir par la fraude et règnent par la corruption et l’impunité ? |
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