Le prince Adjiki, fils de Toffa, coiffé du bicorne à plumes blanches,
insigne de la souveraineté, assiste aux fêtes de son couronnement.
Extraite du Petit Journal du 5/04/1908
Le Petit Journal est un quotidien français d'information qui battait son plein dans les années 1870 jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. Dans une Europe raciste et colonialiste de l'époque, le ton était à l'apologie de la colonisation et au dénigrement des Noirs et Africains colonisés ou en passe de l'être. Le discours tendait ostensiblement et sans nuance à dépeindre l'entreprise colonialiste comme nécessaire, évidente et salutaire. Ses promoteurs, les Blancs, étaient des civilisés, héros d'une civilisation supérieure. Dans le même temps, les Noirs étaient montrés comme des sauvages, des races inférieures, de grands enfants qu'il convenait de soumettre et de dresser. Leurs héros, s'ils se piquaient d'en avoir et que par la force des choses on fût obligé de les reconnaître, étaient ridiculisés et voués aux gémonies. La manipulation des faits et des représentations est l'élément majeur de ce qui était donné à lire et à comprendre dans ce genre de presse concernant la réalité des colonies. Ainsi le royaume d'Abomey, représenté dans l'imaginaire colonial par Béhanzin, était présenté comme sauvage, dominé par des esclavagistes cannibales et sanguinaires, bref le mauvais nègre en somme ; tandis que son rival et frère le royaume de Porto-Novo, libéré de son oppression par la France, entre dans la catégorie des aspirants à la civilisation : l'image idéale du bon nègre… C'est cette représentation clivée, manichéenne et par-dessus tout mensongère, fer de lance d'une propagande de lavage de cerveau et de domination coloniale qui est donnée à voir dans l'image publiée ici par le Petit journal avec un article célébrant l'intronisation du nouveau roi de Porto-Novo ; intronisation qui fait l'objet d'un regard comparatif avec le même type de cérémonie dans le royaume d'Abomey. La simplicité, la sobriété et l'ordonnancement civilisé de la cérémonie de Porto-Novo sont présentés comme s’opposant au débordement et à la sauvagerie des rituels et fêtes d'Abomey. |
L'intronisation du prince Adjiki
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.