Sarkozy, Hollande : du pareil au même ! La France a un nouveau Président. Et, à chaque scrutin, en France, il se trouve toujours des gens bien intentionnés pour se demander ce que l’Afrique pourrait espérer du nouvel élu. Ainsi , apprend-on, l’élection de Hollande a provoqué un branle bas dans le landerneau politique de certains pays d’Afrique centrale où des opposants se sont pris à rêver d’un changement de cap des nouveaux dirigeants à l’égard de leurs pays. Pauvres de nous Africains ! Disons -le d’emblée, l’élection d’un nouveau président en France est d’abord une bonne nouvelle pour les Français. Mais Il se fait que pour la première fois depuis longtemps, ceux qui ont voté contre Sarkozy, l’ont fait, pour les mêmes raisons que les Africains qui affirment ne pas le porter dans leur cœur. Son style de gouvernement , son omniprésence et son arrogance ont été souvent épinglés autant que sa personnalité plutôt impulsive, toujours prompte à utiliser des termes du registre familier pour ne pas dire plus. Tout le monde se souvient de son interpellation « casse-toi, pauvre con ! » à l’endroit d’un visiteur qui refusait de prendre sa main tendue en guise de salutation, au salon annuel d’agriculture au lendemain de son investiture. Et si certains justifient leur choix par des raisons purement politiques, ce n’est pas seulement à cause de la crise de la dette qu’il n’a pas réussi à juguler mais aussi pour la tendance de Sarkozy à favoriser le grand capital et surtout à ne pas s’en cacher. L’Afrique, elle, se souviendra longtemps de ce discours de Dakar et de cette petite phrase humiliante sur « l’Africain qui n’est pas suffisamment entré dans l’histoire ».Elle se souviendra surtout de ce président de la droite dite décomplexée, arrogante qui avait d’abord déclaré à Cotonou que la « France se souciait comme d’une guigne de la percée de la Chine en Afrique » avant de se rétracter, comme tous ses prédécesseurs pour travailler sans complexe à consolider et préserver les « acquis » des grands patrons français parmi lesquels , il compte beaucoup d’amis. Ainsi en a-t-il été du puissant groupe Bolloré qui, sous son mandat, a opportunément étendu ses tentacules sur tous les ports du golfe de Guinée, de Dakar à Cotonou en passant par Abidjan et surtout Conakry où un contrat signé avec un concurrent a été résilié par le nouvel élu. De ce point de vue, pas grand-chose ou si peu changeront pour l’Afrique avec son successeur. On voit mal Hollande, le socialiste remettre fondamentalement en cause ces « acquis ». A preuve, au cours de la campagne, il a multiplié les symboles pour montrer sa filiation mitterrandienne. Or, nous savons ce qu’a été le double septennat de Mitterrand en Afrique. Une période de double langage où le statu quo a été maintenu et consolidé dans les pays dits du pré-carré en même temps qu’une forme de condescendance pour des régimes comme ceux du révolutionnaire Thomas Sankara. L’assassinat de ce dernier et l’adoubement de son successeur par Paris montre la distance qui sépare la vision des partisans africains de la rupture des liens néocoloniaux de celle de leurs « camarades socialistes français ». Ainsi, ni le Gabon d’omar Bongo, ni la Côte d’Ivoire d’Houphouet Boigny n’ont jamais été inquiétés par la politique africaine des socialistes français sous Mitterrand. Au contraire, le ministre de la Coopération Jean Pierre Cot qui ne s’accommodait pas des survivances de la Françafrique a été débarqué du gouvernement pour retourner à ses chers enseignements à l’université. Et bien des années plus tard, Sarkozy qui avait lui aussi évoqué la fin de cette Françafrique plusieurs fois honnie, a dû se séparer de l’un ses ministres d’ouverture , Jean Marie Bokel, transfuge du Ps, relégué à un ministère de moindre importance, après des propos aigre-doux à l’égard des gourous et des séides de la Françafrique. « Même après le discours de la Baule, pas grand-chose n’a changé véritablement dans les relations franco-africaines. Avant le soutien franc et inconditionnel de la gauche mitterrandienne au dictateur rwandais Juvénal Habyarimana jusqu’ en 94, année du génocide, il ya eu en 1992 l’appel au secours resté sans échos du Premier ministre Togolais Joseph Kocou Koffigoh dont les bureaux de la primature ont été encerclés par la soldatesque de Gnansingbé Eyadéma. Les troupes françaises dépêchées à la frontière bénino –togolaise de Hilla-Condji n’ont pas bougé d’un pouce, donnant du coup un nouveau souffle au régime autoritaire du général Eyadéma. La suite , on la connaît. La vérité est que la gauche et la droite française ont déjà fait leur mue en matière de politique africaine de la France . Fini, la colonisation de papa avec les barbouzes et les légionnaires de Kolwezi et bonjour les intérêts de la France. A preuve les socialistes français ne se sont pas opposés à l’intervention sarkozyenne en Lybie et en Côte d’Ivoire. Le camarade Gbagbo n’était plus contrôlable ni fréquentable. Les responsables du parti socialiste français le lui ont fait savoir le plus fermement du monde . Ce qui a contraint le camp Gbagbo à chercher d’autres soutiens ailleurs qu’en France, sans succès. L e président Mahamadou Issifou du Niger, producteur d’uranium est averti. Quand il lui viendra l’idée de s’en prendre aux intérêts d’Aréva , ses entrées à l’international socialiste ne lui seront d’aucun secours.
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