Deux Remarques Renvoyant à notre Aliénation
A propos des événements du Mali, on peut lire dans la presse française : “Son Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui s'est rendu à son chevet avec d'autres personnalités, a déploré cette agression, en appelant au calme et à la fin des marches dans une déclaration en langue bambara lundi soir à la télévision publique malienne ORTM. Il a évoqué notamment des saccages lors des manifestations de lundi. "Le Mali ne mérite pas cela", a-t-il lancé." Depuis Chicago (Etats-Unis) où il participe au sommet de l'Otan, le président français François Hollande a condamné cette agression et appelé au respect des autorités et du processus de transition maliens.»
Deux remarques sur cette info : Première remarque : On nous dit que le premier Ministre du Mali Cheick Modibo Diarra a fait sa déclaration en bambara… C’est tout à fait curieux de faire cette précision, sauf à tenir pour allant de soi la condition d’aliénation qui pèse sur les Africains, et qui fait que ce qui va de soi ailleurs n'aille plus de soi chez nous. Quand on parle d’une déclaration du premier Ministre anglais en Angleterre, précise-t-on qu’il a parlé en anglais ? Quand on parle de la déclaration du premier Ministre Irlandais en Irlande, précise-t-on qu’il a parlé en irlandais ? Mais alors pourquoi ce serait le cas pour le Mali ? Parce que nous sommes pieds et poings liés dans cette tromperie aliénation-manipulation-bizarrerie héritée du colonialisme qui nous oblige à laisser au vestiaire de la domination symbolique nos langues qui nous parlent au plus profond de nous pour parler le français ou l’anglais, langues du colonialisme par lesquelles ceux-ci renforcent leur domination sur nos esprits, nos corps et nos pays ! Deuxième remarque : Pourquoi le président français s’inquiète-t-il plus pour le Mali qu’un autre président du G8 ? Quels rapports privilégiés ont les Maliens avec la France pour que son président s’alarme plus que de raison ou de droit sur le sort du Mali ? Est-ce le rapport qui rend la vie difficile aux balayeurs Maliens en France ? Le rapport qui est porté à leur expulsion régulière pour cause de séjour irrégulier en France ? Le rapport qui ne verrait jamais la nomination d’aucun Ministre d’origine malienne dans un gouvernement français puisque visiblement l’heure est à la nomination des femmes et plus précisément des femmes antillaises ou arabes en matière de “personnes issues de la diversité “?
Que le premier Ministre Cheick Modibo Diarra, mathématicien de renom -- qui dès lors sait, à l’instar de Galilée qui l’affirma, que la nature est un livre écrit dans la langue des mathématiques – ne se laisse pas embobiner dans la mystification francophone et utilise directement la langue de ses aïeux, celle qui parle réellement aux tripes de la nation, peut choquer même un journaliste au point que la chose soit précisée. Mais notre confrère et frère africain doit faire très attention, car la France ne badine pas avec la question de l’aliénation par la langue. Cette question a été au centre du génocide du Rwanda. Cela étant dit, j’ai toujours pensé que des leaders bien instruits, qui ont goûté au nectar de la vraie science peuvent servir d’éclaireurs à nos peuples. Le choix de Cheick Modibo Diarra de parler en bambara lorsque et parce que c’était nécessaire est la preuve de cette saine lucidité si indispensables aux dirigeants africains pour sauver notre continent, notre race, nos peuples ; lucidité qui hélas fait défaut au plus grand nombre d’entre eux. En Afrique si le savant peut faire un bon politique, il y a savant et savant. L’expérience prouve que le microcosme africain est criblé de Docteurs en ceci, de Professeurs en cela, et de Maîtres en tout genre, dont la médiocrité s’expose de façon tristement spectaculaire à la face du monde. Entre les Docteurs aliénés, Docteurs et Professeurs de complaisance, qui ont acquis ces titres de façon douteuse, approximative ou routinière, et le plus souvent pour s’en prévaloir, entre ces singes-savants et les Savant-philosophes comme l’invoquait Platon dans la République, il y a une différence de nature. Enfin, pour l’indépendance du Mali il serait souhaitable que plus d’une grande nation se préoccupe de ses malheurs, comme de son bonheur, et qu’aucune ne s’en arroge l’apanage… Aminou Balogun |
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