On distingue souvent la sphère politique ainsi que ses acteurs de ce qui est posé comme son contraire, la sphère non politique impliquant des acteurs et des activités prétendument apolitiques. Mais cette distinction, loin d'être aussi étanche qu'il y paraît est le plus souvent factice et l'expérience montre comment beaucoup d'acteurs utilisent la politique pour sortir de la politique afin de revenir en force dans la politique. Prenez l'exemple de Yayi Boni. Il a utilisé la politique pour jouer la caution nordique de la RB du temps de la présidence Soglo. Ce positionnement lui a valu de capter le poste refuge de président de la BOAD. De ce promontoire apparemment apolitique, il a pu royalement se lancer dans la course à l'élection présidentielle et devenir le président du Bénin en 2006. On pourra citer beaucoup d'autres exemples qui illustrent ce parcours classique de l'enchevêtrement entre carrières strictement politique et carrières apparemment non politiques. Bon nombre de gens aussi bien dans notre pays que dans le monde usent de cette logique de l'échange de bons procédés entre la sphère politique et la sphère apolitique. Des gens comme Tévoédjrè, Amoussou, Dossou, et bien d'autres en sont des exemples aussi vivants qu’éloquents. L'exemple le plus récent au Bénin est donné par l'initiative de M. Abdoulaye Bio Tchané de se lancer à l'assaut de la présidence de la république. Pour ce faire et suivant sa trajectoire professionnelle, après avoir été tour à tour ministre des finances puis Directeur Adjoint du FMI Afrique, il n'a pas trouvé mieux que de venir se caser à la tête de la BOAD, conçue comme l'antichambre même de la présidence de la république béninoise et ce à l'image du tenant du titre. Même la facilité déconcertante avec laquelle il a fait main basse sur la BOAD montre si besoin en est l’influence du pouvoir politique sur la sphère prétendument apolitique. Mais son action, aussi méticuleuse soit-elle, n’a pas été couronnée de succès.
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Loin de nous par la géographie mais assez proche par l'histoire et la réalité politique, est le cas de DSK, qui est assez éclairant. Son dernier poste politique en France était celui de ministre des finances dans le gouvernement de Jospin. Mais avec la victoire de Sarkozy en 2007, son opportunisme hédoniste l'a conduit à faire partie de la cohorte des bénéficiaires de la bonne volonté politique de Sarkozy exprimée dans le cadre de la politique dite d'ouverture mais qui en réalité visait surtout à affaiblir le camp socialiste dont DSK était issu. Mais le zigzag de DSK entre la sphère politique et la sphère théoriquement apolitique s'est achevé en queue de poisson ou plus précisément en queue à cul dans une affaire qui lui a fait perdre en un seul tenant et ses rêves politiques et sa notoriété du plus puissant argentier du monde ! Dans tous les cas, la pratique de ce zigzag montre bien la volonté opportuniste des acteurs de la sphère politique de tirer le meilleur de la puissance politique et d'utiliser celle-ci pour se positionner dans la sphère non politique. La sphère politique n'est donc pas une fin en soi et la trajectoire de bon nombre de profiteurs de la puissance du politique est un subtil enchevêtrement entre le politique et l’apolitique. La sphère politique, loin d’en être distincte ou opposée, est souvent le cheval de Troie ( sinon de bataille)de la conquête de la sphère apolitique et inversement Banusô Ajayi
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Ce positionnement lui a valu de capter le poste refuge de président de la BOAD. De ce promontoire apparemment apolitique, il a pu royalement se lancer dans la course à l'élection présidentielle et devenir le président du Bénin en 2006
La sphère, loin d’en être distincte ou opposée, est souvent le cheval de Troie ( sinon de bataille)de la conquête de la sphère apolitique et inversement
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