Les organisations soi-disant internationales, malgré leur vœu de neutralité et de transparence œuvrent souvent en synergie et dans une harmonie troublante avec les grandes puissances. Cette affirmation n’a hélas rien d’original : c’est un constat. L’une de ces puissances est bien sûr la France qui a reçu mission au sein des Blancs de jouer les gendarmes de l'Afrique. Tout se passe comme si ces organisations soi-disant internationales : l'ONU, TPI, HC J etc. avaient pour âme le système occidental dont elles ne seraient que les marionnettes. Sinon pourquoi le TPI--tribunal pénal international--un organisme censé agir dans la transparence et l'indépendance, programme-t-il le transfèrement de M. Gbagbo de Côte d'Ivoire à la veille d'événements à gros risques politiques et économiques comme les élections législatives et l'éventuelle dévaluation du franc CFA ? Le TPI fait-il béatement la volonté de la France, veille-t-il au moindre de ses soucis qu'il n'agirait pas autrement. On sait très bien que les Africains de Côte d'Ivoire comme de partout--contrairement aux treillis de chiens couchants qui leur tient lieu de dirigeants--ne voient pas d'un bon oeil le remplacement autoritaire de Gbagbo par Ouattara sous l'égide armée de la France. Ce coup de force reste un os dans la gorge de la grande masse des Africains patriotes, indépendamment du règlement de fond du problème de la Côte d'Ivoire. Les Africains observent que la Côte d'Ivoire n'est pas le seul pays où se posent des problèmes d'élection ou d'alternance politique. Le Togo, qu'on pourrait aussi appeler Eyadémaland, le Gabon ou Bongoland, le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo, le Bénin, etc., dans la zone francophone, sont des états gouvernés par des satrapes, usurpateurs, accrochés au pouvoir avec la bénédiction de la France, et à coups de trucage et de violence : les Africains le savent. Ils savent qu'au Togo le fils a été installé dans le fauteuil présidentiel du père, sans vergogne ni pudeur, au mépris des valeurs républicaines, et ce dans une violence électorale qui a fait des dizaines de morts et déplacé des milliers de réfugiés. Au Gabon, cette logique dynastique s'est donné cours au nez et à la barbe du monde, à commencer par les Africains. Au Congo, Denis Sassou Nguesso avec l'aide crapuleuse de la France a chassé du pouvoir Pascal Lissouba, président démocratiquement élu, dans une guerre meurtrière dont on s'est réjoui en France dans les milieux politiques et médiatiques comme s'il s'agissait d'une vulgaire chasse en forêt. Cette guerre qui a brisé l'élan démocratique du Congo n'a ému personne en Occident donneur de leçons démocratiques. Au Bénin, les dernières élections présidentielles ont donné lieu à une mascarade, véritable opération de corruption de l'esprit démocratique, de faux arrangements suivant la volonté des milieux d'intérêt de la Françafrique. Le peuple béninois, malgré le conditionnement qu’il subit, sait tout cela. Comme les peuples africains qui ne sont pas dupes du viol permanent que constitue l'ingérence de la France dans les affaires africaines, l'autoritarisme avec lequel ses services manipulent la vie politique des états francophones, nommant ou imposant ici tel président et chassant ou faisant la guerre là à tel autre. Les Africains savent très bien cette volonté de la France de s'imposer à demeure en Afrique, considérée comme le mât de cocagne de ses fantasmes de pillage et de domination. Les Africains savent très bien cette volonté virulente de la France d'exploiter éternellement l'Afrique, humainement et matériellement, d'imposer sa langue, ses valeurs et l'ordre de sa violence symbolique. Mais le silence africain ne signifie pas résignation.
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Et la France en sait quelque chose. En l'occurrence, en Côte d'Ivoire, ceux qui se sont crus tout permis, ont peur du réveil du peuple. Ils ont peur que ne s’y déclenche une vraie révolution dont Gbagbo serait le héros africain authentique ; une révolution pour sa libération qui symboliserait alors celle de tout le continent qui rejette le joug de l'ingérence française, de sa domination perverse, de son exploitation sexuelle, humaine, matérielle, et culturelle ; de son obsession de soumettre les Noirs ! C'est cette révolte qui fait peur à la France en Côte d'Ivoire. Cette révolte dont Gbagbo serait la figure éponyme et emblématique. Une révolte qui pourrait se cristalliser politiquement autour des tensions électorales et avoir pour détonateur économique la dévaluation du franc CFA qui est dans l'air et dont le but final est de saigner les masses africaines. La France flairant le danger a donc exprimé le désir d'éloigner Gbagbo de sa terre natale, de son pays, de son sang, de son peuple ; comme jadis elle éloignait les résistants africains à la colonisation sur des îles loin de la côte africaine. Et comme par enchantement, l'agenda du CPI répond au désir français, c'est-à-dire à sa crainte de voir les masses africaines de Côte d'Ivoire mais aussi du Gabon, du Togo, du Burkina, du Bénin et d'ailleurs entrer en effervescence révolutionnaire pour exiger leur liberté, leur délivrance du harcèlement français, de son paternalisme étouffant, de sa pédophilie colonialiste tenace. Telle est la raison principale du transfèrement de Gbagbo qui va de Nord en Nord au gré de la volonté de la France, et de sa hantise de voir les peuples d'Afrique exploser comme une bombe à retardement, péter à la figure des assassins de la liberté.
Et le TPI, ce ramassis d'ouvriers d'un Tribunal Pseudo Indépendant qui fait honte à la justice en ce qu'elle impose d'autonomie, de transparence et d'humanité, et le TPI, dis-je, vole au secours de la France, lui obéit au doigt et à l'oeil : en toute indépendance ? Imbécile !
Athanase Beugré
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