Pourquoi Peut-on dire qu'en Afrique la Dictature c'est comme du Cholestérol
En Afrique le dictateur c'est comme le cholestérol. Il y a le bon et le mauvais dictateur. Le bon dictateur c'est celui qui est créé de toute pièce par l'Occident, le plus souvent par le biais du colonisateur historique, et qui sert d'épouvantail indigène et de superviseur de la continuation hypocrite de la colonisation, et du pillage des ressources africaines, du mépris de l'Africain et de son maintien artificiel dans les ténèbres, hors de la marche du monde, de « l'histoire » comme le diraient certains…
Le mauvais dictateur en revanche est l'autocrate, self-made-man, qui n'a aucun donneur d'ordre--surtout pas occidental--autre que lui-même. Son apparition spontanée dans le champ politique africain constitue un problème aux occidentaux, un os dans leur gorge, dans la mesure où l'autocrate spontané n'a cure de leurs intérêts, et règne sur un pays aux immenses ressources minières, pétrolières ou agricoles convoitées. Cette génération spontanée d'autocratie, au départ est généralement animée d'un bon sentiment national, possède une conscience éclairée de la situation historique de son peuple, et est animé d'une volonté farouche de contribuer à son progrès. Mais, héritière de l'hétérogénéité ethnique aveugle qui a caractérisé le découpage à la serpe et la constitution de son pays par le colonisateur, son pouvoir est vite contesté par toutes les ethnies qui ne se reconnaissent pas en lui, sans parler des contestataires de sa propre ethnie dont il a réfréné les appétits, souvent pour des raisons d'équité nationale. Très vite, l'Occident, soucieux d'affaiblir cette créature spontanée, va s'engouffrer dans la brèche. Il va mettre en musique et animer la noria ethnique des opposants de l'autocrate spontané. Il va la sponsoriser. Il va la bichonner et lui apporter son soutien actif de tous les instants. D'une manière graduée, il lance par son intermédiaire des actions de provocation et de déstabilisation de celui à qui, en exclusivité et non sans malice, il confère le titre de dictateur. Ce baptême inaugural cynique est vite approprié et manié subtilement par la presse occidentale, aussi consciente des enjeux et des intérêts de race qu'elle sait se discipliner pour en assumer avec une mauvaise foi intellectuelle affligeante l'orientation injuste. L'autocrate nationaliste spontané ressent l'injustice de ces harcèlements politiques et réagit à chaque provocation par une répression violente et implacable. Intérieurement, l'autocrate spontané souffre de la bêtise de ses opposants nationaux qui se laissent manipuler par ceux qu'il considère comme les prédateurs de leur race commune. Et cette souffrance le met en rage dans la répression impitoyable de ses ennemis intérieurs. Et plus il réprime ses opposants avec violence, plus l'autocrate spontané mérite le nom de dictateur sanguinaire que les occidentaux et leurs presse lui ont donné à l'avance. Il s'agit donc, en ce qui concerne le mauvais dictateur, d'un cercle vicieux existentiel aux termes duquel en tombant dans le piège de ceux dont il voulait protéger son peuple, il devient ce qu'il ne voulait pas être, ce que ceux-ci ont décrété à l'avance qu'il sera ou qu'il est : à savoir leur créature négative.
Pendant ce temps, le bon dictateur coule des jours heureux ou, dirions-nous plus exactement, des décennies heureuses de tranquillité au pouvoir, sans être inquiété, et sans que jamais la presse ou les nations occidentales ou même l’ONU s’avisent de lui donner le nom maudit de dictateur. Sa fonction essentielle est de faciliter les intérêts politiques, moraux et matériels des Blancs, d'encourager l'exploitation minière, pétrolières, agricoles, sexuelle et humaine de son pays et de son peuple par les Occidentaux, de faciliter le blanchiment d'argent venant de l'Occident et retournant vers l'Occident au profit des caisses noires des partis politiques occidentaux, et de s'enrichir lui-même en laissant la majorité de son peuple dans les ténèbres et la misère.
La grande chasse aux dictateurs à laquelle nous assistons en Afrique depuis quelque temps et qui, entre humiliations abjectes et assassinats inhumains sous l'égide troublante d'une organisation internationale comme les Nations unies, traduit bien les limites de la politique de « diviser pour coloniser et recoloniser » à laquelle l'Occident capitaliste se livrait depuis un demi-siècle d'indépendance supposée des pays africains. Notamment en Afrique francophone, où la France joue le rôle de gendarme sous-traitant de la domination occidentale des Noirs par les Blancs. Lorsque que le mauvais dictateur résiste et s’enracine, lorsqu'il évite un certain nombre de pièges fatals, lorsqu'il renvoie à la haine viscérale du blanc à l'égard du noir la haine inverse et légitime du noir à l'égard du blanc, lorsqu'il prêche l'union des siens, des africains et de tous les africains pour enrayer le danger de la prédation occidentale, alors on accélère l’étau de son étranglement ; on le guerroie, on arme massivement ses opposants ethniques soi-disant politiques qu'on affuble du label pompeux et risible de démocrates. Et, lorsque l'autocrate spontané résiste toujours et quand même, on passe à l'utilisation des grands moyens, qui n'ont plus rien à voir avec une révolte politique intérieure ; on le bombarde du ciel avec des forces aériennes les plus puissantes du monde ! Puis on le vainc, et non contents d'écraser son régime, alors qu'il n'est plus au pouvoir, on lui donne la chasse ; on le capture et au besoin on l'assassine dans des mises en scène d'humiliation barbares. L'air de dire : « voici ce qu'il en coûte de vouloir s'opposer au blanc et de se croire plus intelligent que lui, toi l'africain, le noir, le sous-homme ».
Toutes ces humiliations--à l'instar de la politique de provocation graduée qui a conduit à la déchéance et/ou à l'assassinat de l'autocrate spontané, toutes ces humiliations sont cyniquement exécutées sur commande des Blancs par les propres frères ennemis ethniques ou politiques de l’autocrate spontané. Car, voyez-vous les grands pays civilisés occidentaux ne s'abaisseraient pas à de sordides besognes d’assassinats extrajudiciaires, qui sont le propre des peuples non civilisés. Ainsi se consacre la victoire de l'Occident chrétien sur cette génération spontanée de dictateur africain, qui doit mourir parce qu'il n'a jamais reçu l'ordre de naître, ou parce que son acte de naissance ne se trouve nulle part à l’état-civil néocolonial.
Binason Avèkes
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