Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Question de Mentalité
Ellen Johnson Sirleaf, la Présidente du Libéria et sa compatriote Leymah Gbowee, viennent d’être gratifiées du Prix Nobel de la Paix 2011. En Afrique noire, le Prix Nobel a été octroyé essentiellement dans le domaine de la paix, à l’exception du Prix Nobel de littérature du Nigerian Wole Soyinka. Les Prix Nobel de la Paix sont allés à Albert John Luthuli, Desmond Tutu et Nelson Mandela, tous originaires d’Afrique du Sud. Ensuite, il y a eu Kofi Annan du Ghana par le truchement de l’ONU, Wangari Maathai du Kenya ( récemment décédée, paix à son âme) et enfin les deux lauréates Libériennes de 2011.
Beaucoup de choses peuvent être dites sur le Prix Nobel, son origine, son attribution et le monopole symbolique qu’il a tendance à exercer sur la reconnaissance des talents et des œuvres dans le monde. Les Chinois en savent quelque chose, qui dans le domaine de la Paix ne veulent plus laisser le jury du Nobel avoir le seul mot, et ont crée le Prix Confucius de la Paix. Mais en ce qui concerne l’Afrique noire, il y a une chose qui ne prête pas à polémique : c’est le fait qu’aucun lauréat du Nobel, toute discipline confondue ne soit originaire d’Afrique francophone ; et ce depuis le prix Nobel attribué au premier Africain Noir en 1960 (Albert Luthuli) jusqu’au prix Nobel de 2011 octroyé à Ellen Johnson et à sa compatriote Leymah Gbowee. Pourquoi cet oubli, sinon ce mépris de la zone francophone d’Afrique noire de la part du Jury Norvégien ? Et pourtant, dans le domaine de la paix, pour ne pas dire de la guerre, les pays francophones sont bien lotis -- de la Côte d’Ivoire au Rwanda en passant par les Togo et autres Congo ! La thématique de la paix et son corolaire, la guerre y sont malheureusement d’actualité, entre génocides, coups d’Etat, usurpation de pouvoir, trucage d’élection, et guerres. Qu’est-ce qui explique donc que les francophones d’Afrique ne parviennent pas à se faire distinguer par le jury du Nobel ? Serait-ce une question de visibilité ou de langue ? Le Jury du Nobel serait-il culturellement ou linguistiquement hémiplégique ? Subirait-il en Afrique l’hégémonie de la langue/culture anglaise ? Ou bien au contraire le ver ne serait-il pas dans le fruit de l’homos francophonus Africanus lui-même ?
Ce mépris empiriquement mesurable ressemble à s’y méprendre à la traduction de la médiocrité, de l’aliénation joyeuse, et du manque frénétique d’autonomie inhérentes à la mentalité d’assimilé héritée du colonialisme français, qui continue de sévir en Afrique francophone. Cette mentalité qui abâtardit l’être et lui ôte toute autonomie intérieure, gage de l’affirmation de soi, et dans laquelle s’illustrent avec une pathétique alacrité les francophones d’Afrique, est peut-être l’une des sources de ce désert de Nobel dans la zone francophone.
Éloi Goutchili
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