La Femme blanche est-elle contraire politique de l'Homme blanc
Depuis et parce que Obama est devenu Président des Etats-Unis, il y a comme une vogue concurrentielle des minorités, ou à tout le moins des catégories marginalisées à vouloir se faire représenter au plus haut niveau de l'état. Suivant une logique de l'équivalence ou de l'inférence citoyenne. Obama étant tenu pour un Noir -- ce qui en soi est déjà sujet à discussion -- l'idée est que si un Noir est parvenu à se faire élire Président alors une femme devrait le pouvoir aussi. En tout cas, une femme a aussi sa chance. Ce qu'un Noir a pu faire, une femme blanche devrait pouvoir le faire ! La tolérance des Américains étant montée si haut dans la stratosphère de la diversité, elle devrait pouvoir passer en toute logique par le palier de la différence sexuelle, sans aucun problème. Ce passage par la différence sexuelle dans le contexte de subversion du modèle dominant du mâle anglo-saxon blanc protestant (wasp) est même vu comme un passage sinon obligé, du moins idéal et harmonieux, en tout cas sociopolitiquement intermédiaire et vertueux.
Dans le même ordre d'idées, bientôt les homosexuels aussi tenteront leur chance et réclameront leur droit à se faire représenter au plus haut niveau de l'Etat. Cette logique identitaire et par certains côtés ethnique qui est à l'œuvre est d'autant plus étonnante qu'elle est actionnée par la droite, qui la conçoit comme moyen subtil de reprendre la main politique. Mais le paradoxe ne fait que trahir le caractère stratégique ou insidieux du raisonnement. En effet, si l'élection d'Obama est ramenée à sa seule dimension sociologique de révolution ethnique dans une Amérique pluriethnique et historiquement antinégrite, alors évidemment les aspirants au pouvoir peuvent être tentés de voir la terre politique se tourner vers d'autres palettes ou franges identitaires de la société américaine, suivant la logique de l'équivalence communautaire. Penser que si Obama qui est Noir ou supposé tel est devenu Président des Etats-unis d'Amérique, une femme ou bientôt un homosexuel pourrait le devenir aussi, c'est méconnaître les raisons profondes qui ont prévalu à son élection à la tête de l'Etat américain. C'est ne pas voir les enjeux géopolitiques et internationaux pressants sous-jacents consécutifs au séisme géopolitique de septembre 2001 avec l'irruption tragique de la figure de Ben Laden et de Al Qaeda. L'élection d'un Noir, figure historique de l'opprimé raciale et sociale, épitomé des opprimés de par le monde, pourrait aussi avoir pour fonction de désamorcer la fureur anti-américaine, qui au nom de la supposée responsabilité de l'Amérique dans la perception de cette oppression, se cristallisait sur la figure du mâle américain blanc, dont le mâle américain noir est censé figurer le contraire historique et politique. Ce rôle d'une Amérique au profil bas, assumé par Barack Obama peut-il être pris en charge par une femme au seul nom de sa posture sociopolitique de minorité ? La femme blanche est-elle contraire politique de l'homme blanc dans le contexte d'une grande puissance comme l'Amérique ? Le rôle joué par Obama peut-il être pris en charge par une femme ou un homosexuel au nom du raisonnement de l'équivalence communautaire et citoyenne ? Rien n'est moins sûr. Et pourtant l'illusion fait florès au Etats-Unis. Après Sarah Palin, c'est au tour de Michele Bachmann d'en tenir le flambeau. Mais jusqu'à quand ?
Amonlè Benoît
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