On a volé les élections en mars 2011 dans une indicible violence symbolique et parce qu'il y avait présomption d'innocence le Béninois gentle people ne s’est pas révolté !
On a massacré un journaliste honnête-femmes enfants et parent, compris ; un journaliste qui ne faisait que son travail et parce qu'il y avait présomption d'innocence, le Béninois gentle people ne s'est pas révolté !
Même dans sa catégorie professionnelle du monde de la presse et des média à peine la nouvelle a-t-elle été ébruitée. Et, ô comble de l'ironie-sur un journaliste massacré on entendit à peine autant de nouvelles ou d'informations publiées que sur un termite écrasé dans un gîte obscur. Bref les journaux ne se bousculèrent pas pour en parler. Ni ceux qui se sont établis comme conscience d'un pays qui a abdiqué toute conscience.
Parce qu'il y avait présomption d'innocence personne n'a voulu céder à la passion au risque d'étaler sa paranoïa. Cette spontanéité dans la révolte, cette rapidité dans le soupçon, ce refus de la tyrannie, cette frénésie combative, le Béninois gentle people préfère les laisser à d'autres peuples : par exemple aux Burkinabés qui eux savent se révolter pour dire non à l'assassinat du journaliste Norbert Zongo. Le Bénin n'est pas un pays intègre. Pain béni pour les assassins qui ont envoyé une belle leçon à tous les journalistes qui ne veulent pas entrer dans les rangs, qui ne veulent pas être soumis et qui se piquent de critiquer le pouvoir en place, de dire non à ses excès à ses vols, et à ses viols à ciel ouvert ; des journalistes qui font leur travail avec conscience, professionnalisme, constance et intelligence.
On a massacré un journaliste et toute sa famille et le Béninois bien élevé, gentle people n'a pas élevé le moindre soupçon ; il ne s'est pas révolté parce qu'il y avait présomption d'innocence… Et qu'il est plus important de ne pas être accusé de se laisser aller à des soupçons infondés voire diffamatoires que d'exprimer avec spontanéïté ses appréhensions sur les horreurs potentielles de la tyrannie.
Et quand enfin on est venu l’assassiner lui-même, le Béninois gentle people a vu qu'il n’y avait plus présomption d'innocence. De ses yeux ébahis il a vu l'assassin en face et sait maintenant que c'est la même mafia de voleurs d'élections, les mêmes assassins de journalistes qui veulent le tuer. Il a compris que ce qu’il tenait pour présomption d’innocence n’était que haine de soi, jalousie et chacun pour soi infâmes ! Il a voulu crier au secours mais c’était trop tard ; il n'y avait plus personne pour se révolter !
Alain Bloy
Copyright, Blaise APLOGAN, 2010,© Bienvenu sur Babilown
Toute republication de cet article doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.