POUR LE Développement Accéléré ET HARMONIEUX du Bénin
Cotonou, avril 2011
Introduction
Les élections présidentielles de 2011 au Bénin sont terminées. Les résultats, proclamant le tyran et corrompu Boni YAYI vainqueur dès le premier tour à plus de 53% des voix, ont consacré dans la forme comme dans le fond la victoire de la fraude et de l’imposture, et couvert de honte le pays tout entier. Les auteurs de cette parodie d’élection ont mobilisé tout l’arsenal répressif de l’Etat (l’armée, la police, la justice, la presse) et les tenants des intérêts étrangers pour imposer par la force les résultats du hold-up électoral.
Mais, l’imposture reste l’imposture et la mobilisation de la force armée contre les travailleurs et le peuple protestataires indique de façon plus crue et plus hideuse la nature du pouvoir en place au Bénin : une autocratie. Partout s’élèvent des cris et encouragements à la résistance populaire. Le peuple se trouve face à un problème connu de lui, qu’il pensait avoir résolu en 1989-1990 et dont la résurgence pose des tâches à la mesure de ses exigences actualisées avec l’évolution de l’éthique universelle.
La révolution est plus que jamais à l’ordre du jour en tant que question posée et à résoudre. Le Parti Communiste du Bénin, longuement éduqué par son chef historique, Pascal FANTODJI disparu il y a juste un an, a su prendre ses responsabilités dans la poursuite des combats pour l’émancipation des peuples du Bénin. Confiant que les travailleurs et le peuple triompheront à coup sûr du nouvel autocrate imposteur, le Parti Communiste du Bénin entreprend, par les présents papiers, une analyse de la base sociale de ce pouvoir, de ses projets catastrophiques pour le pays et appelle à la révolution pour le renversement de ce nouveau pouvoir de la honte et l’instauration du pouvoir des travailleurs et des peuples.
I- Revue d’une imposture programmée
1.- Les élections présidentielles de 2011 au Bénin se sont tenues après les célébrations du cinquantenaire des indépendances de 1960 et du vingtième anniversaire du régime du Renouveau Démocratique issu de la conférence nationale de février 1990. Ces célébrations ont donné lieu à tous les niveaux à des bilans dont les conclusions essentielles, évidentes consistent en ce fait que notre pays demeure dans l’arriération, à la queue du progrès social et que son économie continue d’être une économie de traite coloniale au service des puissances étrangères notamment l’ancienne puissance colonisatrice : entraves à l’industrialisation ; production et exportation de matières premières ; importation des produits manufacturés ; domination monétaire et financière ; hégémonie linguistique, culturelle de l’ex-colonisateur.1 Cinquante ans après l’indépendance, le pays demeure dans les liens du pacte colonial2, stagne dans le sous-développement, la pauvreté et la misère. Quant au régime du Renouveau Démocratique, il a sombré dans la corruption et l’impunité au sommet de l’Etat, accentuant le désarroi moral de la jeunesse et des populations3. La gouvernance demeure celle de pouvoir prédateur, de pillage, de corruption et répondant pour l’essentiel à des directives de l’extérieur et pour des intérêts étrangers. Nos langues et cultures sont piétinées et réduites au rang de folklores.
Tous ces maux, la corruption, l’apatridie et l’impunité au sommet de l’Etat, semblent avoir cumulé à des niveaux jamais atteints sous le règne de Boni YAYI. Avec ce dernier, ce ne sont plus seulement les caisses de l’Etat qui sont pillées et dilapidées, mais également l’épargne privée des citoyens comme l’a révélé l’affaire ICC et consorts où pendant plus de quatre ans, avec la complicité et l’aval des autorités publiques, y compris le chef de l’Etat, des populations ont été dépouillées de centaines de milliards de francs CFA.
Déjà à la même époque, dès le début de son règne, le couple YAYI-KOUPAKI avait mis en œuvre une autre vaste opération d’escroquerie. C’était contre les opérateurs économiques prestataires de service à l’Etat. En janvier 2007, KOUPAKI, alors ministre chargé des Finances, exigeait que les prestataires de service, pour recouvrer leurs créances à eux dues par l’Etat, passent obligatoirement par le biais d’une société privée, la SOAGA à qui ils devraient accepter de laisser 20% du montant de leurs créances. Le pire, c’est que la SOAGA utiliserait les services de la Direction Générale du Trésor chargés du traitement et de la liquidation de la dette publique mais empocherait les sous. L’arnaque, imaginée par nos financiers de la BCEAO promus au sommet de l’Etat, dépassait l’entendement. La SOAGA devait empocher les sous, comme une rente à elle accordée sur le dos des opérateurs économiques du seul fait de la volonté et du «bon plaisir» du prince régnant Thomas Boni YAYI. Mais les protestations des petits opérateurs économiques, celles des travailleurs de l’Administration du Trésor ainsi que le tollé de l’opinion publique ont fait reculer Boni YAYI et fait échouer ce flagrant hold-up financier. Mais le signal était clair : désormais plus que par le passé, les prestataires de services devront accepter de se faire plumer au profit direct de Boni YAYI avant d’avoir les marchés.
A chaque scandale, et ceci contrairement aux pouvoirs précédents du Renouveau, Boni YAYI ordonnait l’interdiction des protestations populaires et lançait la police voire l’armée contre des manifestants pacifiques.4 Plus tôt, des tueries de paisibles citoyens (comme au carrefour Gbèna à Ouidah), des fusillades de passants inermes qui n’obtempèrent pas rapidement au signal de la garde présidentielle (carrefour Cadjèhoun à Cotonou) ou contre les étudiants sur le campus d’Abomey-Calavi ou encore contre des paysans (ceux du Plateau) ont indiqué que l’homme du « changement » était un tyran qui entendait gouverner par la terreur. Les médias étaient achetés pour chanter les louanges du nouveau Roi. En plus des révolutionnaires, des communistes et des patriotes, tous les autres opposants sont exclus d’antenne. Les préfets sur commande interdisent leurs manifestations sur leur territoire.
Bref, ce pouvoir de Boni YAYI concentrait tous les maux qui ont entrainé la stagnation du pays depuis cinquante ans et l’inertie du régime du Renouveau depuis vingt ans.
2.- En février 2010, Boni YAYI reconnaissait ouvertement la faillite financière de l’Etat, ceci en réponse aux exigences matérielles des enseignants de l’université. L’alternative indiquée par lui à cette occasion est la mise sous tutelle plus complète du pays aux puissances étrangères à travers le FMI et la Banque Mondiale dans l’attaque plus féroce des acquis sociaux des travailleurs, de la jeunesse et des peuples.
Le pouvoir mettra effectivement en œuvre cette politique avec la remise en cause du paiement des acquis de primes des fonctionnaires de maints ministères, la braderie, en dépit et contre la volonté des opérateurs économiques nationaux et des travailleurs, des entreprises stratégiques (Port, OCBN, Bénin-Télécom) à des groupes monopolistes français (Bolloré, Bouygues, etc.) en exécution de la volonté de l’impérialisme français de s’assurer le contrôle direct du corridor d’évacuation que constitue notre pays pour les minerais d’uranium, de pétrole et autres du Niger. Les opérateurs économiques nationaux sont d’ailleurs systématiquement exclus des opérations de privatisation des entreprises publiques comme dans le cas de Bénin-Télécom où il est dit dans l’appel d’offre que le repreneur principal dit stratégique doit être un groupe étranger. Par cette formule, les secteurs vitaux du pays, l’avenir de la jeunesse sont remis dans les mains de décideurs étrangers.
Par cette politique renforcée d’apatridie, Boni YAYI approfondissait les contradictions entre son pouvoir et davantage de couches de la population depuis les travailleurs salariés jusqu’aux bourgeois nationaux en passant par la jeunesse qui pouvait ressentir que son avenir se trouvait hypothéqué.
La question du pouvoir était ouvertement posée non seulement formellement par l’échéance constitutionnelle d’avril 2011, mais également et surtout parce qu’il fallait une autre politique, une autre gouvernance pour le pays. C’est dans ces conditions que les représentants de toutes les classes et couches sociales devaient se positionner5.
3.- Boni YAYI, dès son élection en 2006, avait fait de sa réélection en 2011 la ligne centrale de ses actions. Il en était obnubilé. Son règne aura été une campagne électorale permanente entreprise dès le départ par lui et ses collaborateurs qui devaient, sous peine de limogeage, s’inscrire dans cette ligne. Les ministres n’avaient pas d’autonomie et devaient se soumettre aux choix par la Présidence des membres de leur cabinet. Les alliances politiques avec les autres partis hauts-bourgeois (PSD, RB, MADEP, Force-Clé) pour le porter au pouvoir en 2006 contre le PRD ne pouvaient résister à cette volonté de phagocytose. Dès avant les élections législatives de 2007, ces alliances sont rompues dans les faits et Boni YAYI se lança dans une campagne des plus brutales pour se donner une majorité absolue au Parlement.
Les élections politiques ont toujours été truquées au Bénin du Renouveau avec la corruption et la souillure des électeurs pour couvrir la fraude. Gagne celui qui a le mieux et le plus fraudé et, de fait, celui qui contrôle les structures chargées de l’organisation du scrutin. C’est ce qu’a reconnu cyniquement Albert TEVOEDJRE en 2010 au Colloque du Dixième anniversaire de la mort de Mgr de SOUZA. Boni YAYI ajoutera à la fraude la terreur ainsi que la propagande régionaliste et ethnocentrique ouverte. Les régions qui ne soutiendraient pas le nouveau chef de l’Etat étaient menacées de représailles sous la forme d’exclusion des investissements sociaux et économiques « pendant dix ans » entendait-on de la bouche de ministres et des zélateurs du nouveau despote. Chaque élection était un test et elle devrait être à tout prix gagnée pour assurer le contrôle sans faille de tous les rouages de l’appareil d’Etat. La presse doit être contrôlée et manipulée. La cellule de communication de la Présidence a transformé la télévision d’Etat en une agence de presse au service de la propagande pour la personne de Boni YAYI ; les médias privés ont été achetés à prix d’or sur fonds publics.
Aux élections législatives de 2007, la CENA a été transformée en un champ clos de combat et son président destitué et remplacé à 48 heures du vote. Boni YAYI lui-même, usant des attributs et des moyens de l’Etat, passait de maison en maison pour aller corrompre jusqu’à leur domicile les électeurs.
Le nouveau chef d’Etat n’obtint pas sa majorité absolue. Mais, ses soutiens notamment le vieil autocrate KEREKOU arrivèrent à lui rabattre les éléments de leurs réseaux (Issa SALIFOU et autres DAYORI, etc.) pour permettre le contrôle de la présidence et du bureau du Parlement par sa mouvance. L’élection de ce bureau montra une nouvelle facette de la brutalité de l’homme du changement. Des députés « achetés » étaient «contraints» de se déclarer absents, de délivrer une procuration à des mains plus sûres et étaient séquestrés jusqu’à la fin du vote. Les députés, censés être des honorables représentants du peuple étaient ainsi instrumentalisés de même que le Parlement qui ne pouvait fonctionner qu’à la condition de faire la volonté du chef de l’Etat. Ainsi, lorsque la mouvance aura perdu la majorité à l’Assemblée Nationale, celle-ci tournera pratiquement à vide pendant plus de trois ans, avec des sessions entières sans le vote de la moindre loi à cause de la volonté de Boni YAYI et de son homme de main Mathurin NAGO de s’imposer à la majorité des députés.
La même boulimie du contrôle de tous les canaux du pouvoir sera observée avec les élections municipales de 2008. Entretemps, la mouvance présidentielle s’est structurée en les Forces Cauris de diverses couleurs et de diverses nuances. Partout où ses candidats, jusqu’au niveau du village ou du quartier de ville, n’étaient pas déclarés vainqueurs, les élections étaient, avec la complicité de la Cour Suprême, reprises. Pendant plus de deux ans, de 2008 à 2010, on assistait encore à des reprises des élections municipales et communales dans le pays.
4.- Une conclusion apparaissait alors évidente : Boni YAYI fera tout pour se faire déclarer vainqueur aux élections présidentielles6. C’est cette conclusion que le Parti Communiste du Bénin s’est évertué à partager avec tous ceux qui voulaient et pensaient le départ du tyran escroc et apatride Thomas Boni YAYI. On doit reconnaître que le Parti Communiste n’a pas réussi à le faire tant les illusions électoralistes, reprises et propagées à foison par les hauts- bourgeois étaient ancrées, tant les mensonges et flatteries paternalistes des puissances extérieures sur l’alternance par le biais uniquement des élections étaient assourdissants, tant le soulèvement populaire pour chasser un despote apparaissait et était présenté par elles comme non légitime, non légal et impossible.
Les partis de l’opposition haute-bourgeoise (Union fait la Nation et autres Coalition ABT) répétaient ces arguments (en y ajoutant que le soulèvement populaire était nécessairement source d’hécatombe humaine à éviter à tout prix) et berçaient d’illusions les travailleurs et les masses populaires. Pour eux, l’option du soulèvement populaire serait une aubaine offerte au Parti communiste du Bénin. Ils concentraient toutes leurs actions et propagande autour seulement des problèmes de forme de l’organisation des élections. Au premier point de ces problèmes, il y a la fameuse Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI). La LEPI est présentée comme la panacée contre la fraude électorale parce que censée empêcher les votes multiples, les votes des mineurs, des défunts et des étrangers, etc. Or, la LEPI n’empêche pas les votes multiples organisés par celui qui contrôle cette liste, fut-elle informatisée. La LEPI n’empêche pas la falsification des procès-verbaux, les manipulations des opérations de saisie, les tricheries des hommes des différents organes chargés du scrutin depuis le village jusqu’à la Cour Constitutionnelle. En fait, la LEPI transfère et concentre les possibilités de fraude dans les seules mains de celui qui contrôle l’élaboration et l’administration de la liste. Auparavant, au moment où les listes étaient manuellement confectionnées, chaque chef de village ou de quartier de ville, chaque chef d’arrondissement pouvait inscrire qui il voulait et les faire voter au moment opportun. Les membres des bureaux de vote et des démembrements de la CENA prenaient la suite. Les partis politiques de la haute-bourgeoisie achetaient les services de ces agents ainsi que ceux des éléments des démembrements de la CENA pour la fraude. L’élaboration d’une liste centralisée enlève les possibilités de manipulation directe des mains des chefs de village ou de quartier de ville et des démembrements de la CENA, mais pas de celles de qui contrôle la gestion de cette liste.
On a ramené, avec la LEPI, une question politique et éthique à une dimension uniquement technique. La lutte contre la fraude, comme contre la corruption, est d’abord politique. La technique doit être au service de la solution politique. Cette solution, à l’ère de la démocratie et pour la démocratie doit consister en le contrôle populaire de l’organisation des élections. Examinons à titre d’exemple l’organisation jusqu’à ce jour des élections professionnelles. Ici, les centrales syndicales désignent chacune au niveau de chaque unité de production un comité qui établit la liste des électeurs, contrôle le scrutin, proclame les résultats sectoriels, les transmet au comité national qui assiste à la saisie et à la centralisation. Ce sont donc les travailleurs et leurs centrales syndicales elles-mêmes qui constituent la cheville ouvrière de l’organisation des élections. Les plus importantes tentatives de contestations et de manipulations des résultats ne sont venues que du ministre chargé du Travail, représentant du pouvoir d’Etat qui, soit a restreint le champ des électeurs pour favoriser ses éléments opportunistes, soit a refusé de proclamer le gagnant. On se souvient que la CSTB a dû appeler à une grève et à des manifestations de rue pour obliger le pouvoir de KEREKOU à proclamer ces résultats. Les élections professionnelles sont transparentes uniquement parce que les travailleurs et leurs centrales syndicales ont une grande part dans l’organisation et le contrôle, et ce contrôle s’effectue de bas vers le haut. Le jour où il sera décidé que ces élections seraient réalisées par un organe dit « autonome » ou « indépendant » au dessus des votants à la base, alors sera déclaré vainqueur celui que le contrôleur de cet organe aura voulu.
Aujourd’hui, les élections politiques sont organisées par des structures dont les membres sont désignés par ceux qui contrôlent déjà l’appareil d’Etat : le gouvernement et les députés à l’Assemblée Nationale. Ce sont ces deux organes qui désignent les membres de la Cour Constitutionnelle, de la Cour Suprême, de la HAAC, de la CENA et des démembrements. Même si la CENA devenait un organe constitutionnel permanent comme les autres, cela ne changerait rien au problème, au contraire ! L’expérience montre bien que les membres de ces organes dits « autonomes » ou « indépendants » ne sont en fait qu’en mission de leurs commanditaires. Pire, maintenant, l’outil premier de ces élections, la liste électorale (LEPI), est financé, élaboré et maîtrisé par des experts des puissances extérieures. Les vainqueurs des élections seront toujours désignés parmi les plus favorables aux intérêts de ces puissances étrangères. Il ne sera jamais pris en compte la cause des travailleurs et des peuples que lorsque ceux-ci auront balayé ce système et mis en place leurs propres organes.
5.- La victoire proclamée de Boni YAYI n’est donc pas fortuite. Elle rappelle celles de KEREKOU en 1996 sur SOGLO et en 2001 sur SOGLO et HOUNGBEDJI. On aura vu la Cour Constitutionnelle, structure faîtière des élections présidentielles, manipuler les chiffres pour en arriver au résultat préétabli. Toutes les considérations d’ordre juridique, éthique avaient été alors piétinées et balayées. En 2006, le rejet de KEREKOU empêtré dans les scandales et physiquement diminué mais qui voulait pourtant se succéder à lui-même a occulté les manipulations frauduleuses au profit de Boni YAYI. Mais, tout le monde sait que ce dernier a bénéficié du réseau de mafieux et de fraude mis à son profit par KEREKOU en complicité avec l’impérialisme français. C’est également les groupes monopolistes français notamment Bolloré qui auront payé les sommes nécessaires à l’achat des voix de ralliement des SOGLO, Bruno AMOUSSOU et autres au second tour.
Boni YAYI sait donc que pour se succéder à lui-même au détriment de ses adversaires et contre le peuple, il lui faut trois choses : œuvrer coûte que coûte pour la tenue des élections ; avoir la caution des impérialistes notamment français ; se constituer un trésor de guerre pour acheter les organisateurs et exécutants de la fraude.
Pour le premier point, Boni YAYI pouvait compter sur ses adversaires hauts-bourgeois pour propager les illusions électoralistes. Pour la constitution d’un trésor de guerre, Boni YAYI a organisé la mise à sac en règle du trésor public, l’organisation du rançonnement des opérateurs économiques et des fonctionnaires des milieux financiers à qui des marchés et des postes ne sont accordés que contre versement de ristournes et de rentes régulières . C’est ainsi que les affectations des douaniers par exemple s’effectuent au Palais de la présidence et les postes «juteux» sont en fait vendus moyennant le paiement de rançons. En ce qui concerne la caution des impérialistes notamment français, il se sait en compétition avec les autres, notamment Adrien HOUNGBEDJI et Abdoulaye BIO TCHANE. Mais dans le domaine de l’apatridie, il dispose d’un avantage sur eux. Il est au pouvoir. Alors que les autres ne peuvent faire que des promesses et donner des gages de leur fidélité que pour l’avenir, lui au pouvoir, peut démontrer sa servilité tout de suite : livrer chaque jour ce que les impérialistes exigent de lui : le Port, l’OCBN, les Télécommunications, la signature d’accords d’asservissement, le maintien des liens coloniaux avec des pactes ouverts ou secrets, etc. Il a poussé la mainmise des impérialistes sur notre pays jusqu’à l’état d’une « République Bananière », jusqu’au ridicule où par exemple, tout responsable français en visite officielle à Cotonou est élevé au rang de Grand Croix. En retour, les impérialistes français ont tout fait pour permettre le hold-up électoral. Tous les réseaux et sectes sous leur contrôle ont été mobilisés et instruits pour accomplir le sale boulot.
Robert DOSSOU, l’homme du complot de 1990, à la tête de la Cour Constitutionnelle, jouera les premières partitions pour empêcher toutes modifications des règles électorales défavorables à la fraude au profit de Boni YAYI. Même la nécessité de démission du Président/candidat dès sa déclaration de candidature a été rejetée par la Cour de DOSSOU. Il n’y avait plus de Constitution en tant que telle, mais la volonté de Robert DOSSOU au profit de la réélection de Boni YAYI. La Cour pouvait ainsi juger les lois non plus selon la Constitution, mais même selon des projets de révision constitutionnelle ou selon ses propres décisions érigées en autorité de la chose jugée ! 7 Toutes les contestations de la LEPI truquée et tronquée seront rejetées, privant des centaines de milliers de citoyens du droit de vote. La LEPI sera déclarée unique base pour l’élection présidentielle malgré les graves défauts relevés par tout le monde. Le Bénin innovera et étonnera le monde en organisant des élections présidentielles sans une liste d’électeurs connue d’avance, sans une liste fixée de bureaux de vote.
Les masses contestataires seront violemment réprimées. Les centrales syndicales entrèrent en lice avec les travailleurs. Les barons, gardiens du système de fraude se mettront en avant pour duper les populations. ZINSOU d’abord, KEREKOU ensuite joueront, à cet égard, des rôles funestes à la mesure de leur réputation de présidents despotes. ZINSOU s’interposera en médiateur pour une loi dérogatoire à la LEPI afin de permettre l’usage du droit de vote à tous les citoyens. L’ex-président SOGLO se prêtera au jeu dans l’objectif « de faire baisser la tension ». Mais à la charge, l’audit promis sur la LEPI restera un gros bluff ; tout le monde observera que la loi dite dérogatoire ne permettait ni l’intégration des centaines de milliers de citoyens, ni la résolution du problème de la publication à l’avance de la liste des électeurs et des bureaux de vote. A une semaine de la date des élections après un premier report du 28 février au 13 mars, la confusion était totale et aucun être ayant quelque respect de la souveraineté du peuple ne pouvait cautionner, encore moins appeler à aller voter dans ces conditions. La majorité des candidats, adversaires de Boni YAYI, étaient obligés d’appeler encore à un nouveau report du scrutin. Le PCB appela au boycott pendant que les organisations dites de la société civile estimaient à au moins un mois le délai nécessaire pour la réunion des conditions quelque peu acceptables du scrutin.
ZINSOU est encore mis en selle pour proposer un soi-disant Comité de Personnalités dont le rôle est de cautionner l’imposture, et devant l’échec de cette tentative, lui-même appela au vote du 13 mars sans convaincre ses frères de classe hauts-bourgeois candidats. KEREKOU est rappelé au secours, se mit alors au devant de la scène et, dans un communiqué le mercredi 09 mars, appela à voter le 13 mars. Le mot d’ordre du vieil despote destiné à ses réseaux de mafieux dispersés dans tous les clans de la haute-bourgeoisie déstabilisera les groupes de l’Union fait la Nation (UN) et des Coalitions et Alliances ABT qui revinrent sur leur exigence de report du scrutin. Tous les obstacles sont levés pour la réalisation du hold-up électoral.
6.- La campagne électorale s’est déroulée dans cette confusion et cet imbroglio. Bien avant cela, sous l’instigation directe de l’impérialisme français dont l’Ambassade au Bénin avait le commandement des opérations dans l’intimidation des opposants ainsi que le contrôle des journalistes et de la presse privée, Robert DOSSOU avait invalidé de façon arbitraire la candidature de Philippe NOUDJENOUME présentée par le Parti Communiste du Bénin et soutenue par le PSD Bélier et le Parti des Verts. Les impérialistes pensaient par là réduire l’envergure de la campagne du PCB pour le pouvoir des travailleurs et des peuples et le combat frontal et concret contre la fraude 8.
Après la Cour Constitutionnelle, avec l’ouverture de la campagne électorale, la HAAC avec Théophile NATA entra en jeu. Elle interdit, sous « couvert d’injures et d’atteintes à la paix et à l’unité nationale », l’évocation et la critique pendant la campagne électorale des forfaitures de Boni YAYI. Les affiches de l’UN évoquant les scandales de la CEN-SAD, des machines agricoles, de ICC-Services, de l’avion présidentiel, de l’enlèvement de DANGNIVO sont arrachés et détruits par la police et des escouades de l’armée. L’évocation de ces crimes économiques et politiques par les opposants était interdite de reportage par les mass-médias pendant que toute la presse reportait les déclarations de Boni YAYI relatives non seulement à ses «réalisations» mais également à ces justifications et explications par rapport à ces scandales. Résultat : tous les autres étaient muselés, un seul avait le droit et la liberté de parole.
Après la proclamation du hold-up, la HAAC interdit la publication de tout propos contestataire des résultats et menace de suspension tout organe de presse, et de répression tout journaliste reprenant de tels propos. On voulait contraindre le peuple à se taire et à acclamer l’imposteur comme aux heures sombres de l’autocratie de KEREKOU où un seul son de cloche avait droit de cité et de légalité à travers le journal « EHUZU » et la Radio-Télévision de ORTB.
Revenant à la campagne et au scrutin, Joseph GNONLONFOUN, président du Parti Ensemble d’Albert TEVOEDJRE, piétine toutes les formes pour conclure à la proclamation de la victoire de Boni YAYI au premier tour9. Il valida le cafouillage, la non disponibilité des listes des électeurs et des bureaux de vote avant le vote. Le président de la CENA ajouta sa note personnelle. Ainsi, le 13 mars, pendant que se déroulait déjà le vote, le Président de la CENA annonce par un communiqué radiodiffusé l’autorisation de « générer » par les responsables des CEA et CEC de nouveaux bureaux de vote. Les centres de vote parallèles frauduleux étaient ainsi légalement couverts.
Toutes les autres anomalies constatées sur le terrain à savoir les votes multiples, les bulletins pré- tamponnés, les bureaux de vote fictifs, les cantines contenant les procès-verbaux non cadenassées et non scellées, toutes ces manifestations de fraudes et d’irrégularités ont été balayées du revers de la main sous la direction de Joseph GNONLONFOUN à la tête d’une CENA divisée et inoffensive. Le magistrat Joseph GNONLONFOUN, de son bureau, sans validation de la synthèse des résultats par une quelconque plénière, donnera le 17 mars, sans le nombre des inscrits et le taux de participation, les grandes tendances du scrutin avec un peu plus de 53% des voix au profit de Boni YAYI, perpétrant ainsi un coup d'Etat électoral. En violation avec le serment de défendre la souveraineté du pays, Boni YAYI avait invité le président du Nigéria Jonathan GOODLUCK à venir la veille, menacer et intimider le peuple béninois contre toute contestation des résultats. Trois jours plus tard, soit le 20 mars au soir, de son domicile, après une dispersion manu militari de la CENA, Joseph GNONLONFOUN confirmera ces résultats qu’il venait de transmettre à la Cour Constitutionnelle. On avait affaire, en prélude au hold-up électoral, à un coup d’Etat électoral en règle dans la mesure où les prérogatives d’une structure, en occurrence la CENA, chargée d’assurer une fonction, la publication des grandes tendances du scrutin, ont été irrégulièrement accaparées par un seul homme sous la protection de la force armée. Même la visite de GOODLUCK, la veille, participait de cette 'protection' pour conforter GNONLONFOUN dans son rôle funeste.
Comme de bien entendu, Robert DOSSOU achèvera la mascarade en proclamant avec le même score de plus de 53% au profit de Boni YAYI les résultats provisoires, rejettera ensuite tous les recours et proclamera les résultats définitifs le 30 mars 2011. Non seulement le coup d'Etat était parachevé et consolidé, mais encore le hold-up électoral est ainsi bouclé. Le hold-up électoral organisé ainsi par Boni YAYI est parachevé par un coup d’Etat électoral minutieusement exécuté par GNONLONFON et DOSSOU.
L'objectif visé par tout le processus de la fraude concocté depuis des mois par Boni YAYI et tous ses soutiens intérieurs et extérieurs était d'aboutir à ce hold-up électoral, à cette imposture.
L’armée et la police prendront la suite aux côtés de la HAAC pour réprimer et terroriser les travailleurs et le peuple. Le Général Mathieu BONI, Chef de l’Etat major général des armées, annoncera que l’armée et la police étaient en alerte maximum, au niveau 3 contre le peuple devenu l’ennemi intérieur. Des policiers et militaires armés de fusils étaient positionnés à chaque carrefour à Cotonou, à Parakou et ailleurs pendant que Porto-Novo était en état de siège avec des blindés qui patrouillent dans la ville. Toutes les protestations publiques de rue sont interdites et la police de façon brutale a réprimé hommes, femmes et jeunes et adolescents, manifestant les mains nues.
C’est dans cette ambiance de terreur que l’imposture est couronnée devant le monde entier avec l’investiture d’un nouvel autocrate, Boni YAYI, le 06 avril 2011. Les péripéties ayant abouti au hold-up électoral, sa proclamation et l’investiture de l’imposteur auront mis au devant de la scène des forces politiques, des hommes qui constituent les parrains, la cour et la basse-cour du nouveau dictateur autocrate.
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