Dans les arguments à opposer au hold-up électoral de M. Yayi et de sa clique de fossoyeurs de la démocratie, il faut qu'on soit clair et logique. Une élection a eu lieu dans des conditions rocambolesques. Le pouvoir prétend l'avoir gagnée avec 53 % des voix et 36 % pour son adversaire immédiat.
La contestation de fond ne porte pas sur la consistance a posteriori de ces chiffres mais leur réalité a priori. Autrement dit il y a de fortes chances que ces chiffres ne soient pas arbitraires ni imaginaires et qu’ils correspondent à quelque chose mais quelque chose dont la réalité est sujette à caution. Et c'est là toute l’importance de la distinction à faire entre réalité et vérité. La vérité des chiffres issus de l'élection peut bien correspondre à ces scores avec un écart plus ou moins significatif Ce n'est pas cela qui est en jeu. Car contester cela s'est s’enfermer dans un cercle vicieux tracé par le pouvoir et qui ne fait que l’arranger. En revanche ce qui est en cause c'est la réalité, l'origine factuelle de ces chiffres. Si ces chiffres peuvent être étayés, ils résultent en revanche de fraudes diverses, variées massives et savamment organisées. Et c'est cela qui est en cause et non pas le fait que Yayi Boni n'aurait pas eu les scores dont il se réclame. Ce qu'on peut rétorquer à Yayi Boni et à sa clique de fraudeurs c’est: « Oui, vous avez peut-être réalisé les chiffres dont vous vous réclamez, on vous les concède volontiers, mais les méritez vous? » Cette distinction est logiquement et méthodologiquement nécessaire pour ne pas se laisser enfermer dans un cercle vicieux propices aux manigances du pouvoir
Bien sûr dans la logique des fraudes électorales il y a la possibilité de tricher directement sur les chiffres et de les distribuer dans une certaine mesure de façon fantaisiste et autoritaire. D'ailleurs cette possibilité ne peut être totalement exclue en l'occurrence. Car quand on étudie la structure des scores on voit qu’ils se distribuent en quatre groupes : N°1-Yayi Boni ; N° 2 -AH ; N°3 - ABT ; N°4 PC (Poussière de Candidats). Et les nécessités du K.-O. prémédité par Yayi Bonis veulent en effet que X3+X4< 10 et que X1+X2 < 90 !
La structure montre bien que la distribution a été prédéterminée et que le premier niveau de fraude – c’est-à-dire la fraude a posteriori – n’a pas seulement été possible mais est plausible. Parce qu'on ne voit pas pourquoi le groupe N° 4 est si dense (11 candidats ! ) et constitué de poussière de candidats dont les scores ne dépassent pas 0,40 % pour la plupart. On ne voit pas pourquoi par exemple un janvier Yahouédéhou, député bien connu et dont la voix et les prises de position sont de notoriété publique et font l’objet d’une adhésion populaire se retrouve parmi cette poussière de candidats alors que dans des élections justes transparentes et sans fraude il est probable que son score dépasse au moins les 3 %. La même interrogation s'applique à Marie Élise Gbédo seule représentante des femmes dont le score inférieur à 1 % en dit long sur le conditionnement dont ce groupe de poussières de candidats a fait l'objet. Il va de soi que la libération des potentialités réelles d'un certain nombre de candidats placés arbitrairement dans le groupe des poussières de candidats risquait de fausser l'option du K.-O. préméditée et préparée par M. Yayi Boni et sa clique de fraudeurs.
Mais le plus important du hold-up électoral ne se trouve pas à ce premier niveau des chiffres sortis des urnes. La vraie fraude dont on a des raisons de se plaindre ici réside en vérité dans ce qui se passe avant et pendant le vote ; dans la manière dont ces chiffres ont été nourris à la source. C'est-à-dire la réalité de la fraude dans son organisation, dans les violations de la loi qui l'ont permise et facilitée, dans les dysfonctionnements qui les ont précédées ou accompagnées, dans sa sophistication, dans son ubiquité territoriale et dans son caractère massif.
Une fois que les diverses sources de fraudes ont été mises en jeu et en œuvre il est tout à fait normal qu'elles aboutissent au résultat escompté. Et s'il arrivait qu'on eût des signes que le résultat escompté pouvait ne pas être conforme aux attentes et prévisions, alors des hélicoptères bourrés de cartes estampillées, des camions de cantines non scellées peuvent assurer la maintenance ubuesque du trucage ou faire la tare nécessaire. Ce qui est délicat dans la fraude telle que conçue par Yayi Boni c'est-à-dire la fraude à la source, c'est qu'elle doit être vraisemblable, ni trop importante ni pas assez.
Mais en tout état de cause il ne faut pas se répandre dans les arguments qui apportent de l'eau au moulin de la logique de manipulation et de supercherie de Yayi. Oui le premier niveau de fraude a pu être mis en œuvre dans le cadre des présentes élections ; oui il est vraisemblable qu'on a dû tripatouiller un peu les chiffres pour les mettre en harmonie avec une structure préétablie. Mais l'essentiel dans la génération de ces chiffres et finalement dans le hold-up électoral opéré par Yayi Boni se trouve à la source des fraudes elles-mêmes dans leur caractère massif, multiple, ubiquitaire et organisé. Et c'est cela qui est inadmissible ; c'est cela qui est inacceptable et qui ne doit jamais être accepté si on veut que la démocratie ne périsse pas.
Binason Avèkes
Copyright, Blaise APLOGAN, 2010,© Bienvenu sur Babilown
Toute republication de cet article doit en mentionner et l’origine et l’auteur sous peine d’infraction
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.