Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
Ce Que Parler veut Dire
Les hommes politiques jouent d’habitude sur deux tableaux pour entretenir, maintenir ou exacerber le lien identitaire au peuple : les tenues ou accoutrement locaux, et le parler en langues nationales. Ces deux démarches se complétant dans leur cohérence symbolique. Mais la langue reste problématique dans son usage. Au-delà des “Mi Kouabo”, “Ekaro !” “Mianwézon,” “Baani sama “et autre “okou okou”, que nos politiques, faisant assaut d’authenticité, lancent à la cantonade pour caresser le peuple dans le sens authentique du poil, il serait intéressant de suggérer que chaque politique parle vraiment, fasse discours dans deux ou trois de nos principales langues nationales. Ce test d’authenticité langagière est le plus sûr moyen de mesurer l’aura, l’insertion nationale et le poids réel de nos candidats à l’élection présidentiel ! Celui qui ne réussit pas à ce test est à peine bon pour être maire d’une pette ville ou député. On a là un sondage parlant, vivant, grandeur nature et immédiat, comme un vote à main levée à l’Assemblée du Peuple réuni autour de son tribun.
Car quoi, ce qui est proprement étonnant, au fond, et un tantinet obscène, est d’avoir eu jusque-là des Présidents de la République qui ne pouvaient s’adresser à la majorité du Peuple qu’en langue étrangère. Avec tout le respect qu’on doit à ce qu’on appelle la langue officielle, le dogme dont il fait l’objet et qui est un des fers de lance de notre aliénation “librement consentie” ne doit pas servir de cache misère spéculaire de l’homme politique. Celui-ci doit pouvoir parler en principe deux ou trois langues comprises par la majorité du peuple, et s’en servir comme vecteur vibrant de lien entre lui et son peuple; au lieu d’être condamné à emprunter une langue étrangère qui n’est réellement comprise que par une infime minorité de nationaux, bien que qualifiée d’officielle. La langue dite officielle ne doit pas être un masque ou un cache-misère de la contrariété, de la minorité ou de l’aliénation linguistique du Président qui doit prendre et assumer son rôle de l’homme du peuple. Si rien n’empêche l’homme politique et, au premier chef, le Président de la République de s’afficher dans des vêtements nationaux pour un mieux disant authentique, pourquoi tout à coup fait-il profil bas lorsqu’il faut poursuivre la démarche au niveau de la langue ? Toute puissance du dogme de la langue officielle, ou bien minorité immédiate d’un homme incapable de parler avec la majorité du peuple sans médiation ? Comment peut-on imaginer, comment a-t-on pu imaginer jusque-là que nos Présidents aient pu se présenter comme homme du peuple sans s’adresser immédiatement à la majorité du peuple dans sa langue, les yeux dans les yeux ? Hormis tous les mythes, consensus frauduleux et manipulations qui tissent la toile de fond de notre histoire nationale et de notre vie politique, ce critère non pas d’une langue hégémonique, mais des langues d’échange qui permettent d’atteindre sans médiation la majorité du peuple, aurait dû aller de soi ; c’est un critère d’authenticité et le vrai test de la majorité immédiate du Président de la République
Éloi Goutchili
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