Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…:
L’Équilibre des Paris
Il y a des esprits perfides – toujours les mêmes, comme s’ils voulussent déconcerter les volontés les plus positives – qui s’en vont un peu partout en répétant à l’envi que nombre de membres de l’UN sont des gens qui ont déjà fait leurs preuves dans la mauvaise gestion et le pillage des deniers publics, et que ce serait un contresens de leur confier à nouveaux frais le pouvoir. Ces malins ont là, croient-ils, un raisonnement-massue, un repoussoir solide. Mais outre qu’il serait difficile de prouver que les grandes figures de proue de l’UN comme Léhady Soglo, Nicéphore Soglo ou Me Adrien Houngbédji sont des laveurs de chèques patentés, ce qu’oublient ce raisonnement captieux et concave, ainsi que ceux qui les tiennent, c’est que le destin du Bénin se jouera dans l’équilibre des paris démocratiques. En 2006, les Béninois ont osé faire confiance à un inconnu, un prétendu Banquier, Docteur en économie ; un novice en politique dont ils pensaient que sa nouveauté et sa formation allaient être un antidote contre les vieux démons de la politique béninoise. Mal leur en a pris et le remède s’est montré pire que le mal. Catastrophique ! Le pari est raté, mais c’est un pari, un pari fou qui a été perdu…
Maintenant, faire confiance à l’UN en 2011 et pour 2011, lui confier la tâche de redressement national, de rebâtir l’unité et l’économie, la cohésion sociale, et chasser le spectre de la division et du régionalisme qui nous hante depuis 2006, est aussi un pari. On peut en effet espérer que des gens qui, il y a 10, 20, 30 ans ont fait des erreurs, peuvent avoir tiré leçon et expérience de celles-ci ; et de ce fait sont mieux à même de conduire les destinées du pays en saisissant une occasion UNique de s’amender, de se rédimer, de se racheter. Ce pari-là est beaucoup moins risqué que le premier, beaucoup plus sensé, beaucoup plus réaliste, car que nous ferons voir de pire ces hommes que leurs erreurs et le temps ont mûris et assagis? Mais pour ce qui est du meilleur, le Bénin a tout à gagner !
Il faut que les esprits malins qui tiennent ce raisonnement insidieux, qui consiste à refuser de ne pas donner leur chance a des gens qui se sont trompés et qui après des années d’expérience ont le désir de mieux faire, il faut que ces gens arrêtent de faire peur à eux-mêmes. Car les Béninois ne sont pas dupes. Quand ils se trompent ils le savent. Et la grande leçon qu’on est en droit de tirer du formidable pari qu’a constitué l’élection d’un inconnu comme Yayi Boni, c’est de ne plus céder au fantasme de l’homme neuf, pur, et innocent, qui ne ferait que du Bien là où les anciens seraient vicieux, impurs et maléfiques.
Si l’habitude est une seconde nature, la volonté est une culture : c’est la première culture de l’homme. Et la volonté de bien faire, d’entrer dans l’histoire la tête haute, ce n’est pas ce qui manque aux ténors de l’UN, qui savent qu’ils ont en 2011 une occasion unique pour mériter de la nation ou en démériter à vie
Éloi Goutchili
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Selon moi, cette vision manichéenne de l'histoire et de la vie sociale est aussi facile qu'inquiétante. Dans notre pays, la religion primitive, qui est toujours agissante, est basée sur le culte des ancêtres ; et celui-ci implique le respect des anciens. Amadou Hampâté Ba a raison de dire qu"un vieillard qui meurt, c'est toute une bibliothèque qui brûle." Déclarer tout de go que les anciens, parce qu'ils ont fait des erreurs dans le passé ( et ce à un moment où ils n'étaient pas encore anciens ni expérimentés) portent définitivement en eux la malédiction qui frapperait notre pays si on leur donnait l'opportunité de le gouverner à nouveau ( autrement dit si on leur donnait une seconde chance maintenant qu'ils sont expérimentés et anciens) penser ainsi ce n'est pas faire preuve d'une vision orthodoxe ni conforme à notre authenticité culturelle et philosophique. Et, comme l'une des conditions du développement de l'Afrique c'est d'agir toujours en conformité avec nous-mêmes et nos valeurs, je pense que nous devons éviter cette vision manichéenne de la vie sociale et politique. Si tu rejettes ces gens-là au motif qu'ils portent la malédiction qui rejaillirait sur le pays, eh bien il ne reste plus qu'à te jeter dans les bras de deux banquiers à l'affût, qui ne demandent pas mieux. Or, nous en avons la preuve maintenant : le banquier et le politique ne font pas bon ménage !
Rédigé par : B.A | 17 novembre 2010 à 15:13
Mais bon, c'est ton point de vue. Amoussou, Adjovi, Sèhouéto et autres ne m'inspirent plus confiance et quoique tu dises, c'est aussi l'opinion de plusieurs Béninois. Ceux qui sont avec eux, estiment peut être qu'il n'y a plus d'autres alternatives par rapport à Yayi, sinon, en réalité, si un autre choix leur est possible, ils n'accorderont plus leur confiance à ce groupe. Je ne crois plus que Amoussou et autres peuvent gérer autrement ce pays. On devrait finir avec cette classe politique, sinon, à mon avis, notre pays serait maudit.
Rédigé par : Orou Darou | 17 novembre 2010 à 13:24
Il faut peut-être hiérarchiser les erreurs. Les erreurs dont il est question ici sont des erreurs structurelles – et d'ailleurs pas spécifiques au seul Bénin – et non pas des erreurs conjoncturelles comme participer éphémèrement au gouvernement d'un homme dont on découvrira après coup l'imposture et la médiocrité. Ces erreurs sont : la division, l'ethnicisme, le régionalisme, la mauvaise gestion, la corruption dans l'impunité, etc. Or, à moins que ce ne soit une supercherie tactique, ce qui est séduisant et prometteur dans le geste de l'UN c'est le fait que ces partis se soient mis sur le chemin d'éradication de la division, de l'ethnicisme, du régionalisme, etc...Cette évolution qu'il faut souhaiter irréversible semble bien être le fruit d'une expérience tirée des erreurs du passé lointain, et celle bénigne et récente à laquelle vous faites référence n'a contribué qu'à en hâter la maturation
Rédigé par : B.A | 16 novembre 2010 à 21:14
N'oublie pas que le PSD, la RB et le MADEP ... ont tous participé au régime de Yayi même si c'est pour quelques mois. Ils ont déjà eu le temps pour réfléchir à leurs erreurs et errements politiques ? Le problème ne se pose pas au niveau de la compréhension du mot briguer. Je sais que écrivez bien et vous faites si bien votre boulot. J'apprécie d'ailleurs vos écrits, mais acceptez que je vous dise que votre logique que vous développer dans cet article ne tient pas.
Rédigé par : Orou Darou | 16 novembre 2010 à 14:13
Personne ne refuse à Yayi de briguer un second mandat ; en tant que citoyen béninois, il en a le droit. Mais il est à espérer que la santé démocratique du pays est telle que, pour un Président en exercice, il existe encore une différence entre briguer les élections et les gagner. Mais ces nuances semblent vous échapper. Et, pressé de défendre votre chapelle, vous parlez de raisonnement bancal sans avoir lu attentivement ce qui y est écrit et dont chaque mot est bien pesé. Or il y est dit qu'"On peut en effet espérer que des gens qui, il y a 10, 20, 30 ans ont fait des erreurs..." Oui des gens qui ont eu plusieurs dizaines d'années pour réfléchir à leurs erreurs et qui ont de l'expérience et du recul suffisants. Bancal, ça ? Dans le Bénin intellectuellement laminé du "Changement", chacun a sa notion de la droiture...
Rédigé par : B.A | 16 novembre 2010 à 12:53
Si je dois rester dans votre logique Yayi a aussi toutes les raisons de vouloir briguer un second mandat, puisque ce serait aussi l'UNique occasion pour lui de se racheter de ses erreurs commises durant son quinquenant. Puisque vous dites qu'il a commis beaucoup d'erreurs. Ne trouvez vous pas que c'est votre raisonnement qui est plutôt bancale ?
Rédigé par : Orou Darou | 16 novembre 2010 à 12:03