Yayi Boni est arrivé au pouvoir en tant que technocrate, gestionnaire, Président de la BOAD et il a promis le changement. L'objectif majeur, l'attente première du peuple qui l’a massivement élu en 2006 était la lutte contre la corruption et la misère. Le peuple espérait sinon l'éradication de la corruption du moins un grand coup d'arrêt. Mais après une marche verte et quelques rodomontades, Yayi Boni n'a pas vraiment choisi de s'affronter au fléau de la corruption. Au contraire, dans la mesure où la question de son action politique s'est présentée sous une forme de dilemme à savoir : la réélection chérie ou la corruption honnie, Yayi Boni a choisi sans états d'âme le premier terme de l'alternative ; la réélection chérie qui est pour lui une idée fixe. Sacrifiant par là la lutte contre la corruption, raison première, entre autres, de son élection.
Ce sacrifice, aussi facile fut-il, n'a pas été sans conséquence. En effet, les fauteurs de corruption, tapis dans l'entourage de Yayi Boni lui-même, sont entrés en scène avec force. Leurs vils actes ont basculé le Bénin dans une ère de prévarication, de détournement, d'escroquerie et de pillage des deniers publics, particulièrement alarmante. Des mœurs et manières qui ont mis en danger la cohésion nationale et dont les effets ont amplifié la crise qui frappait le pays. Parallèlement à cette forfaiture et dans sa droite ligne, la politique économique menée, entée sur des choix populistes, n'a porté aucun fruit palpable susceptible d'infléchir la dégradation de la condition de vie des Béninois. Comme toujours et même pire qu'auparavant les Béninois ont continué de s'enfoncer dans la misère, alors qu'une petite classe d'affairistes en cheville avec les acteurs du régime s'enrichissaient de façon insolente. Toute cette situation se traduit sur le plan politique par un désaveu du régime dit du changement. Celui-ci, en raison de l'incompétence politique de son chef, n'avait pas pu gouverner plus de deux ans en toute sérénité. Aujourd'hui on ne voit pas pourquoi le peuple ainsi trahi et meurtri dans son espérance donnera à nouveau le pouvoir à Yayi Boni.
Reste donc l'option de la fraude et du passage en force pour se maintenir au pouvoir. Et la question qui se pose alors est : avec qui gouverner et comment ? Pour quelle politique ?
On voit donc que le sacrifice de la lutte contre la corruption au profit de l'obsession de réélection opérée par Yayi Boni paradoxalement aboutit à une impasse et hypothèque toutes ses chances de réélection. Tout se passe comme si, en tout état de cause, malgré sa difficulté, la lutte contre la corruption eût-elle été prise à bras le corps et non pas méprisée sur l'autel du réalisme politicien, aurait seule trouvé grâce aux yeux du peuple électeur. Dans un cas si Yayi Boni avait fait tout son possible mais avait échoué il aurait engrangé le bénéfice moral de la bonne volonté et de la sincérité ; dans l'autre cas s'il avait mis un coup d'arrêt remarquable au fléau il en serait félicité. Dans tous les cas sa réaction aurait été assurée. Or Yayi Boni ne s'est pas contenté de sacrifier la lutte contre la corruption mais se trouve aujourd’hui dans une situation où son innocence personnelle et sa responsabilité politique dans maintes affaires de corruption sont sujettes à caution. Dès lors on peut dire sans se tromper que sa réélection est compromise.
Récapitulons ; en 2006, Yayi Boni avait deux tableaux sur lesquels il pouvait jouer : le tableau de la lutte contre la corruption, et le tabeau de la réélection en 2011. Ces deux tableaux sont négativement exclusifs et positivement solidaires l'un de l'autre. En toute connaissance de cause, Yayi Boni a choisi de ne pas lutter contre la corruption ; pire, sa responsabilité personnelle et politique s'y est largement compromise à travers une noria de scandales et d'affaires nauséeuses. Conséquence, l'homme qui était plébiscité en 2006 se trouve dans une bien mauvaise posture électorale pour 2011. Voici pourquoi on peut dire sans se tromper que Yayi Boni a perdu sur tous les tableaux.
Prof. Amélie Bidouzo
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Me Adrien Houngbédji avait raison from the start ; je pense que c'est un homme d'Etat responsable et honnête, qui ne raconte pas n'importe quoi. Vous avez raison, tant que durera le statu quo éthique et légal, toute personne qui prétendra faire de la lutte contre la corruption la clé de voûte de son action – ce qui était le cas du Docteur Thomas Boni Yayi en 2006 – est un menteur !
Rédigé par : B.A | 31 octobre 2010 à 20:17
J'avoue n'avoir aucune critique contre l'opinion exprimée dans cette réflexion. Seulement j'en tire la conclusion que nous n'avons pas encore posé les bases de la lutte contre la corruption et que tout gouvernement élu avec la lutte contre la corruption comme une de ses missions doit négocier avant toute chose avec la collectivité nationale les bases de cette lutte. Vous me répeterz que Yayi Boni a été élu sur cette base ? Je vous l'accorde. Mais un seul homme ne peut boucher de ses doigts la jarre trouée sauf à accepter de se faire mouiller, c'est effectivement le dilemme...Houngbedji n'avait pas tort qu'il pinçait sans rire ce qui s'avère aujourd'hui comme notre velleïté de changement" Qui change qui, qui change quoi ? ironisait-il" J'espère qu'il nous proposera bientôt les voies qu'il compte emprunter pour résoudre cette équation...
Rédigé par : Thomas coffi | 31 octobre 2010 à 18:53