Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur :
République Banano-cotonnière
Aussi scandaleux et choquant, aussi horrible et gigantesque soit-elle, vous verrez comment l’Affaire ICC’ Services se terminera en queue de poisson, sinon en eau de boudin. Tout le monde dit : “Ah, Yayi Boni est éclaboussé ! “Ah, Yayi Boni est cuit !” Oui, il est éclaboussé et alors ? Qu’est-ce qu'il peut lui arriver dans une culture où non seulement la volonté de non-impunité ne nous étouffe pas, mais ses structures légales et institutionnelles n’existent pas effectivement ? On a beau dire, l’État de droit ne se décrète pas, mais se construit peu à peu. Dans l’état actuel des choses, hormis une résorption ou une résolution politique du scandale, que fera-t-on à Yayi ? L’homme était venu pour faire avancer cet État de droit, mais voilà qu’il l’aggrave ! Dans ces conditions, Yayi a beau être cuit, qui va le manger et à quelle sauce ? Que fera-t-on à Yayi ? Qui ? Quand ? Quoi ? Comment ? Nous ne sonnes ni dans un État moral ni dans un État de droit ! Dans les Démocraties occidentales Yayi Boni aurait eu suffisamment de conscience et de contrainte pour démissionner et se mettre à la disposition de la justice ne serait-ce que pour contribuer à la manifestation de la vérité. Au Japon, il ne fallait pas le 10ème du degré de responsabilité que le gouvernement lui-même se reconnaît dans ce scandale pour que son chef, plein de remords et de repentir s’efface sinon se fasse seppuku. Mais nous ne sommes pas sous ces cieux où la raison et l’esprit ont droit de cité et gouvernent les hommes et les sociétés. Nous sommes sous nos rudes tropiques dont la tristesse va de pair avec l’irrationalité ; et où la rationalité légale, pour des raisons que seule l’économie n’explique pas, se confond avec la raison du pus fort ! Tropiques où se côtoient allègrement pachydermes et animaux préhistoriques totalement insensibles à l’inter-fécondation de l’éthique et de la politique !
Alors bien sûr, ICC Services en tant que scandale à un statut et un caractère bien particuliers. Ce n’est pas seulement une de ces corruptions classiques dont la première victime est l’État. Ce n’est pas seulement un scandale où le gouvernement a une responsabilité certaine. C’est surtout un scandale qui concerne directement le peuple, grugé, escroqué par dizaines de milliers. Et c’est en cela que le scandale garde son soubassement politique. Et la seule voie de résolution est politique. Pour le reste, ne nous illusionnons pas trop, sur la qualité morale, ou la rationalité légale de nos petites républiques banano-cotonnières
Éloi Goutchili
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