A JOHANESBOURG SUR « LA DEMOCRATIE EN AFRIQUE : Le cas du BENIN ».
PARTI COMMUNISTE DU BENIN (P.C.B)01 B.P. 2582 Recette Principale Cotonou (Rép. du Bénin) Tél. :21 35 02 95/97 68 88 73 – Site : www.la-flamme.info |
Chers Camarades,
Permettez-moi de remercier les camarades du Parti communiste d’Afrique du Sud de nous avoir invités à ce Forum. Depuis longtemps, nous cherchions à avoir des contacts avec les camarades d’Afrique du Sud, pour échanger avec eux, et nous informer de ce qui se passe dans leur pays. A un moment donné, on s’est demandé si les camarades ne se sont pas repliés sur eux-mêmes, ignorant un peu ce qui se passe dans les autres pays africains, alors que tous les autres peuples se sont investis massivement pour la chute de l’Apartheid. L’initiative de ce Forum vient donc combler ce vide.
Comme le Parti Communiste d’Afrique du Sud, notre Parti, le Parti Communiste du Benin (PCB), a combattu et vaincu une dictature féroce qui a sévi dans notre pays pendant 17 ans, celle de l’autocrate Mathieu KEREKOU. En 1989, notre peuple a vaincu l’autocratie mais n’a pas pu parachever sa victoire du fait de l’immixtion dans nos affaires internes de l’impérialisme français qui, profitant de la conjoncture internationale avec l’implosion du camp socialiste et du faible développement de l’anti-impérialisme au niveau du peuple, a ameuté tous ses agents au sein de la population pour imposer au pays un régime soi-disant démocratique après une Conférence Nationale qui était un véritable marché de dupes.
Alors que notre peuple luttait pour la fin de la domination impérialiste sur le pays, le nouveau pouvoir a renforcé la mainmise de l’impérialisme dans tous les secteurs de la vie sociale et économique. Alors que le peuple luttait pour le contrôle populaire de la gestion de la chose publique, pour l’élection et la révocabilité par les travailleurs des dirigeants des sociétés publiques où ils travaillent, le nouveau pouvoir, dirigé par un ancien fonctionnaire de la Banque Mondiale en la personne du Président SOGLO, a commencé à brader ces sociétés aux monopoles étrangers, tandis que celles qui ne l’étaient pas sont livrées à des bureaucrates nationaux qui en ont fait une gestion patrimoniale à leur profit personnel. Alors que dans la lutte contre le pouvoir dictatorial de KEREKOU, les masses commençaient à mettre sur pied les comites d’action qui étaient la base du pouvoir populaire en gestation, le nouveau pouvoir s’était donné comme objectif de les détruire en lançant une véritable chasse aux sorcières contre les communistes. En agissant de la sorte, le nouveau pouvoir préparait le retour de l’autocrate KEREKOU qui revint en effet au pouvoir 5 ans après en avoir été chassé. SOGLO reconnaîtra plus tard que le Président Nelson MANDELA lui avait dit que sans associer les communistes, il ne pouvait espérer lutter correctement contre la corruption et déraciner les séquelles de la dictature. Lorsqu’il se décida à associer les communistes au Gouvernement, il refusa d’accéder aux conditions posées par notre Parti et contribua ainsi au retour facile de l’autocrate KEREKOU au pouvoir.
Chers camarades,
Beaucoup de gens vous diront qu’au BENIN, on a affaire à un régime démocratique ; mais, de quel régime démocratique parle-t-on quand la majorité de la population est analphabète ? Et que tout se passe dans une langue, le français, qui leur est étrangère ? De quel régime démocratique parle-t-on quand les élections sont un cirque où on vient distribuer aux paysans pour solliciter leurs voix, des miettes de l’argent volé à la collectivité ? De quelle démocratie parle-t-on quand le Parlement sensé représenter le peuple est un repaire de mafieux qui viennent là pour se faire protéger par l’immunité parlementaire. De quelle démocratie parle-t-on quand le paysan béninois qui arrive devant un tribunal a besoin d’un interprète pour se faire comprendre de ses juges parce que nos langues nationales sont étouffées par la domination culturelle française ? Pour mettre fin à cette mascarade démocratique, il faut une révolution nationale démocratique, populaire et anti-impérialiste qui aboutisse à l’avènement d’une République Démocratique Indépendante et Moderne. Depuis 2006, YAYI BONI a remplacé KEREKOU et entend imposer à notre peuple un pouvoir de type fasciste qui lui permette de faire passer toutes les mesures que lui dictent ses maîtres impérialistes. Braderie des secteurs stratégiques de l’économie nationale, étouffement de nos cultures nationales et, surtout, de nos langues nationales, imposition d’un pouvoir dictatorial à toute la société. Cela, notre peuple ne peut l’accepter. Voilà pourquoi, le 4 août denier, le 1er Secrétaire de notre Parti, le camarade Philippe NOUDJENOUME, a lancé un appel au peuple à se soulever pour chasser du pouvoir, la clique corrompue et apatride de YAYI BONI. Dans cet appel, il est dit :
« Ce qu’il faut aujourd’hui et tout de suite, c’est que les travailleurs et les peuples du Bénin, tous les vrais patriotes, tous les vrais démocrates, tous ceux qui ont combattu et combattent tous les jours pour l’émancipation de ce pays mettent en place un gouvernement qui soit l’expression de leurs aspirations et le fassent triompher envers et contre tous les ennemis de la Patrie.
Au regard de cette nécessité historique, au nom de mon Parti, j’ai pris la décision de convoquer dans les meilleurs délais une Assise Centrale, les Etats Généraux de la Patrie regroupant en priorité les Responsables d’Organisations populaires combattant pour la dignité et l’essor de notre Patrie pour la mise en place de ce Gouvernement de Salut National. Je veux un Gouvernement des Travailleurs et des Peuples, c’est-à-dire un Gouvernement qui exécute les revendications des travailleurs et des peuples et respecte les instructions qu’ils donnent. Je peux, dès maintenant sur la base de l’observation que moi-même, j’ai faite de ces revendications et instructions, que le prochain Gouvernement, dès son avènement, devra par voie d’ordonnances prendre les mesures urgentes et immédiates suivantes :
Garantie des libertés politiques complètes pour les travailleurs et les peuples :
- le jugement et le châtiment des criminels politiques et des auteurs de violation des libertés démocratiques ;
- l’imprescriptibilité des crimes politiques et économiques ;
- la liberté à tous les jeunes notamment ceux des collèges de s’organiser et de s’exprimer et la suppression du Règlement Intérieur Hountondji-Lamouré ;
Pour le pouvoir de décision aux mains des travailleurs :
- l’élection et la révocabilité des directeurs techniques des entreprises et des administrations publiques ;
- la publication régulière des audits des entreprises et administrations publiques ;
- le jugement des pilleurs de l’économie à qui il faut faire rendre gorge ;
Pour la sauvegarde de la souveraineté économique :
- l’arrêt immédiat des privatisations et le retour des entreprises stratégiques privatisées dans le giron de l’Etat avec la reprise des travailleurs mis en chômage dans ce sens ;
- la création d’une Banque d’Etat pour l’aide matérielle aux entrepreneurs nationaux et à la promotion industrielle au Bénin ;
- la proclamation de la terre propriété éminente de l’Etat ;
- le lancement du recueil et de la centralisation des ressources matérielles, du sol et du sous-sol ainsi que du savoir et du savoir-faire collectif des travailleurs et du peuple ;
Pour la réorientation de l’instruction publique et la souveraineté culturelle :
- la suppression des NPE et l’instruction de tous dans les langues maternelles ;
- la création d’une Académie des Lettres, Arts et Sciences ;
- la reconnaissance de toutes les langues parlées au Bénin comme langues officielles ;
- la reconnaissance des intellectuels traditionnels comme administrateurs et juges locaux ;
- la reconnaissance par l’Etat des cliniques des tradithérapeutes ;
- la reconnaissance par l’Etat de l’organisation des Chasseurs pour la sécurité publique ;
- la Convocation d’une Assemblée Constituante formée d’élus des travailleurs et des combattants pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution.
Le Gouvernement de Salut National devra, dès la prise en mains des charges du pays, rentrer en pourparlers avec les autres pays de l’UEMOA et de la CEDEAO pour la création d’une monnaie commune réclamée par tous les patriotes et producteurs nationaux africains.
Ce sont là des mesures immédiates, urgentes pour démarrer la fondation d’une autre république, une république démocratique indépendante et moderne. Des hommes du peuple, honnêtes et probes réfléchissent aux pas successifs à poser pour continuer notre ascension dans le rattrapage des pays les plus développés. »
Cet appel vient d’être relayé par la principale Centrale Syndicale du pays suivie de plusieurs autres.
Comme vous le voyez, camarades, notre pays est à un tournant de son histoire. Nous sommes sûrs que notre peuple bénéficiera de votre soutien car le triomphe de la révolution dans notre pays sera un soutien à la révolution dans vos pays respectifs.
Je vous remercie.
Le Délégué du PCB auprès des Partis frères
Gilbert KOUESSI.-
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