Aux
- Responsables d’Organisations patriotiques des Travailleurs, des Jeunesses, de Femmes, d’Artisans et de Paysans progressistes ;
- Rois et Dignitaires probes du Bénin ;
- Intellectuels Traditionnels et modernes patriotes ;
- Soldats et Officiers patriotes ;
- Travailleurs et Peuples du Bénin !
Mes chers compatriotes !
Notre pays, le Bénin, traverse une période particulièrement critique et se trouve à nouveau à un tournant décisif de son histoire politique. Dans de telles situations, le Parti Communiste du Bénin a l’habitude de s’adresser aux travailleurs et aux peuples pour leur indiquer la voie la meilleure à suivre pour aller hardiment vers leur auto-émancipation avec la moindre douleur. Voilà pourquoi aujourd’hui je viens m’adresser à vous.
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Le Bénin, notre patrie, est aujourd’hui en perdition et touche au fond de l’abîme dans un état de déconfiture avancée.
Déconfiture économique. Une économie en état chaotique et où les principaux leviers de commande de l’Etat (SONAPRA, Port, Bénin Télécoms SA, OCBN, SBEE? etc.) sont bradés ou sont en voie d’être bradés aux capitaux étrangers surtout français. Les cimenteries sont à Lafarge, les brasseries à Castel-BGI, le Port à Bolloré, les télécommunications menacées d’être livrées à France-Télécom-Orange sans compter les Banques et Assurances.
Déconfiture financière. Les caisses de l’Etat sont vidées par la gestion déprédatrice, patrimoniale et anti-orthodoxie financière des deniers publics du gouvernement YAYI Boni qui a fini de mettre à sac les finances publiques. Les scandales politico-financiers du gouvernement sont légion. Aujourd’hui, l’on voit à nouveau planer sur le pays le spectre de la crise financière et budgétaire de l’année 1989.
Déconfiture intellectuelle et scolaire. L’instruction publique inadaptée (parce que demeurée calquée sur le modèle français avec à la clé la domination de la langue française) est plombée par les Nouveaux Programmes d’Etudes qui assassinent l’esprit de nos enfants pour plusieurs générations. La recherche scientifique et technique est laissée au bon gré des commanditaires étrangers et naturellement orientée vers la satisfaction de leurs intérêts.
Déconfiture sociale. La misère et la famine tenaillent plus que jamais l’immense majorité des travailleurs et des masses populaires béninoises en général et la «prospérité partagée» de YAYI Boni ne se voit que dans les cercles ethno-religieux proches des dignitaires au pouvoir.
Déconfiture politique. Le Bénin vit depuis l’avènement du régime dit du Changement une crise institutionnelle presque permanente du fait de la volonté effrénée de YAYI Boni de se soumettre toutes les institutions constitutionnelles notamment le parlement. A défaut de réussir son forfait, YAYI Boni préfère ignorer la représentation nationale pour gouverner par voie d’ordonnance. Les autres institutions de la République telles la Cour Constitutionnelle, la Haute Cour de Justice, la HAAC, etc. sont mises sous la coupe du nouvel autocrate. Et le 26 juillet dernier, des députés viennent d’engager la procédure de poursuite du Président de la République devant la Haute Cour de Justice. C’est dire que quelle que puisse être l’issue de cette procédure, la déconfiture politique a atteint le sommet de l’Etat et YAYI Boni n’est plus légitimement qualifié tant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour exercer la fonction de Président de la République du Bénin.
Déconfiture morale. On assiste à des crimes de sang, des assassinats d’adultes et d’enfants impunis, des actes d’escroquerie, des scandales impliquant des dignitaires au pouvoir et ceux dits de l’opposition. La tricherie, la magouille, les hold-up les plus rocambolesques, la souillure et la corruption sont distillés, loués comme clé de la réussite et de l’ascension sociales et politiques.
Mes chers compatriotes, l’affaire dite ICC-Services et consorts (après ceux connus de la CEN-SAD, des recettes d’escorte des véhicules d’occasion, de l’avion présidentiel, des machines agricoles, etc.) révèle à quelle déchéance morale peut conduire une équipe gouvernementale apatride, émanation du capital financier international et exclusivement à son service. Un gouvernement qui a consciemment livré sa population qu’il est censé protéger, à l’escroquerie la plus vaste de l’hstoire du pays ! Il y a de quoi s’écrier «Qu’arrive-t-il au Bénin ?». Et comme le disent certains : «Partout, des pans entiers de notre maison commune s’écroulent», nous sommes dans la boue jusqu’au cou, couverts de honte et obligés de baisser les yeux face à l’étranger. La Conférence Nationale de 1990, censée avoir «vaincu la fatalité» et fondation du régime dit du Renouveau démocratique, s’est révélée hélas un marché de dupes confirmant ce que le Parti Communiste du Bénin en avait dit en 1990 et l’on parle de nouveau de «refondation», c’est-à-dire de la nécessité de se trouver une autre fondation constitutionnelle au pays.
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Comment en est-on arrivé là ? C’est le lieu de s’interroger sur le système qui a produit un régime comme celui qui nous gouverne en ce moment. En fait, le système colonial français en 1960 a opéré un changement de stratégie en concédant une indépendance factice aux anciennes colonies dont le Dahomey devenu Bénin. L’essentiel des pouvoirs de décisions du pays est demeuré, avec la complicité de nationaux vénaux et apatrides, aux mains de l’ancienne puissance coloniale, la France. Les gouverneurs ont cédé la place aux Présidents qui ne sont que des sous-préfets noirs de la France et qui ont pour mission de poursuivre la même politique que sous la colonisation. Les deux principaux leviers de cette domination coloniale sur notre pays sont la domination culturelle et linguistique avec la langue française comme unique langue d’instruction et d’administration au Bénin et la monnaie CFA, sous-multiple du franc français, puis de l’euro. Ainsi, le franc CFA est géré finalement à Francfort en fonction des critères n’ayant aucun rapport avec les préoccupations des économies africaines.
Alors qu’il est établi qu’un peuple ne se développe réellement que dans sa langue maternelle, les expériences mondiales le prouvent (Chine, Corée, Japon, etc.) et que l’UNESCO le recommande, la langue française continue d’être hégémonique dans l’instruction et l’administration dans notre pays ; ce qui, à n’en pas douter, est un obstacle à tout développement. De la sorte, au plan économique, l’économie du Bénin est une relique attardée de l’économie coloniale de traite : une économie tournée vers la satisfaction des besoins étrangers aux peuples béninois, vers la satisfaction des demandes et débouchés des monopoles industriels et financiers étrangers notamment français ; une économie essentiellement d’import-export avec pour mécanisme essentiel l’exportation de nos produits bruts et l’importation des produits manufacturés. Dans la division du travail, le Bénin se voit décerné la fonction de pays de transit et de consommation des produits étrangers.
Tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête de notre pays depuis cinquante ans ...
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