Ce qui se passe au Bénin est proprement atterrant. En tout cas depuis 2006, cela porte le nom d'un homme :Yayi Boni. En vérité il ne s'agit que d'un prête-nom, indicateur d'une réalité plus profonde, portée au désordre ; vice culturel et mental qui entretient la misère et l'exploitation des masses. Ce mal est l’œuvre d’une venimeuse engeance mue par la mentalité d'usurpation du bien public, et déterminée à s'enrichir sur le dos du peuple. Pour cette mentalité et ceux qu'elle porte nombreux au devant de la scène du pouvoir, la politique est une source d'enrichissement personnel. Un enrichissement sans vergogne, qui tient de la revanche sur un passé de frustration. Cette engeance intègre la donnée historiquement récurrente que le peuple et son bien-être ne sont que quantité négligeable, prétexte rhétorique à la démagogie, réalité marginale avec laquelle il suffit de jongler. S'enrichir de façon insolente, saisir sa chance d'une vie de rêve, réussir une bonne fois pour toute, se vautrer dans son bon plaisir, faire bombance, amasser des biens à l’étranger, posséder des femmes et entretenir des maîtresses aux quatre coins du pays pour assouvir ses fantasmes de stupre ; disposer d'une cour et des admirateurs en nombre, tout ceci grâce à l'argent public et dans une insolente impunité.
Cette mentalité est proprement affligeante ! Et 2006 n'était qu'un repère dans l'espoir de s'en libérer. Mais c'était trop beau pour être vrai. Le changement a été la dernière trouvaille d'une coterie de voleurs qui sur le fond, n’entendent rien changer à leur mœurs : piller les ressources publiques en toute impunité. Assurément il s’agit d’un cercle vicieux, et ce cercle aussi a une histoire. Peut-on imaginer une race, une nation, une société dont la seule source de richesse soit l'occupation de postes politiques ? On se croirait aux origines primitives des sociétés humaines. Alors que dans les sociétés développées ou en voie de l’être, le développement est le fait d'une classe d'acteurs économiques, de promoteurs, de capitalistes, de créateurs de richesses, dans nos pauvres pays africains, la politique est le seul marché et le seul bien dont raffolent nos “entrepreneurs.” Pour s'enrichir et vendre les matières premières du pays à l'étranger, sans autre forme de production, de travail, ou de créativité intermédiaire. Hier c’étaient les hommes réifiés, aujourd'hui les matières premières, dans le même mépris des hommes. Alors que dans les sociétés développées ou en voie de l'être, la richesse est obtenue à la sueur du front de toute la collectivité, à commencer par celui de l'élite, de la classe des entrepreneurs, créateurs et capitalistes, chez nous la source principale d’enrichissement ce sont les postes politiques : Président, Ministre, etc.
En fin de compte, le changement nécessite de répondre à deux questions fondamentales, à savoir premièrement : comment éviter l’invasion du champ politique par la tourbe infecte des voleurs ; et deuxièmement comment éradiquer la mentalité qui fonde la richesse personnelle sur la ruine collective. Ces deux questions sont étroitement liées. La deuxième touche à l’éducation et aux valeurs ; elle est d’ordre éthico-pédagogique ; la première touche à l’économie et à la valeur humaniste du travail en tant que source de bien-être et de développement ; elle est d’ordre éthico-économique. C’est faute d’avoir posé ces questions, sans parler même d’y répondre, que ce qu’on a appelé changement depuis 2006, sous la houlette loufoque de Monsieur Yayi Boni est apparue au mieux comme une sinistre plaisanterie…
Aminou Balogoun
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